A l'occasion de l'AWS Summit, qui se tenait la semaine dernière à Paris, le groupe Safran (27,3 Md€ en 2024) a officialisé le renouvellement de son contrat avec l'hyperscaler américain. Objectifs affichés, selon le communiqué de presse commun des deux entreprises : « accélérer le déploiement des technologies cloud avancées et de l'intelligence artificielle générative à grande échelle ».

AWS est le « fournisseur préférentiel de cloud de Safran » depuis 2021, selon Frédéric Verger, directeur du digital et des systèmes d'information du groupe opérant dans l'aéronautique, l'espace et la défense, qui a rejoint l'entreprise cette même année. Safran exploite le cloud d'AWS dans le cadre de sa stratégie de transformation digitale, présentée comme un des axes stratégiques du groupe. Une démarche lancée elle aussi il y a quatre ans et portée par la direction générale du groupe employant 100 000 personnes. Selon une vidéo datant de juillet 2024, cette transformation digitale, qui vise tous les départements et tous les métiers, se concrétise par 800 projets en développement sur un horizon de 5 ans.

Migration d'applications et de données

Présent sur la scène de l'AWS Summit, Frédéric Verger a indiqué que 80% de la donnée manipulée en interne est éligible à des traitements sur le cloud, le solde étant considéré comme trop confidentiel pour sortir des limites de l'entreprise. Pour opérer sur le cloud AWS, Safran a construit sa Landing Zone associée à sa propre plateforme assurant l'exploitation de ces environnements. Frédéric Verger souligne la fiabilité opérationnelle du modèle : « Encore récemment, un de mes directeurs d'IA factory mentionnait qu'il n'avait subi aucune interruption de services sur Amazon SageMaker au cours des trois dernières années ».

La nouvelle phase de l'accord porte sur la migration d'applications vers le cloud, sur le déploiement de plateformes de données comme S3 ou Redshift, ainsi que sur l'approfondissement de la stratégie du groupe d'aéronautique en matière d'IA générative, sur la base de Bedrock d'Amazon.

Seconde vague de projets de GenAI

Selon Frédéric Verger, Safran a déjà concrétisé une dizaine de projets de GenAI sur cette plateforme, avec des schémas d'architecture partagés. « Par exemple, nos ingénieurs spécialisés sur les moteurs d'avion se servent de cette technologie pour identifier plus facilement les exigences réglementaires relatives à une problématique particulière, après indexation de plus de 1200 documents portant sur des procédures et des instructions. Nous fournissons également aux ingénieurs spécialistes du support sur les nacelles un outil d'assistance pour identifier des cas semblables à celui qui leur est soumis, parmi 12 000 réparations étalées sur 10 ans. Ce sont des heures et des heures qui sont ainsi économisées », explique le DSI. Sur cette dizaine de projets déjà lancés, Frédéric Verger évalue les gains à un million d'euros en 18 mois.


Frédéric Verger, le directeur du digital et des systèmes d'information de Safran, sur la scène de l'AWS Summit, le 9 avril à Paris. (Photo : R.F.)

Sur cette base, Safran a lancé une seconde vague d'une vingtaine de nouveaux projets en 2025. « Nous entrons dans un nouvel âge d'or du Knowledge Management », dit Frédéric Verger. Ce dernier dit également fonder des espoirs sur le design génératif, qui voit les concepteurs interagir avec des algorithmes d'IA pour explorer le champ de possibles en matière de conception de pièces et de systèmes complexes.

Partenariats avec des industriels US : « des atouts inégalables »

En pleine période de doute sur les relations transatlantiques, Frédéric Verger vante l'intérêt des partenariats de Safran avec des industriels américains. « Quand ce sont de vrais partenaires, au meilleur niveau, comme GE Aerospace pour nos moteurs d'avion ou AWS pour nos services cloud, ce sont des atouts inégalables », lance-t-il devant l'audience de l'AWS Summit. Rappelons que, depuis les années 70, l'industriel français est associé dans une co-entreprise avec General Electric afin de concevoir et commercialiser ce qui reste à ce jour son best-seller, les moteurs d'avion CFM56.