Quatre mois seulement après l'acquisition de Slack par Salesforce.com, une autre de ses filiales, la plateforme de dataviz Tableau Software, se transforme pour faire de Slack son interface utilisateur. Ces dernières années, Tableau a mis au point une solution de chat appelée Ask Data, où les utilisateurs peuvent explorer de grands ensembles de données en utilisant le langage naturel. Désormais, Tableau permet aux utilisateurs de poser des questions sur leurs données - et de partager les réponses - via Slack. Lors de l’évènement Tableau Conference '21 organisé en ligne cette semaine (10 au 12 novembre pour l’Europe), le fournisseur a présenté ces fonctionnalités et d'autres qui, espère-t-il, permettront de démocratiser davantage le travail sur les données.
Démocratiser certes, mais gouverner toujours
L’an dernier à la même époque, l'intégration de Slack ne figurait même pas sur la feuille de route de Tableau, et pour une bonne raison : le projet de rachat de Slack par Salesforce n’a fuité que fin novembre 2020. Mais depuis le bouclage de l’acquisition en juillet 2021, Salesforce a intégré Slack dans toutes ses applications.
Au tour donc de Tableau de fournir à Slack trois fonctionnalités :
- Ask Data in Slack : les utilisateurs peuvent faire des demandes de données ou de visualisations et obtenir des réponses partageables avec d'autres personnes de Slack directement dans la fenêtre de discussion ;
- Explain Data in Slack : cet outil délivre des explications en langage naturel dans Slack pour pointer les valeurs aberrantes dans les visualisations de données qui ne collent pas avec la tendance ;
- Einstein Discovery in Slack : cette fonctionnalité s'appuie sur la plateforme d'intelligence artificielle de Salesforce pour offrir des prédictions et des recommandations sur les prochaines étapes à partir de données métiers.
Salesforce pousse sa plateforme IA Einstein dans Slack. (Crédit Photo: Salesforce)
Ailleurs dans l'entreprise, Tableau déploie d'autres outils pour démocratiser davantage les données, en automatisant notamment certaines tâches les plus délicates concernant la préparation et la gouvernance des données. « Nous devons transformer un travail qui n’impliquait jusqu’alors que quelques personnes en une compétence pour tous », a déclaré Mark Nelson, le récent président et CEO de Tableau, aux journalistes avant la conférence. M. Nelson occupe ce poste depuis mars 2021, après trois années en tant que vice-président exécutif du développement des produits de Tableau. (Son prédécesseur, Adam Selipsky, est désormais CEO d'Amazon Web Services).
Concernant la gouvernance, « Tableau se dote d’une sécurité centralisée au niveau des lignes (row-level) pour que les administrateurs puissent contrôler qui peut accéder à quelles données, et d’une fonctionnalité de connexions virtuelles permettant une gouvernance centralisée des connexions de données Tableau d'une entreprise », comme l’a expliqué le chef de produit de Tableau Software, Francois Ajenstat. « Les connexions virtuelles et la sécurité centralisée au niveau des lignes seront les fondements de la sécurité, de la gouvernance et de la confiance de notre plateforme, mais nous ajoutons également une meilleure intégration avec certains des fournisseurs de catalogues d'entreprise sur le marché, comme la plateforme belge de gouvernance de données Collibra (qui vient de lever 215 M€), la solution de data intelligence Alation et l’éditeur Informatica spécialisé dans la gestion des données, où toutes les métadonnées d'entreprise peuvent être facilement transférées dans Tableau, et où tout enrichissement peut être renvoyé dans ces catalogues », a-t-il déclaré.
S’appuyer sur la communauté Tableau
Malgré les efforts de Tableau pour simplifier et accélérer la préparation des données avec des outils visuels et une prise en charge de l'IA, cette tâche reste toujours un obstacle pour de nombreuses entreprises. « Les clients nous disent qu’ils consacrent 80% de leur temps à la préparation des données plutôt qu'à leur analyse », a déclaré François Ajenstat. « Nous voulons inverser ce ratio ». Une des solutions pour y parvenir est de permettre aux utilisateurs d'adopter des outils de préparation de données développés par la communauté via Prep Extensions et de partager leurs flux de préparation avec l'ensemble de la communauté dans Tableau Public. « Cela permettra à la communauté Tableau de ne pas se limiter aux visualisations, mais aussi d’accéder aux flux et à la préparation des données, afin de partager les meilleures pratiques et de tirer parti de la puissance de cette communauté pour apprendre et collaborer les uns avec les autres », a encore déclaré M. Ajenstat.
« L’objectif de Tableau n’est pas uniquement d’accorder à tous les membres d'une entreprise d'analyser et de visualiser les données : l'entreprise souhaite également intégrer l'analyse data dans chaque application en facilitant la connexion des développeurs à Tableau et en mettant ces connexions à la disposition des clients par le biais de Tableau Exchange », a déclaré Kate Wright, vice-présidente senior du développement produit de Tableau. « Exchange est une évolution de notre hub existant de produits intégrés, de solutions et d'offres de services », a-t-elle déclaré. « Les clients disposeront d'un guichet unique pour trouver les offres qui peuvent les aider à faire décoller leurs analyses, comme nos accélérateurs, nos connecteurs et nos nouveaux sets de données ».
Une fenêtre pour d'autres outils de collaboration
« D'autres outils, qui feront bientôt l'objet d'un bêta test public, accorderont aux développeurs le soin de laisser leurs utilisateurs créer des tableaux de bord Tableau directement dans leurs applications », a ajouté Mme Wright. L’éditeur n'est pas le seul à chercher à faciliter l'intégration de données en direct dans les documents et les outils de collaboration. La semaine dernière, lors de la conférence Ignite 2021, Microsoft a dévoilé l’application Microsoft Loop, dont les composants seront liés à Dynamics 365, concurrent de Salesforce, et à Teams, la réponse de Microsoft à Slack. Mais il y a aussi une possibilité de collaboration entre les deux.
Interrogée sur l'intégration éventuelle des capacités de Tableau à Teams, Kate Wright a répondu avec prudence : « La flexibilité est l'un des principaux facteurs de différenciation de Tableau, et nous voulons répondre aux besoins de nos clients là où ils se trouvent. Nous ne voulons pas nécessairement les forcer à utiliser une suite ou des outils particuliers, et nous réfléchissons donc à la manière dont Tableau pourrait potentiellement s'intégrer à d'autres applications de collaboration ».
Former les collaborateurs aux données
Concernant les projets de l'entreprise, M. Nelson, le CEO de Tableau, a déclaré que celle-ci ne voulait pas seulement faciliter l'accès des employés aux données de l'entreprise et leur analyse, mais aussi s'attaquer à la pénurie de compétences en matière de données par un autre biais : la formation.
L'entreprise s'est engagée à contribuer à la formation de 10 millions de personnes aux données au cours des cinq prochaines années. Aujourd’hui, « Les programmes de Tableau permettent de former un demi-million de personnes au cours des cinq prochaines années », a déclaré le CEO. Il indique donc « nous devons renforcer nos programmes actuels, nos partenariats et notre formation en ligne. Nous allons ajouter d’autres programmes de formation et étendre ceux existants pour aider les personnes de tous horizons et de tous pays à acquérir des compétences essentielles en matière de données ». Pour les entreprises qui ne peuvent pas attendre que ce programme se concrétise, Tableau offrira un raccourci pour combler leur pénurie de compétences en matière de données : les utilisateurs de Tableau Public, la plateforme gratuite de visualisation de données, pourront ajouter un bouton « Embauchez-moi » à leur profil afin que des employeurs potentiels puissent les contacter.
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