Pour ses voeux de la nouvelle année aux corps constitués – en l’occurrence ses adhérents et une poignée de journalistes - Godefroy de Bentzmann, arrivé à la présidence de Syntec Numérique en juin 2016, s’est tout d’abord félicité du franchissement du cap des 2000 adhérents. Présent dans la salle du Pavillon Dauphine, Guy Mamou-Mani, le précédent président du Syntec Numérique, a immédiatement réagi en indiquant qu’il avait lui pour objectif d’arriver à 1200 adhérents. Derrière, cette petite bataille des chiffres, le délégué général du Syntec Numérique, Laurent Baudart nous a indiqué engranger 30 à 40 nouvelles adhésions tous les mois avec une cotisation de 200 € par an pour les start-ups (moins de 3 ans, moins de 10 salariés et moins de 300 000 € de chiffre d’affaires) contre 600 € pour les TPE et 50 000 € pour un grand groupe.
Après une croissance de 3,4% en 2017 pour le secteur logiciels et services, Syntec Numérique entend démarrer l’année 2018 avec quatre chantiers critiques : la gestion des données à l’heure du RGPD, la formation et la reconversion professionnelles, la modernisation du dialogue social avec l’utilisation des nouveaux outils précisés avec les dernières ordonnances réformant le Code du travail, et enfin l'adaptation à un monde qui change. « On pourrait penser que nous n’avons pas besoin de nous transformer, mais il est temps de repenser notre façon de travailler et de s’adapter pour changer de métiers. Nous comptons réussir cette réforme lancée par le gouvernement […] sans attendre de loi », a indiqué le dirigeant du syndicat patronal. « Il est temps de changer les lignes d’un système vermoulu qui date de l’après-guerre. »
Une alliance numérique avec l'Afnum et la FFT
Malgré l’échec du rapprochement avec Tech In France (l’ex-Afdel) – c’est trop compliqué, c’est usé, nous a confié en aparté Godefroy de Bentzmann qui avoue 60 adhérents communs – Syntec Numérique ne renonce pas à fédérer toutes les bonnes volontés. « Nous serions ravis de représenter tous les éditeurs mais également des acteurs de l’industrie automobile, de la chimie ou de la restauration […], le numérique n’est pas une activité verticale ». Une commission créée par Nicolas Sarkozy, le Conseil National du Numérique, nous avait semblé avoir pour mission de coordonner les débats et les élans autour de l’industrie numérique. Interrogé sur le casting raté du dernier Conseil National du Numérique, Godefroy de Bentzmann n’a pas mâché ses mots : « Le CNNum est une tarte à la crème. Nous sommes dans l’efficacité, le CNNum aurait pu être un bel outil mais aujourd’hui, je constate qu’ils font avant tout du sociétal et que nous avons perdu 4 à 5 ans […] On a donc décidé de faire tout seul avec une alliance pour le numérique ». Aujourd’hui, l’idée est plutôt de rassembler la Fédération Française des Télécoms, Syntec Numérique et l’Afnum (Alliance Française des Industries du Numérique) dans un même lieu à Paris, une sorte de Station F de l’industrie numérique, pour faciliter les échanges et les chantiers communs.
Haro sur la co-responsabilité RGPD
En 2018, Syntec Numérique et ses adhérents seront confrontés à la mise en place de RGPD et des audits de conformité assurés par CNIL. « La CNIL est très active et nous l’avons rencontrée plusieurs fois pour travailler sur les documents de mise en œuvre [de RGPD]. Aujourd’hui, les ressources de la CNIL sont trop peu nombreuses et elle n’a pas les budgets pour former toutes les personnes nécessaires. Les compétences sont de plus durs à trouver ». Pour Syntec Numérique, l’urgence est toutefois de clarifier la responsabilité des sous-traitants. « Tous les grands donneurs d’ordre sont en train de jouer sur ce sujet », a ajouté M. de Bentzmann. Rappelons que l’article 26 du RGPD consacre la co-responsabilité : les sous-traitants peuvent assumer une responsabilité directe au même titre que les responsables de traitements.
Pour aider les entreprises à mettre en place le RGPD, et aussi négocier les annexes des nouveaux accords de branche avec les syndicats, Syntec Numérique a mis en place deux plateformes pour accompagner ces sujets techniques et juridiques. « Les entreprises ont besoin d’aide sur la convention collective et le RGPD. Ces sujets sont très difficiles à maitriser seul, voilà pourquoi nous proposons des modèles à nos adhérents. Nous fournissons également un produit pour s’assurer contre les contrôles fiscaux liés à l’utilisation du crédit d’impôt recherche ».
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