L’intelligence artificielle générative n’aura pas les mêmes répercussions sur tous les marchés du travail locaux dans les pays de l’OCDE, creusant des écarts de revenu et de productivité entre les zones urbaines et rurales. C’est ce que prévoit l’organisation de coopération et de développement économiques dans un rapport intitulé « création d'emplois et développement économique local : la géographie de l'IA générative ». Elle souligne que contrairement aux technologies d'automatisation précédentes, la GenAI excelle dans les tâches cognitives et non routinières, ce qui modifie les risques pour les marchés du travail régionaux. De ce fait, des régions considérées auparavant comme relativement peu menacées par l’IA figurent aujourd’hui parmi les plus exposées, peut-on lire dans le rapport.
En effet, si l’automatisation induite par la technologie a toujours affecté les zones rurales et manufacturières, ce sont à présent les pôles métropolitains, les travailleurs très qualifiés et les femmes qui sont menacés au premier chef. L’IA générative affectera plus volontiers les citadins : 32 % d'entre eux y sont déjà exposés contre 21 % à peine des employés ruraux. Autre élément clé de ce rapport : les tendances en matière d'automatisation montrent une création nette d'emplois dans l'ensemble. La part des emplois exposés à un risque élevé d'automatisation, y compris par des formes d'IA antérieures à l'IA générative, varie de 1 % à 29 % environ dans les régions de l'OCDE. En France, le taux d'exposition est estimé à 22,4%
Part des emplois concernés par la GenAI dans les pays de l'OCDE en 2024. (Source: OCDE)
Des emplois automatisés sous l'effet de la productivité
En moyenne, les risques régionaux d'automatisation plus élevés n'ont pas entraîné de réduction globale de l'emploi au cours de la dernière décennie. Au contraire, une augmentation de 10 % de la part des emplois exposés à un risque élevé d'automatisation est liée à une hausse de 5,6 % de la productivité du travail sur cinq ans. Pour autant, l’organisation note que dans certaines zones géographiques, l'automatisation semble avoir contribué directement à une perte d'emploi globale. Selon elle, même si les créations ont dépassé les pertes d'emplois dans la plupart des régions, les professions nouvellement créées n'ont peut-être pas bénéficié à ceux qui ont perdu leur poste en raison de l'automatisation.
Cette étude s’est également penchée sur la façon dont la GenAI pourrait permettre aux régions de l'OCDE de relever des défis tels que les pénuries de main-d'œuvre, et contribuer à stimuler la croissance de la productivité du travail. Parmi les pistes étudiées, l’accès aux outils d'IA et à la formation peut aider des régions à exploiter les talents inexploités des collaborateurs peu qualifiés ou handicapés, pour lesquels de nombreux emplois étaient auparavant hors de portée. L’OCDE estime aussi que les agents virtuels peuvent être exploites pour remplacer directement certains emplois lorsque cela est possible, contribuant ainsi à atténuer le déficit de compétences et les effets d'une population vieillissante.
Une solution aux pénuries mais plus d'inégalités
Mathias Cormann, secrétaire général de l’OCDE, a souligné dans un communiqué: « l’adoption rapide de l’IA générative redessine les marchés du travail locaux en apportant des solutions aux pénuries de main-d’œuvre et en stimulant la productivité. Mais elle risque en parallèle d'élargir le fossé numérique entre zones urbaines et zones rurales. Pour exploiter le potentiel de cette technologie dans l’intérêt de tous, les responsables publics doivent donner la priorité à l’infrastructure, miser sur la culture numérique et venir en aide aux PME afin que les bienfaits de l’IA générative profitent à chacun et que les pénuries de compétences au niveau local s’atténuent. »
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