Cela pourrait bien déboucher sur l'un des plus gros rachats de l'histoire de l'informatique. Salesforce.com, poids lourd des solutions de gestion de la relation client (CRM) en mode cloud, aurait été approché, selon Bloomberg, par un acquéreur potentiel. Afin d'évaluer la situation et une riposte éventuelle, la société s'est entourée de plusieurs conseilleurs financiers pour l'aider à déterminer les options qui s'offrent à lui. Cette annonce a été accueillie favorablement par le marché, l'action de Salesforce ayant bondi jusqu'à 11,6% en bourse, faisant passer sa valorisation boursière à près de 49 milliards de dollars.
Dans une note publiée mercredi, un analyste de FBR & Co a indiqué qu'Oracle constitue l'acquéreur le plus réaliste pour mettre la main sur Salesforce. « Oracle est désespéré pour se positionner comme un leader dans le cloud et amener à son board un visionnaire comme Marc Benioff pourrait l'aider à accomplir son objectif ». Un rapprochement qui ne serait effectivement pas contre-nature, d'autant qu'Oracle dispose d'un trésor de guerre suffisant pour lui permettre de mettre la main sur un aussi gros poisson que Salesforce. D'autant qu'après s'être verbalement affrontés pendant des années, les fondateurs des deux sociétés, Larry Ellison et Marc Benioff, ont annoncé il y a deux ans un accord de partenariat sur plusieurs années.
Rien n'est impossible dans le monde de l'informatique, mais il est peu probable qu'Oracle rachète Salesforce.
Signaler un abusTout d'abord, vu que les deux patrons, Benioff et Ellison, se haïssent cordialement ce serait une opération hostile ce qui est rare dans ce secteur (nous nous souvenons tous des 18 mois de guerre impitoyable qu'avait constituté il y a juste 10 ans le rachat par Oracle de Peoplesoft).
Ensuite, ce serait un désastre pour les clients qui ont souvent choisi Salesforce contre Oracle et vont se retrouver contraints et forcés dans le giron d'un éditeur dont ils ne voulaient pas. Pire, un éditeur connu comme étant le fossoyeur des logiciels de gestion (PeopleSoft, Siebel, Hyperion etc. ne sont plus que le pâle reflet de leur gloire passée depuis leur rachat par Oracle.)
Enfin, Oracle pourrait bien trouver ce rachat particulièrement indigeste vu la taille du colossse. En plus, ça rajoutera une complication (et complexité) supplémentaire à sa stratégie produit basée sur Fusion qui, il faut bien l'avouer, jusqu'à préssent n'a pas fait montre de grand succès.
Pour ceux que cela intéresse j'ai décrit dans mon livre "High-Tech Planet" les secrets qui se cachent derrière ce genre de rachat.Les premiers chapitres sont en lecture libre sur Amazon.
Ahmed Limam
Consultant indépendant en Systèmes d'information
(Directeur chez Oracle, 2001-6)
Paris