C’était attendu, Salesforce a profité de sa conférence développeurs Trailblazer DX de San Francisco les 6 et 7 mars, pour annoncer lui aussi son IA générative. Einstein GPT est, comme son nom l’indique, une combinaison de la technologie propriétaire Einstein de l’éditeur et de modèles de type ChatGPT. Le Californien va conclure des partenariats avec différents fournisseurs, à commencer par le plus connu, OpenAI à l’origine de ChatGPT, Dall-E ou Whisper.
Salesforce a intégré Einstein GPT au sein de ses applications métier pour les ventes, le service, le marketing, le commercial et l’IT. La solution est d’ores et déjà interfacée avec celles de Mulesoft, Tableau et Slack. Une équipe commerciale l’utilisera par exemple pour identifier de nouveaux prospects et les personnes pertinentes à contacter, qu’elles soient ou non déjà présentes dans le CRM de l’entreprise. L’IA proposera ensuite aux commerciaux d’engager la conversation par mail avec leur cible en s’inspirant entre autres d’échanges antérieurs. Les employés peuvent directement éditer ces textes pré-écrits, mais aussi demander à l’IA de reprendre la rédaction de ses messages sur un ton plus léger, par exemple. Contrairement à une IA grand public comme chatGPT, les interactions entre les « humains » et l’IA générative de Salesforce sont intégrées directement dans l’interface utilisateur des applications métier
Un humain dans la boucle
Le traumatisme des biais cognitifs dans l’IA n’épargne pas Salesforce. Clara Shih, enterprise vice-présidente et general manager de Service Cloud, n’a d’ailleurs pas manqué de reprendre la citation désormais éculée de Spiderman : « With great power come great responsibilities » (un grand pouvoir implique de grandes responsabilités). Les équipes d’Einstein GPT travaillent ainsi en étroite collaboration avec la direction de l’éthique de l’éditeur, sans donner plus de détails. Par ailleurs, Jayesh Govindarajan, senior vice-président IA et machine learning, a insisté à plusieurs reprises sur l’importance de garder systématiquement un « humain dans la boucle ». On parle là tout autant de l’éthique que de la capacité à vérifier la propriété des données utilisées ou la pertinence des résultats des requêtes envoyées à Einstein GPT.
Jayesh Govindarajan, senior vice-président IA et machine learning chez Salesforce a dévoilé EinsteinGPT. (Crédit Photo : Salesforce)
Comme OpenAI, Einstein GPT s’entraîne avec des données publiques. Mais pas seulement. Il peut aussi puiser dans des bases auxquelles les entreprises sont abonnées. Comme l’a précisé lors de la conférence de presse, Jayesh Govindarajan, Einstein GPT utilisera pour ce faire des « Large language models (LLM) comme GPT-3, appliqués sur des bases semi-publiques payantes, comme la météo par exemple ». Mais surtout, dans le prolongement d’Einstein disponible depuis 2016, c’est une IA générative optimisée pour le CRM que Salesforce a développée.
Entraîner le modèle avec les données de l’entreprise
Une entreprise pourra donc choisir d’entraîner l’IA avec ses propres données du Salesforce Data Cloud. Un moyen d’obtenir un contenu personnalisé, adapté au contexte spécifique de l’entreprise. « Les clients peuvent ainsi connecter directement cette data aux modèles d’IA avancés d’OpenAI ou opter pour un autre modèle externe et utiliser une invite en langage naturel directement depuis Salesforce CRM pour générer du contenu adaptable en temps réel aux comportements de plus en plus changeants des consommateurs » explique Salesforce dans son communiqué.
Le Monde Informatique et Enjeux Marketing avaient évoqué lors d’un entretien vidéo avec Thomas Husson, vice-président et analyste principal du cabinet Forrester Research, l’un des potentiels importants des IA génératives en marketing, entre autres : la capacité d’une organisation à entraîner le modèle avec ses propres données. Et ainsi, de disposer de résultats uniques pour mener à bien une campagne marketing adaptée à une nouvelle cible par exemple.
Compléter automatiquement le code des développeurs
Outre ses applications métier, Salesforce met aussi son IA générative à disposition des développeurs. Selon l’éditeur, son IA puisera sa connaissance de la programmation « maison » d’une entreprise en entraînant son modèle sur les lignes de code déjà écrites dans l’entreprise. « Le principe est le même que celui des suggestions d’auto-complétion de Google », a noté Jayesh Govindarajan. Einstein GPT proposera au développeur une portion de code pour poursuivre son programme.
L'auto-complétion de code version Salesforce avec l'IA générative.
Le Californien a par ailleurs profité de son annonce pour confirmer l’intégration de ChatGPT dans Slack (voir ci-dessous). « Cette app comprend la création de résumés de conversations par IA, des outils de recherche sur n’importe et une assistance à l’écriture de messages. » Enfin, Salesforce crée un nouveau fonds Salesforce Ventures doté de 250 M$ pour soutenir des « start-up d’IA générative et créer un écosystème responsable dans le domaine ».
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