Même si le marché de l’emploi des informaticiens est traditionnellement moins sensible aux crises, il n’échappe pas au ralentissement provoqué par la pandémie. Contraintes de limiter leurs dépenses, près de la moitié des entreprises européennes gèlent la plupart de leurs embauches de profils technologiques, A Paris, les offres d'emploi IT en CDI dévissent de près de 40% en un mois sur la période de mars 2020 par rapport à l'année précédente. Du jamais vu pour l’un des principaux secteurs pourvoyeurs de cadres, selon l’Apec. Fragilisés par la crise sanitaire, en France, 4 étudiants d'écoles d'ingénieurs sur 10 ont le sentiment qu'il leur sera difficile de trouver un emploi dans l'année à venir dans l'IT. Suite à cette baisse d'optimisme, 80% d'entre eux sont prêts à travailler plus de 46h par semaine sur des projets jugés intéressants. Cette inquiétude paraît fondée à en croire l’avalanche de plans sociaux déployés au cours de l’année par de nombreuses entreprises de la high-tech quels que soient leur secteur d’activité ou leur zone géographique.
Des dizaines de milliers de coupes de part et d'autres
Le plus récent lancé fin octobre 2020 par IBM est également l’un des plus massifs en termes de postes supprimés, avec, au niveau mondial, jusqu'à 40 000 postes touchés dont 10 000 en Europe. La France s'avère frappée de plein fouet avec 1251 emplois menacés, soit 26% de son effectif, dont 425 sur l’activité GTS/IS représentant 36% des collaborateurs de ce segment. Un appel à une journée de mobilisation nationale contre ce PSE est lancé par les syndicats. A l’automne 2020, le groupe américain de services informatiques Unisys restructure encore sa filiale française en réduisant ses effectifs de moitié. 89 postes de techniciens, d'employés des fonctions de support ainsi que des managers sont concernés par ces coupes, et des départs sont même prévus pendant les fêtes de Noël. La pandémie aura également un effet dévastateur chez Accenture (500 000 collaborateurs) qui supprime 25 000 emplois dans le monde, soit 5% de ses effectifs. Les critères d’ordre de départ des salariés décidés par Julie Sweet, CEO de la firme sont rudes, portant sur les performances et leur niveau de compétences.
Gel de salaires et congés forcés dans la Silicon Valley
En Californie, et plus précisément dans la Silicon Valley la plupart des géants des nouvelles technologies sont heurtés de plein fouet par les effets de la pandémie qui sévit aux Etats-Unis. Pour tenter de résister à la crise, des mesures drastiques sont prises afin de réduire les frais de fonctionnement. C’est notamment le cas de VMWare et de Dell qui donnent un tour de vis supplémentaire à leur programme de réduction des coûts avec une seconde vague de licenciements annoncée a quinze jours d'intervalle. La tourmente Covid est toujours là et cela ne suffit plus pour VMware qui décide en plus de geler les salaires de tous ses employés, avec des réductions temporaires également pour les hauts dirigeants, y compris le CEO. Pour rééquilibrer leurs comptes, d’autres, comme Nutanix placent leurs collaborateurs en congés forcés. Les salariés qui travaillent chez Cohesity, Automation Anywhere et FireEye moins chanceux, sont pour leur part exposés à des pertes d’emploi.
Un contexte qui profite au e-commerce
Face à cette situation exceptionnelle, le groupe HPE entame une réduction de ses coûts et hiérarchise ses priorités durant l'année en cours. Les salaires des cadres sont ainsi réduits de 25% jusqu'au terme de l'exercice financier 2020. Malgré ce raz-de-marée sur l’emploi assorti d'ajustements plus ou moins drastiques, les entreprises technologiques n'ont pas été touchées de façon égale par la pandémie. Le géant du commerce électronique Amazon ajoute 175 000 travailleurs dont 16 000 codeurs, pour aider à gérer une augmentation des commandes en ligne, tandis que d'autres géants, dont Facebook et Apple, n'ont pas rendu public des plans de suppression d'emplois. De son côté, Google se veut rassurant en annonçant un simple ralentissement de ses embauches.
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