Déjà utilisées pour analyser et traiter divers types de données, les technologies liées à l’intelligence artificielle commencent à faire leur entrée dans le secteur du recrutement. Mieux que le matching classique, l’IA dans le processus de recrutement permet de générer de la valeur en qualifiant le plus finement possible les profils des candidats vis-à-vis des attentes et des projets des employeurs. . « L'intelligence artificielle et l'entretien vidéo sont peut-être plus aptes à identifier des candidats prometteurs qu'une interview classique, ce qui permet d'économiser de l'argent et de réduire le temps d'embauche », expliquait déjà en 2017 Deloitte dans son étude Talent acquisition: Enter the cognitive recruiter. A ce titre, les technologies de robotisation émergent également, dans une logique de gain de temps et de fluidité des démarches lors des processus d’embauche. Des chatbots peuvent ainsi prendre le relais des recruteurs pour répondre aux questions les plus fréquentes, ou pour aider à l’analyse des CV s’ils sont nombreux.
Parmi ceux-ci, l’agent conversationnel Randy conçu par Randstad avec la société Illuin Technology propose un parcours candidat gamifié (jeux adaptés et QCM) en intégrant des modules conçus par la start-up Pymetrics spécialisée dans les neurosciences appliquées à l'évaluation des candidats. Après un dialogue avec les postulants, l’agent propose un scoring de la candidature poussé aux équipes RH qui n’ont plus qu’à se concentrer sur l'entretien et l'évaluation finale des candidature. Il a notamment pu permettre à la SSII Ausy, de tester les compétences de 20 000 développeurs et chefs de projet autour des langages Java, C# et PHP. La plateforme de recrutement Jobset a également opté pour l’IA afin d'aider les entreprises à ecruter des codeurs chevronnés. Pour identifier les meilleurs profils, le site a mis en place un programme de traitement du langage naturel capable d'analyser les données implicites et explicites des CV issus de bases de candidats publiques et privées. Un algorithme prend en considération tant les expériences professionnelles, les formations, les projets ou les soft skills que les compétences cachées afin de répondre aux attentes du développeur et aux besoins du recruteur. A l'issue du processus de sélection, moins de 7% des candidats sont retenus.
Filtrer les candidatures ou gérer le capital humain
Dans la même veine, le moteur de recherche de candidats développé par la start-up française Pipler anciennement Yatedo sélectionne précisément les candidats correspondants aux exigences du recruteur en quelques secondes. L’intelligence artificielle opère à plusieurs niveaux. D’abord dans la sélection des informations sur internet. Puis à partir d’une base de données de plus de 800 millions de personnes sur internet, l’outil va étudier le parcours d’un candidat et le comparer à cette base pour fournir des indicateurs. Le recruteur va ainsi pouvoir filtrer les candidats de sa première recherche qui sont potentiellement sur le départ de leur poste actuel ou en recherche d’emploi,et même définir le degré d’implication dans son travail. L’algorithme étudie le parcours d’autres personnes dans la même zone géographique, celles qui ont occupé le même poste dans le même genre d’entreprise ou celles qui étaient au même poste dans la même entreprise puis fait des prédictions avec un niveau de pourcentage.
L’IA peut également être utilisée par les départements RH pour faciliter la gestion du capital humain. Une application comme Boost.rs permet par exemple aux entreprises de cartographier instantanément les compétences des employés, et d'aligner la gestion de leur capital humain avec leurs ambitions. Ses fondateurs Vincent Lebunetel, Grégoire Boutin, Catalin Ciobanu et Carlos Sanchez, ont développé une solution SaaS qui utilise le big data et l’intelligence artificielle pour identifier le savoir-faire des collaborateurs en temps réel, sur toutes les compétences présentes au sein d’une entreprise. Le service RH dispose alors d’un référentiel métiers automatisé et personnalisable. Chacun pourra ainsi gérer sa carrière et bénéficier d’un plan de développement individualisé. L’outil aurait permis à cette entreprise d’identifier 7 fois plus rapidement les candidats potentiels en interne mais également de mettre en place des formations plus rapidement.
Multiplier le nombre de formations
Toutefois, pour que l'IA puisse continuer à monter en puissance dans les process de recrutement ou dans d’autres départements de l’entreprise, il faut avoir des ressources compétentes. Pour cela, les entreprises françaises tout comme celles américaines, chinoises anglaises ou encore allemandes commencent à s'engager dans une chasse aux talents IA. Avec 930 propositions diffusées par des entreprises françaises sur le site de recrutement Indeed début janvier 2019, la fonction de spécialiste en intelligence artificielle est en croissance dans l'Hexagone. Sans compter le projet porté par le Président de la République Emmanuel Macron pour doubler le nombre d’étudiants formés, suite à la remise du rapport Villani. Bien qu’il soit difficile de les quantifier, les formations axées sur ces technologies continuent d’éclore dans l’Hexagone. En labellisant la formation de développeur data et intelligence artificielle lancée par Microsoft et Simplon à Paris et également en régions,la Grande école du numérique fait rentrer pour la première fois l'IA dans son portefeuille.
De son côté une autre école appelé IA Academie a fait le choix de former des cadres managers non spécialistes de ces technologies. Ce centre parisien fondé l’an dernier par Dominique Monera, permet ainsi à des managers non techniciens, mais confrontés aux sujets IA, d'accéder à des contenus dépourvus de jargon mathématique ou informatique. L'ensemble du périmètre couvert par l'IA est traité et les différents secteurs d'activité sont étudiés aux moyens d'exemples concrets. Un moyen comme un autre pour permettre aux décideurs de mieux comprendre les enjeux de l’intelligence artificielle et ainsi dialoguer de façon plus efficace avec des professionnels aguerris.
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