La société Saab, basée à Stockholm, a récemment annoncé qu'elle augmentait considérablement ses objectifs de croissance pour 2027, les faisant passer de 10 à 15 %. Cette augmentation est liée à la guerre en Ukraine et au fait que de nombreux pays sont en train de se réarmer, se traduisant par une augmentation des commandes de Saab. Cela signifie également que l'entreprise s'attend désormais à accélérer les embauches à court terme. Et la DSI ne fait pas exception à la règle, comme le souligne Annette Eriksson, la directrice informatique : « au cours des deux dernières années, nous avons augmenté nos effectifs de plusieurs centaines de personnes ». Son département en compte environ 1600 personnes aujourd'hui.
Ces recrutements à grande échelle ont lieu dans pratiquement tous les domaines, des chefs de projet aux experts en sécurité en passant par les architectes informatiques. « En tant que département informatique, nous sommes une fonction de support cruciale pour faire face au taux de croissance, dit-elle. Et maintenant qu'il y a tant de choses à faire, nous travaillons beaucoup sur la transition des compétences, la gouvernance, la gestion et le leadership. »
L'organisation informatique de Saab est également très gourmande en personnel, car de nombreux systèmes de l'entreprise sont développés en interne. Cela signifie que les employés doivent avoir des compétences à la fois sur les anciennes générations de technologie, pour gérer les systèmes historiques, mais aussi sur les toutes dernières.
Par ailleurs, les systèmes informatiques étant développés et exploités en interne, le cloud n'est pas une option naturelle, surtout dans une industrie de la défense où la sécurité est une priorité absolue.
Une approche mesurée du cloud
Contrairement à beaucoup d'autres entreprises qui se focalisent sur une approche 'cloud first', ce qui compte vraiment pour Saab, c'est d'avoir une approche 'cloud smart'. « Il y a des domaines où l'on peut absolument adopter la technologie du cloud, qu'elle soit privée, hybride ou publique, explique la DSI. Lorsqu'il est possible d'utiliser des modèles publics de fourniture de services, nous le ferons. Nous travaillons intensément sur ce point, afin d'être en mesure d'utiliser ce qui existe. »
En outre, certains des principaux fournisseurs de Saab s'orientent de plus en plus vers le cloud, de même que des clients tels que les forces armées américaines ou suédoises. Cela renforce la pression sur l'industriel suédois pour manoeuvrer vers le cloud afin d'être capable de s'intégrer au reste de l'écosystème. Même si Saab ne peut évidemment pas tester des outils tels que ChatGPT ou toute autre IA générative déployée sur le cloud public.
Annette Eriksson, la DSI de Saab, groupe suédois de défense qui emploie environ 22 000 personnes. (Photo : Karin Lindström)
Ce type de technologie doit être testé en interne. Or, pour expérimenter de nouveaux outils, l'industriel a mis en place un concept appelé Centre d'excellence. « Nous travaillons avec différents représentants des métiers pour tester de nouvelles technologies et développer des solutions concrètes, et cela fonctionne très bien », dit Annette Eriksson. En fonction de la nature de la solution, les groupes de travail de ce centre d'excellence peuvent avoir une taille variable.
Le logiciel intégré aux produits
Ces dernières années, les opérations IT de Saab ont également commencé à se tourner vers des méthodes de travail de plus en plus agiles - mais pas 100% agile, car la mise à niveau méthodologique se diffuse aussi dans les projets traditionnels. « Nous utilisons un mélange. Je pense qu'il s'agit plutôt des deux, plutôt que de l'un ou l'autre, précise la DSI. L'essentiel est d'être conscient et clair quant à la méthode que l'on choisit au cas par cas. »
Saab évoluant vers une entreprise pilotée par le logiciel, où ce dernier est au coeur de presque tous les services et produits, Annette Eriksson sait combien il est essentiel d'analyser comment utiliser efficacement la palette de technologies disponibles, telles que l'open source et l'IA. « C'est essentiel pour garantir notre transformation vers une organisation 'software-driven' »
Bien entendu, les logiciels font partie intégrante de nombreux produits phares de l'entreprise, tels que les avions de combat de la série Gripen E. Sur cette famille, les logiciels critiques pour le vol sont décorrélés du reste de l'appareil, ce qui signifie qu'une mise à jour peut ne demander qu'une journée au lieu de plusieurs mois. Une particularité du Gripen E.
Pour Annette Eriksson, le fait de travailler dans le domaine de l'informatique au sein d'une entreprise axée sur la technologie et d'être entourée de personnes férues d'IT constitue un avantage indéniable. « Nous considérons que l'informatique est ce qui permet à l'entreprise de fonctionner, explique-t-elle. Mais nous ne pouvons pas permettre trop de créativité lorsqu'il s'agit d'informatique interne. Nous devons nous conformer à des exigences en matière d'architecture et d'intégration. »
Commentaire