Afin de donner un sens plus global aux ressources ERP des entreprises et rendre compte plus précisément et plus rapidement de leur impact sur l'ensemble de la planète, SAP veut améliorer les outils qui servent à estimer les émissions de gaz à effet de serre liées à leurs activités et favoriser l'échange de ces données avec des partenaires. En rassemblant le tout dans un « green ledger » qui enregistre le coût climatique de l'activité, parallèlement au coût financier. L’idée de la firme allemande est de fournir aux entreprises les outils comptables dont elles ont besoin pour décarboniser leur supply chain. Une initiative qui intéresse de plus en plus les sociétés qui cherchent à améliorer leurs stratégies ESG (environnementales, sociales et de gouvernance).
Déjà, pour faciliter ce calcul de l’impact sur le climat, SAP a étendu les capacités de l'offre Sustainability Footprint Management Tool dans S/4HANA Cloud. Le fournisseur a également ajouté des services pour que les entreprises puissent échanger des données détaillées sur les émissions de gaz à effet de serre avec leurs partenaires dans un format commun. « De plus en plus, actionnaires, organismes de réglementation, consommateurs, attendent des dirigeants, des directeurs techniques et des DSI, mais aussi des fournisseurs, qu’ils livrent des données plus précises et plus transparentes sur les émissions de carbone de leur entreprise et, plus largement, de leur chaîne d'approvisionnement », a déclaré Michael McComb, responsable mondial de la communication sur le développement durable chez SAP.
Dans une certaine mesure, les entreprises peuvent déjà calculer l'intensité carbone de leurs produits en s’appuyant sur des estimations des émissions moyennes de carbone de divers matériaux et processus, mais ces calculs ne prennent pas en compte les variations quotidiennes dues à la qualité et à l'origine des intrants, au transport, aux conditions météorologiques ou aux efforts qu'elles ou leurs fournisseurs ont déployé pour améliorer les processus. « Ces estimations et ces moyennes ne sont tout simplement plus suffisantes », a déclaré M. McComb. « Avec ces capacités, les entreprises pourront se baser sur des données réelles pour effectuer leurs calculs », a-t-il ajouté.
Un pacte climatique pour les fournisseurs
Pour que les calculs d'émissions de carbone soient plus précis et plus rapides, il faut que les entreprises et leurs fournisseurs s'entendent sur des méthodes communes de traitement des données et sur des formats communs de partage de ces données. « SAP prend en compte ces deux aspects en collaborant avec des organisations comme le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD) », a déclaré M. McComb. Le WBCSD est l'organisation à l'origine du partenariat pour la transparence des émissions de carbone (Partnership for Carbon Transparency, PACT), qui définit des lignes directrices pour la comptabilisation des émissions de carbone au niveau des produits et de l'échange de données. Dévoilée lors de la conférence SAP Sapphire du 16 mai, la mise à jour de Sustainability Footprint Management Tool améliore les calculs d'émissions de carbone.
Lors de cette même conférence, l’éditeur a aussi dévoilé la version bêta d'un composant pour Business Network, appelé Sustainability Data Exchange, qui simplifie le transfert de données sur les émissions de carbone entre partenaires dans un format commun, même si un seul d'entre eux est client de SAP. Le fournisseur prévoit de généraliser la mise à disposition du composant Sustainability Data Exchange au cours du troisième trimestre. Selon M. McComb, SAP mettra régulièrement à jour le moteur de calcul des émissions, de la même manière qu'elle propose des mises à jour pour les calculs fiscaux. « Nous intégrons dans la solution les dernières connaissances scientifiques et les derniers frameworks de reporting et de calcul », a-t-il déclaré.
Un registre vert
Ensemble, ces deux ajouts à S/4HANA permettront aux clients de SAP de créer un « registre vert », un système de comptabilité aux normes de la finance pour les ressources non financières, pour qu’ils puissent respecter leurs obligations en matière de reporting ESG. En Europe, ces obligations seront bientôt beaucoup plus strictes. La directive de l'Union européenne sur le reporting des entreprises en matière de développement durable (Corporate Sustainability Reporting Directive, CSRD), entrée en vigueur en janvier 2023, exigera d'un plus grand nombre de sociétés qu'elles communiquent des informations sur le développement durable, y compris sur les émissions du scope 3,
Les très grandes entreprises devront le faire pour les exercices commençant à partir du 1er janvier 2024, les plus petites entreprises entrant progressivement dans le champ d'application de la législation au cours des deux années suivantes. « Dans un premier temps, SAP permettra à ses clients de comptabiliser les émissions de gaz à effet de serre en amont et en aval de la chaîne d'approvisionnement, mais le fournisseur étendra les capacités de reporting à d'autres ressources ou à d'autres matériaux liés au développement durable », a déclaré Michael McComb. L’éditeur éjà fait un pas dans cette direction en ajoutant des informations sur le développement durable et les droits de l'homme aux critères de recherche que les entreprises peuvent effectuer dans son répertoire de fournisseurs SAP Business Network.
Avantage concurrentiel
« Jusque-là, une grande partie de la comptabilité carbone et de la gestion du développement durable était effectuée manuellement, ce qui entraînait des coûts, des inexactitudes et des retards », a encore déclaré M. McComb. « Les entreprises considèrent aujourd'hui qu'un meilleur reporting constitue un avantage concurrentiel et recherchent davantage de précision et d'automatisation dans la manière de procéder afin d'éviter les doubles comptages ou d'autres inexactitudes », a-t-il ajouté.
À la fin de l'année dernière, sept entreprises membres du PACT ont fait la démonstration de l'échange de données sur les émissions de carbone au niveau des produits dans le cadre d'un test utilisant des logiciels développés par SAP, CircularTree ou leurs propres équipes de développement en interne. Le test d'interopérabilité a montré qu'il était possible d'utiliser un format de données commun même quand plusieurs fournisseurs de logiciels étaient impliqués.
Commentaire