Les systèmes informatiques et les capteurs embarqués sur les véhicules sont de plus sophistiqués. Samsung, après d’autres fondeurs, s’intéresse aujourd’hui à ce marché sur lequel elle espère récupérer de la croissance. Après l’IoT et la domotique, le sud-coréen va donc fabriquer des pièces d'électronique pour l'industrie automobile, pour l’infotainment et les véhicules autonomes notamment.
L’arrivée du géant de l'électronique dans l'industrie automobile est assez tardive et intervient après celle d’autres fournisseurs. Au mois d’octobre, General Motors a annoncé un partenariat stratégique avec l’autre sud-coréen LG Electronics qui lui fournira la plupart des composants clefs de son futur véhicule électrique (EV), la Chevrolet Bolt. Depuis plusieurs années déjà, LG produit des modules informatiques pour le système de télécommunications OnStar de General Motors. Apple et Google ont également développé des API qui ont été progressivement intégrées par les constructeurs automobiles pour connecter les smartphones en natif et afficher des informations ou proposer des divertissements sur leurs écrans. Cette année, plusieurs véhicules ont été équipés du Carplay d’Apple ou d’Android Auto de Google.
Un marché désormais stratégique
Il y a peu, les fabricants de puces informatiques ignoraient encore le marché de l'électronique automobile, le jugeant trop étroit. Mais ils se lancent désormais avec détermination dans le secteur. NXP, un fabricant de semi-conducteurs néerlandais vient de boucler le rachat pour 11,8 milliards de dollars de l’entreprise Freescale basée à Austin (Texas), spécialisée dans les microprocesseurs pour l’automobile. Ensemble, les deux entreprises détrônent désormais le japonais Renesas, qui détenait jusque-là la place de numéro un mondial. De son côté, le fabricant de semi-conducteurs allemand Infineon Technology aurait entamé des pourparlers pour acheter une participation dans Renesas. Hyundai Motor a également annoncé cette semaine qu’il envisageait de développer ses propres capteurs et puces informatiques pour ses voitures connectées. Le constructeur automobile sud-coréen prévoit de dépenser 1,7 milliard de dollars pour développer des véhicules connectés et il compte livrer sa première voiture autonome en 2030.
Samsung propose déjà plusieurs types de composants pour l'automobile.
Par ailleurs, l’introduction de nouvelles règlementations va obliger les constructeurs à équiper leurs véhicules de caméras de recul aux États-Unis et du eCalling en Europe, un système d’appel automatique des services d'urgence en cas d'accident, stimulant d’autant le secteur de l'électronique automobile. Selon un article publié par Thomson Reuters, Samsung et ses partenaires technologiques consacrent beaucoup de ressources dans la recherche et le développement de technologies pour le secteur automobile : depuis 2010, deux tiers des 1804 demandes de brevets déposées aux États-Unis concernent les véhicules électriques et les composants électriques pour voitures. Selon ABI Resarch, en faisant la somme des logiciels, des services et des composants, le marché de l'automobile atteint environ 500 milliards de dollars en valeur.
Restructuration en cours chez Samsung
Thilo Koslowski, vice-président des services automobiles et de la mobilité intelligente chez Gartner, a déclaré qu’à lui seul, le marché des semi-conducteurs pour l'automobile atteindrait 32,7 milliards de dollars en 2016, soit en hausse de 5 % par rapport à 2015. Il faut aussi des logiciels pour gérer un nombre croissant de circuits intégrés, de capteurs et de caméras embarqués dans les véhicules intelligents. « Selon la sophistication du modèle, on trouve aujourd’hui pas moins de 80 à 100 processeurs dans un véhicule », a déclaré le VP de Gartner. « Les capacités logicielles et matérielles de ces plateformes vont devenir de plus en plus sophistiquées ». Toujours selon Thilo Koslowski, le marché de l'automobile entre dans l’ère du véhicule défini par logiciel. À l'avenir, les véhicules connectés embarqueront non seulement des composants électroniques sophistiqués, mais les voitures et les camions vont également commencer à communiquer entre eux et avec d’autres infrastructures. « Je pense que Samsung va se développer dans tous les domaines de la mobilité intelligente », a déclaré Thilo Koslowski.
Les écrans LCD Samsung équipent déjà des voitures.
Samsung Electronics a confirmé son orientation vers l’industrie automobile lors de son remaniement structurel annuel afin de « répondre de façon préventive aux incertitudes financières ». Dans un premier temps, l'équipe affectée par Samsung aux composants automobiles va se concentrer sur l'infotainment et les véhicules autonomes. Elle sera dirigée par le vice-président exécutif Jonghwan Park et supervisée par le vice-président du conseil d’administration et CEO Oh-Hyun Kwon. Les ventes de smartphones Samsung ont marqué un certain ralentissement, et le constructeur a déclaré que cette activité centrée sur les composants automobiles allait permettre de « profiter de nouvelles opportunités d'affaires et apporter de la croissance à l’entreprise ». Selon Thilo Koslowski, « c’est la preuve que les entreprises électroniques s’intéressent à l'industrie automobile et pensent que ce secteur est un bon vecteur de croissance potentiel ».
Les constructeurs automobile n'ont toujours pas pris la mesure de ce marchés en proposant des modèles figés. Il y a toujours un manque de modularité et de capacité à mettre à jour les composants et fonctionnalités électroniques d'une voiture.
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