« 40% des demandes des clients aujourd’hui concernent les interrogations sur VMware/Broadcom et notre offre Openshift Virtualization », constate d’emblée Rémy Mandon, DG de Red Hat France, nommé en janvier dernier. A l’occasion d’un point presse, le responsable précise « investir beaucoup dans ce domaine et beaucoup de nos développeurs travaillent dans la communauté Kubevirt ». Pour rappel, OpenShift Virtualization Enterprise (aussi connu sous KubeVirt en version communautaire) - toujours en cours de développement - promet d'exécuter des machines virtuelles parallèlement à des conteneurs depuis la même plateforme, avec à la clé, une simplification de la gestion et une réduction des délais de production. Les entreprises peuvent ainsi tirer parti des investissements déjà réalisés en matière de virtualisation et profiter de la simplicité et de la rapidité qu'offre cette plateforme d'applications moderne. Techniquement, OpenShift Virtualization exploitent des pods qui fonctionnent sur l'hyperviseur KVM.  

Rémy Mandon constate qu’aujourd’hui, « des entreprises de taille moyenne ont déjà sauté le pas pour une mise en production de la plateforme ». Pour les plus gros projets, la réflexion des entreprises portent sur « Openshift chez les cloud providers et notamment sur du cloud de confiance via Cloud Temple, Numspot ou Outscale », poursuit le dirigeant et de rajouter « le secteur public est en pleine réflexion sur le sujet VMware ». Autre point soulevé par le développement d’Openshift Virtualization, « elle élargit la stratégie de stockage de Red Hat », souligne David Szegedi, directeur technique de Red Hat France. « Le caractère agnostique de la plateforme nous permet d’avoir des discussions avec plusieurs acteurs du marché comme Pure Storage, Dell, NetApp Hitachi Vantara », ajoute-t-il. Sans oublier Nutanix avec qui la filiale d’IBM a noué un partenariat depuis 2021 pour certifier des stack RHEL et Openshift sur AHV. Cet accord offre ainsi une alternative crédible sur la partie Kubernetes face à Tanzu de VMware.

De l’IA pour les clients et pour les solutions Red Hat

Outre cette question du désengagement de VMware, Red Hat France voit poindre des interrogations de ses clients sur l’intelligence artificielle. « Nous abordons l’IA sous deux aspects : le premier est l’apport pour les clients et le second porte sur les bénéfices de l’IA pour nos solutions », remarque Rémy Mandon. Sur le premier volet, le dirigeant met en avant les récentes annonces lors de son évènement annuel en mai dernier et notamment Openshift AI. Cette plateforme a été améliorée pour déployer des applications d'IA générative à grande échelle en incluant la capacité de servir des LLM à la périphérie et un meilleur développement des modèles. Bien évidemment, la société met en avant Watsonx AI et les LLM open source Granite d’IBM, mais « nous voulons travailler aussi avec le reste du monde », glisse David Szegedi. « La question qui revient régulièrement chez les clients est comment aller vers l’IA en ne jetant pas à la poubelle ce qui a été fait dans le prédictif », indique Rémy Mandon. Et de citer des cas d’usage dans les banques sur la création de chatbot ou dans l’industrie sur la supply chain pour détecter les pannes ou s’assurer de la qualité des produits. « L’idée est de réaliser des prototypes d’IA rapidement sans avoir recours à un datascientist coûteux », souligne le dirigeant tout en ajoutant, « en France, il y a beaucoup d’interrogation mais peu de chose en production ».

L’autre volet réside dans les apports de l’IA dans les solutions de Red Hat. L’occasion d’évoquer Lightspeed, l’assistant maison à base de GenAI, qui est présent dans Ansible, la plateforme d’automatisation et maintenant d'Openshift et RHEL. « Au sein d’Ansible, Lightspeed a été enrichi pour intégrer par exemple des playbook sur la sécurité et la gouvernance comme NIS 2 ou le RGPD », relève le directeur technique. Il ajoute que « Lighspeed a été entraîné sur un dataset de points de télémétrie de 60 à 70 000 clusters Openshift » tout en soulignant « aujourd’hui la télémétrie se fait sur Prometheus , mais nous avons des demandes pour proposer un format OpenTelemetry ». Par contre rien n'a été dit sur l'arrivée prochaine de Hashicorp dans le portefeuille d'IBM. Les deux sociétés travaillent déjà ensemble et des synergies sont possibles notamment autour de Terraform et de Vault.