"Les salariés présentant un handicap sont invités à prendre contact avec la direction des ressources humaines pour valider leur situation sous le sceau de la confidentialité, s'ils le souhaitent». Pour le moins atypique, mais sans équivoque, voici la teneur du message qu'ont reçu hier les salariés de la société Silogic. La SSII s'est adressée à ses collaborateurs en vue de l'aider à remplir ses obligations légales d'emploi de 6% d'handicapés en leur expliquant ses motivations. Celle-ci rencontre des difficultés pour recruter ces populations dans les métiers dont elle a besoin, notamment des développeurs et des chefs de projets (30 postes sont à pourvoir d'ici au mois de juin). Elle souhaite pour autant éviter de subir la sanction financière prévue par la loi si elle ne remplit pas ses obligations. La voix interne lui apparaît donc une autre piste à explorer pour trouver des profils d'handicapés. Cette initiative pose la question du sens et de l'esprit de la loi relative à l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés. Celle-ci s'est récemment durcie (loi du 11 février 2005) en augmentant la contribution financière des entreprises si elles ne respectent pas leurs quotas, pour les inciter à ouvrir davantage de postes aux handicapés. Or, si elle est appliquée à des personnes en emploi, son esprit n'est pas tout à fait respecté. Toutefois si les entreprises ont des difficultés à trouver des personnes handicapées, elles ne peuvent remplir leurs obligations. Or cette difficulté semble aujourd'hui prégnante dans le secteur informatique. Le taux de chômage des handicapés est pourtant élevé, de l'ordre de 20% sur une population active estimée à 900 000 personnes (source Agefiph, association pour l'emploi des handicapés). Mais le problème est lié à plusieurs facteurs, notamment au trop faible nombre d'handicapés ayant un niveau de qualification adapté aux besoins des entreprises du secteur. Les chiffres de l'Agefiph l'attestent. Seuls 2,8% des chômeurs handicapés recensés ont au moins un Bac +3, 7,3% un bac +2 et 19% au moins le Bac. "Nous sommes justes en qualification pour les prestataires informatiques", confirme Sylvain Vacheresse, directeur de Cap Emploi Côte d'Or (réseau de placement d'handicapés). Le constructeur IBM et la Conférence des grandes écoles ont fait le même constat. Ils ont récemment lancé des chantiers pour accroître le nombre d'handicapés dans l'enseignement supérieur. L'autre facteur concerne peut-être la façon de recruter des entreprises. "Celles-ci doivent avoir une approche différente que sur des postes pour lesquels elles vont recevoir 200 ou 300 CV", estime Fabienne Duboscq, directrice du Développement associatif et de la communication de l'association Adapt (insertion des handicapés). " Elles ont moins de candidatures et doivent systématiser la rencontre avec les candidats afin d'examiner les possibilités d'emploi et les adaptations possibles chez elles". Pour Patrick Pedersen, directeur des opérations chez Monster, ayant lancé Monster Handicap en septembre dernier. "Les SSII doivent aussi ouvrir leur réflexion à d'autres métiers que ceux sur lesquels elles ont des tensions et par exemple embaucher dans les métiers des services généraux, les hôtesses, etc". Certes, mais à suivre ce conseil, les informaticiens handicapés pourraient ne pas profiter pleinement de cette loi qui fait bouger les acteurs de la vie économique sur le problème de leur insertion.
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