L’annonce du départ pour Intel du CEO de VMware, Pat Gelsinger, a été accueillie de manière tout à fait opposée pour les deux entreprises : positive pour Intel et négative pour VMware. Le même jour, l'action d'Intel a fait un bond de 7 %, tandis que celle de VMware a chuté de 7 %. Et la banque d'investissement Piper Sandler a réduit son objectif de cours pour VMware de 178 dollars à 157 dollars. La plupart des analyses se sont intéressées à Pat Gelsinger et à son retour chez Intel, alors que VMware a été globalement ignorée. Quelles sont donc les perspectives de VMware, qui a déjà perdu d’autres dirigeants ces derniers mois avant son CEO ?
Le départ de Pat Gelsinger intervient à une période mouvementée pour l'entreprise. En décembre, le COO Rajiv Ramaswami, a quitté VMware pour prendre le poste de CEO chez Nutanix, principal rival de VMware sur le marché des infrastructures hyperconvergées (HCI). VMware a même lancé une procédure contre l’ancien cadre dirigeant pour rupture de contrat. Il y a quelques semaines, Ajay Singh, vice-président senior et directeur général de la division Cloud Management de VMware, a quitté l'entreprise pour le poste de chef de produit chez Pure Storage. Pour l'instant ne lui a pas intenté de procès. En général, le départ de dirigeants n'est pas un motif d'inquiétude, sauf s'il s'agit d'un événement majeur (comme le décès de Steve Jobs) ou si les départs s’enchaînent. Pat Gelsinger, Rajiv Ramaswami et Ajay Singh sont trois hauts dirigeants, et tous partiront dans un mois.
Un vivier de talents
Alors, est-ce vraiment si grave pour VMware ? Pas vraiment, selon les analystes. « Pour les cadres dirigeants, la période du nouvel an est un moment propice pour prendre des décisions de carrière », a déclaré Stephen Elliot, vice-président Infrastructure IT et Cloud Practice chez IDC. « Chez VMware, l’organisation des équipes dirigeantes est très étagée, et il n’y a pas seulement l'équipe de direction, mais deux ou trois strates de dirigeants. C’est même Pat Gelsinger qui a échelonné les directions, ce qui veut dire qu’il n’y a pas de vacance de postes. VMware est une entreprise extrêmement bien gérée et elle dispose certainement de nombreux candidats en interne pour assurer la relève », a ajouté M. Elliot. « Les départs de cadres sont monnaie courante dans la Silicon Valley, et l’impact de ces départs est rarement préoccupant. Certes, le départ de Pat Gelsinger est un coup dur, mais tout dépend de la personne qui reprendra la poste de CEO », a déclaré pour sa part Glenn O'Donnell, vice-président et directeur de la recherche chez Forrester Research.
Pat Gelsinger ne quittera pas l’entreprise avant un mois et restera au conseil d'administration de VMware, ce qui montre clairement que ce départ ne se fait pas dans de mauvaises conditions. Pour l'instant, le directeur financier Zane Rowe prendra la relève comme directeur général par intérim au cas où VMware ne trouve pas son nouveau CEO avant le 15 février, jour où Pat Gelsinger doit effectivement quitter son poste. Stephen et Glenn O'Donnell (comme de nombreux autres analystes) verraient bien à ce poste Sanjay Poonen, l’actuel directeur général de VMware. « Parmi les personnes en interne capables de prendre la relève, Sanjay Poonen serait parfait », a déclaré Stephen Elliot. « Pat Gilsinger était vraiment un bon dirigeant et il s’est entouré de pas mal de gens compétents, le plus remarquable d’entre eux étant de mon point de vue Sanjay Poonen. C’est un candidat solide pour prendre la suite de Pat Gelsinger si VMware décide de choisir son successeur en interne », a déclaré Glenn O'Donnell, qui n’exclut pas que VMware choisisse son CEO à l'extérieur. Si c’est le cas, celui-ci pense que, d’ici quelques semaines, Sanjay Poonen annoncera aussi son départ de VMware. Stephen Elliot s’accorde également pour dire que Pat Gelsinger ne laisse pas VMware sans réserve de talent. Chad Sakac est un nom qui revient par exemple très souvent. « Pat a fait un excellent travail en s’entourant de talents à plusieurs niveaux qui sont prêts à prendre la relève si nécessaire. C'est la culture de VMware. Chez VMware, personne n'est à la remorque des autres. C'est ce qui a aidé l’entreprise à arriver là où elle en est », a-t-il ajouté. Et où pensez-vous qu'il a appris cela ? Á l’époque de Pat Gelsinger, Intel avait la réputation d’être un lieu où l’on pouvait réussir en comptant sur soi-même. Personne ne venait pour pointer.
Une parenthèse bénéfique
Il y a dix ans, tout le monde parlait de Pat Gelsinger comme le futur CEO d'Intel, avant son départ brutal, et il n'a pas caché son souhait de diriger l’entreprise (y compris à moi). Mais les analystes pensent que ses presque 12 ans passées hors d'Intel l'ont rendu plus apte à prendre la barre. « Il est probablement mieux préparé maintenant que s'il était resté chez Intel », a estimé Stephen Elliot. « Il a acquis une bonne expérience opérationnelle chez VMware. Il a été un bon dirigeant pour VMware, mais VMware lui a bien rendu aussi », a ajouté Glenn O'Donnell. « En quittant Intel, il a appris beaucoup de choses sur un métier qu'il ne connaissait pas. Il n’en est que plus fort reprendre la direction d'Intel ». Désormais, la grande question est de savoir si le départ de Pat Gelsinger augmentera ou pas les chances de scission de Dell avec VMware, prévue pour septembre prochain ? Aucun des deux analystes ne peut dire comment pourrait évoluer la situation, du moins, pas tant que le remplaçant de Pat Gelsinger au poste de CEO ne sera pas désigné.
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