En matière de performance, on peut dire avec certitude qu’Apple s’appuie toujours sur les processeurs d'Intel pour faire tourner ses ordinateurs portables. Sauf à décider un jour de basculer sous AMD ou de produire ses propres processeurs pour ses Mac portables, la gamme des MacBook d’Apple restera inextricablement liée aux différentes versions des processeurs Intel. Le lancement des Core de 10ème génération (anciennement connue sous le nom de code Ice Lake) a donc beaucoup d’importance pour les utilisateurs d'ordinateurs Mac. Il s'agit aussi de la première puce Core 10 nm fabriquée en masse par le fondeur, et la première à utiliser le design processeur « Sunny Cove ». Quel impact pourrait-elle donc avoir sur les futurs Macbook, si Apple les intégrait dans ses machines ?
Intel vient de lancer onze processeurs de 10e génération. Dans le lot, il y a d’abord cinq processeurs de la série Y, affichant une enveloppe thermique (TDP) de 9 watts. On note au passage que ce TDP est plus élevé que le TDP de 5 watts des anciens processeurs de la série Y, même si actuellement le MacBook Air est le seul MacBook équipé de ce processeur. En l’occurrence, il s’agit d’une puce Core i5 8210Y avec un TDP inhabituel de 7 watts. Néanmoins, si le MacBook Air était mis à jour, ce serait presque certainement avec une variante Core i5 de l'un de ces modèles Y, avec 4 cœurs et 8 threads. Dans le reste du lot, il y a six processeurs de la série U, affichant un TDP d'environ 15 watts (sauf le modèle haut de gamme Core i7 1068G7 dont le TDP est de 28 watts). Les MacBook Pro de 13 pouces sont équipés de cette catégorie de puces.
Chiffrement, compression vidéo et ML plus rapides mais...
La microarchitecture CPU Sunny Cove d'Intel apporte un certain nombre d'améliorations par rapport à la microarchitecture Skylake qui, depuis quelques années, a servi de base aux CPU d’Intel. Selon le fondeur, son design assure un traitement « plus en profondeur et plus large ». Notamment, des instructions dans Sunny Cove permettent d’accélérer les opérations de chiffrement et les grosses opérations vectorielles. Ses caches et sa mémoire tampon sont également plus importants. Intel estime que le nombre d’instructions par cycle d’horloge (IPC) apportera une amélioration globale de 18 % dans l’exécution d’une grande variété de tâches, mais le chiffrement, la compression vidéo et les tâches d'apprentissage machine devraient être exécutés encore plus rapidement.
Mais, avant de s’emballer à l'idée que la prochaine série de MacBook sera 18 % plus rapide (et beaucoup plus, pour certaines tâches) que les versions commercialisées aujourd'hui, il faut aussi évoquer des aspects moins positifs. Cette forte augmentation du nombre d’instructions par cycle d’horloge est quelque peu compensée par le fait que les vitesses d’horloge de base et de boost de ces puces de 10e génération sont beaucoup plus basses que celles des puces Amber Lake et Coffee Lake-U qu'elles pourraient remplacer. Il est difficile de se faire une idée exacte de la performance de ces puces dans un MacBook Air ou un MacBook Pro 13 pouces. Le design des processeurs d'ordinateurs portables est en grande partie contraint par la conception thermique et la nature de la charge de travail : pour des charges brèves et rapides, le processeur pourra se maintenir à des vitesses turbo élevées ; pour des tâches longues et soutenues, le processeur se calera à une vitesse d'horloge inférieure.
Gains importants sur les performances graphiques
D’après les tests réalisés par nos confrères de PCWorld, dans de nombreuses tâches, les processeurs de 10ème génération sont à peine plus performants, de quelques pour cent. Mais, dans des tests synthétiques courts « en rafales » comme Geekbench, l’amélioration de la performance monte à environ 10 % sur un seul cœur et grimpe à 20 % en mode multicœur. Il y a cependant des distinctions à faire selon les tâches. Les compressions vidéo Quick Sync sont plus de 30 % plus rapides, de même que le cryptage AES et dans d’autres tests optimisés pour toutes sortes d’opérations vectorielles à grande échelle. Si Apple met ces puces dans un MacBook, on peut imaginer que la plupart des tâches quotidiennes conserveront les performances de la génération actuelle, mais la compression ou la décompression de gros fichiers et l’encodage vidéo dans certains formats devrait être beaucoup plus rapide.
Sur le plan graphique, les processeurs de 10e génération d'Intel offrent des gains incroyables. Plusieurs tests synthétiques comparatifs ont montré que la performance des nouvelles puces Ice Lake était deux fois plus élevée que la génération Whiskey Lake, se rapprochant même parfois des performances de la GeForce MX 510 très basse consommation en configuration 10 watts. L'accélération graphique est importante dans de nombreuses applications, en dehors du jeu, et celles-ci peuvent réagir de manière beaucoup plus fluide.
Wi-Fi 6 et sortie d'affichage améliorée
Tous les nouveaux processeurs Ice Lake sont compatibles Wi-Fi 6. C'est le standard de vitesse Gig+ officiellement désigné sous le nom de 802.11ax. Quelques routeurs domestiques supportant la norme commencent à apparaître sur le marché. Si Apple ne remplace pas le matériel Wi-Fi d'Intel par une puce avec un composant réseau distinct, on peut penser que ses futures machines délivreront un Wi-Fi haute performance et évolutif. Les MacBooks équipés de processeurs Ice Lake devraient supporter le nouveau moniteur Pro Display XDR. Le moteur graphique offre trois canaux d'affichage pour prendre en charge le DisplayPort 1.4 HBR3, le HDMI 2.08, mais aussi le HDR10 et le Dolby Vision. Il sera possible de connecter trois écrans 4K simultanés en 120 Hz, deux écrans 5K en 60 Hz ou un seul écran 8K en 30 Hz.
Pour l’instant, on ne sait pas à quel moment Apple prévoit d’intégrer les processeurs Ice Lake dans de futurs portables Mac. Selon Intel, les premiers PC équipés de puces Ice Lake arriveront sur le marché au dernier trimestre de cette année. Mais Apple ne figure pas dans la liste des fournisseurs de cette première vague d'ordinateurs portables équipés de ces puces. Souvent, la firme californienne attend trois à six mois après la sortie des premiers portables sous Windows pour livrer une gamme de MacBook équipés des plus récents processeurs Intel. Si Apple respecte cette habitude, on peut imaginer que l’on trouvera sur le marché des MacBooks tournant avec les processeurs de 10ème génération d’Intel au printemps ou à l'été 2020. Selon la rumeur, Apple devrait lancer un MacBook Pro de 16 pouces cet automne, en même temps, peut-être, que des modèles 13 pouces rafraîchis. Ce sera trop tôt sans doute pour qu’Apple livre des machines avec processeurs Ice Lake. Si ces produits sortent à l’automne, ils ne contiendront donc probablement pas de processeurs Intel Core de 10ème génération. Cela signifie qu’il faudra, pour cela, attendre les sorties de MacBook de l'année prochaine.
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