Le mariage entre Broadcom et VMware est loin d'être un long fleuve tranquille, c'est même plutôt un chemin semé d'embûches. Les nombreuses craintes et incertitudes des derniers mois ont d'ailleurs poussé le CEO de Broadcom, Hock Tan, à rassurer les clients. Des investigations ont été lancées un peu partout dans le monde, notamment par l'autorité de la concurrence du Royaume-Uni qui se penche sur ce projet d'acquisition pour déterminer si l'opération est conforme aux règles de la concurrence. Aujourd'hui c'est au tour de la Commission européenne de passer à l'action. L'institution a en effet annoncé le lancement d'une enquête concernant ce rachat à 61 Md$ qui pourrait bien poser quelques soucis en termes d'entrave à la concurrence, mais pas seulement.
« L'enquête préliminaire de la Commission indique que l'opération pourrait permettre à Broadcom de restreindre la concurrence sur le marché de la fourniture de NIC, de FC HBA et d'adaptateurs de stockage », a expliqué la Commission européenne. Plus précisément, ses craintes portent sur une possible dégradation de l'interopérabilité et/ou restriction d'accès entre le logiciel de virtualisation de serveur de VMware [ESX, NDLR] et les équipements matériels concurrents au profit de ceux de Broadcom. Au risque de scier la branche sur laquelle Broadcom s'assoit ? Un scénario auquel ne croit pas le vice-président du Gartner, Michael Warrilow : « Le succès de VMware au cours des deux dernières décennies a été prédit sur la compatibilité matérielle. Si Broadcom devait s'écarter de cela, il subirait la colère de tous les fournisseurs majeurs et mineurs de serveur et de matériel de stockage du secteur. Ce serait un suicide commercial et annulerait l'analyse de rentabilisation de l'acquisition ».
L'implication au projet Monterey sur la sellette ?
« Broadcom pourrait réduire la participation de VMware au projet Monterey afin de protéger ses propres revenus de cartes réseau », craint également la Commission. « Broadcom pourrait commencer à regrouper le logiciel de virtualisation de VMware avec son propre logiciel (à savoir le logiciel mainframe et le logiciel de sécurité) et ne plus proposer le logiciel de virtualisation de VMware en tant que produit autonome, ce qui réduirait le choix et pourrait exclure les fournisseurs de logiciels concurrents ». L'institution craint des conséquences qui pourraient aussi bien entraîner des hausses de prix, qu'une baisse de la qualité des produits et moins d'innovation. Les résultats de ses investigations sont attendues d'ici au 11 mai 2023.
Commentaire