Avec des effectifs en augmentation en 2023-2024, les classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE) devraient afficher un bilan prometteur pour l’année qui s’annonce. C’est ce que prévoit la Société informatique de France (SIF) en analysant l'évolution du nombre de places ouvertes dans différents concours post-CPGE. Selon l’organisme, cette évolution est la suite logique de celle du nombre d’étudiants inscrits en mathématiques, physique, informatique et ingénierie (MP2I) créée en 2021. En 2023-2024, cette spécialité a totalisé 1406 inscrits, soit une augmentation de 19 % par rapport à la promotion précédente. Malgré ces améliorations, la SIF rappelle que certains éléments défavorables subsistent. Parmi eux, des dispositifs de recrutement encore trop frileux de certaines grandes écoles conduisent à une évolution inégale selon les concours.

Ainsi, le concours Mines-Télécom a annoncé l’ouverture à la session 2025 de 162 places en filière MPI contre 144 à la session 2024 (+ 12,5 %). Le CCINP propose, lui, 216 places (+ 6,5 %). Au sein du concours Mines-Ponts, Télécom Paris n’en ouvre que 38 (+ 8,6 %). « Ces concours confirment ainsi leur soutien à la filière, même si la plus grande frilosité des Mines de Paris et des Ponts (5 places chacune) interroge », analyse la SIF dans un communiqué. De son côté, CentraleSupélec a annoncé ouvrir en 2025 plusieurs cursus spécialisés, dont un cursus grande école dédié à l’Informatique, un autre à la cybersécurité et un aux systèmes numériques.

Un ratio très insuffisant

Dans chaque cursus, il existe au moins une place pour chaque filière de CPGE. Pour autant, la SIF pointe l’absence d’évaluation de l’informatique depuis 2023 dans les branches prépa MP (mathématiques-physique), PC (physique-chimie) et PSI (physique et sciences de l'ingénieur) par le concours CentraleSupélec. De plus, ces ouvertures, qui viennent en déduction des places ouvertes dans le cursus général, ne compensent pas l’insuffisance des places ouvertes par les écoles d’ingénieurs en MPI par rapport au nombre d’étudiants de cette discipline. En effet, en 2024, le ratio places sur étudiants en MPI représentait 0,6 fois celui de la filière MP. Pour la SFI, Il est plus que souhaitable que ce ratio soit revu à la hausse et que l’informatique soit évaluée sérieusement.  

Au vu de la situation, la SIF appelle les ministères de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur et de la recherche à prendre les mesures nécessaires au renforcement de la formation informatique des préparationnaires. D’abord en accordant aux classes de MP2I et MPI des horaires d’informatique plus amples, en particulier en travaux pratiques. Ensuite, en créant les conditions d’un plus grand développement de la spécialité NSI au lycée, en particulier en terminale, en veillant à son ouverture sociale et de genre.Parmi les améliorations actuelles, la SIF rappelle l’existence, depuis 2022, d’une agrégation d’informatique, en plus du CAPES, fournissant un vivier de professeurs qualifiés pour ces enseignements, même si leur nombre reste encore insuffisant.

Rétablir le programme horaire

Par ailleurs, la culture informatique ne devant pas être l’apanage d’une minorité d’ingénieurs, il convient de ne pas négliger l’enseignement de tronc commun d’informatique des filières MP, PC, PSI et PT. « Cela passe par le rétablissement de l’heure de cours du premier semestre, absurdement supprimée à la rentrée 2021, et par l’extension de cet enseignement à la totalité de la seconde année », souligne la SIF. En conclusion, l’organisme indique « rester attentif à l'évolution de ces éléments pour qu’en complémentarité avec les autres filières de l'enseignement supérieur, le continuum CPGE/GE permette à la France de relever les défis auxquels elle fait face dans le domaine informatique et au-delà dans celui des sciences et techniques ».