L’arrivée des puces ARM M1 d’Apple a jeté le trouble sur les performances du duo Microsoft/ Qualcomm sur le marché des PC portables Windows reposant sur un puce ARM. Apple qui a considérablement travaillé le portage de MacOS pour ARM - l’héritage Next est toujours présent - affiche des performances étonnantes avec ses MacBook alors que les PC ARM semblent anémiques et en tout cas incapables de rivaliser - en termes de performances - avec les puces x86 d’Intel et AMD. La performance n’est le seule critère pour l’achat d’un PC, mais quand elle n’est pas là au départ, la durée de vie du terminal est considérablement réduite avec la succession des mises à jour Windows.
Qualcomm a donc indiqué hier mercredi qu'il comptait acquérir la start-up Nuvia pour un montant de 1,4 milliard de dollars, afin de renforcer ses propres efforts en matière de CPU et défier Apple plus directement dans l'espace informatique occupé par ARM. Nuvia a été fondée par un ancien architecte de puces d'Apple, Gerard Williams III, qui aurait été poussé à concevoir des puces ARM pour serveur en raison d'une clause de non-concurrence qu'il avait signée avec son ancien employeur. La mission de Nuvia est, selon ses propres termes, de « réimaginer la conception du silicium pour créer une nouvelle classe de processeur qui offre les améliorations de performance et d'efficacité énergétique nécessaires pour alimenter la prochaine ère de l'informatique ». Nuvia n'a jamais annoncé de produit, bien qu'elle ait été soupçonnée de développer son propre processeur ARM pour serveurs.
Les processeurs Nuvia devraient être intégrés à la vaste gamme de produits de Qualcomm Technologies, y compris les PC. Le fournisseur a déclaré que la technologie de Nuvia serait impliquée dans « la motorisation des smartphones haut de gamme, des ordinateurs portables de nouvelle génération et des tableaux de bord numériques, ainsi que des systèmes avancés d'aide à la conduite, de la réalité étendue et des solutions réseau ». Un marché déjà défriché par Nvidia qui a justement racheté ARM l’été dernier pour un montant de 40 milliards de dollars. Rappelons qu’ARM ne fabrique pas de puces, mais conçoit des designs de processeurs qui sont ensuite vendus sous licence à des acteurs comme Apple, Texas Instruments, Fujitsu ou Qualcomm. Libre ensuite au fournisseur d’améliorer le design de base avec ses propres développements. Et, à ce petit jeu, Apple distance nettement la concurrence avec ses derniers produits.
Une acquisition onéreuse mais cruciale
Avant de lancer son opération de rachat de Nuvia, Qualcomm a obtenu le soutien de plus d'une douzaine de partenaires et clients, dont Microsoft, Google, OnePlus, Sharp, Sony, Xiaomi, et d'autres encore. L'accord doit encore être approuvé par les organismes de réglementation. « Ensemble, nous sommes très bien placés pour redéfinir l'informatique et permettre à notre écosystème de partenaires de stimuler l'innovation et de proposer une nouvelle catégorie de produits et d'expériences pour l'ère 5G », a déclaré Cristiano Amon, le récent CEO de Qualcomm, dans un communiqué.
Au cours des deux dernières années, Qualcomm a lancé des versions de ses processeurs Snapdragon pour l'espace PC, dont le Snapdragon 8cx Gen 5G en septembre dernier. Mais les promesses de performances de l'entreprise, qui entendait rivaliser avec les puces x86 traditionnelles comme la gamme Intel Core, n'ont pas été tenues. Pendant ce temps, Apple a bouleversé le marché des processeurs traditionnels en lançant la puce M1, qui équipe ses MacBook et ses Mac mini et qui arrive à concurrencer les puces Intel Core de 11e génération. Tous ces efforts ont soulevé des questions sur la façon dont Qualcomm allait continuer à concurrencer la plateforme M1 d'Apple qui surpasse largement ce que Qualcomm peut offrir. Avec son achat de Nuvia, Qualcomm semble travailler à une réponse.
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