A l'occasion de la conférence semestrielle de Syntec numérique, son président Guy Mamou-Mani avait avancé le chiffre de 6 000 jeunes ingénieurs pénalisés par la circulaire Guéant du 31 mai 2011. « Le numérique est un secteur en forte tension, et nous regrettons de ne pas pouvoir recruter des talents étrangers au même niveau que les autres », avait-il déclaré, ajoutant qu'il fallait alerter les politiques et également les citoyens sur la question.
Mercredi, les ministres de l'Intérieur, Claude Guéant, du Travail, Xavier Bertrand, et de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, ont décidé d'adresser aux préfets dès la semaine prochaine, une circulaire complémentaire, assouplissant le permis de travail pour les étudiants étrangers hautement qualifiés. Celle-ci invite désormais les préfets « à faire en sorte que la nécessaire maîtrise de l'immigration professionnelle ne se fasse pas au détriment de l'attractivité du système d'enseignement supérieur, ni des besoins de certaines de nos entreprises en compétences spécifiques de haut niveau ».
Une situation embarrassante dans les SSII
Pour Syntec Numérique, la révision de la circulaire Guéant va dans le bon sens. « La profession ne peut que se réjouir de l'adoption d'un nouveau texte», considère Philippe Tavernier, président de la Commission sociale, emploi et formation de Syntec Numérique et de Sogeti France Selon lui, cette circulaire n'avait fait l'objet d'aucune discussion et avait plongé les grandes écoles, les universités et les entreprises françaises dans l'embarras.
« Nous avions pris des engagements avec des étudiants d'origine étrangère dans le cadre de stages et de postes en apprentissage », indique-t-il. « Les refus de permis de travail n'ont fait que compliquer les choses. Au final, il a découlé de cette circulaire beaucoup de bureaucratie et une perte de temps pour les entreprises du secteur. Par ailleurs, si nous ne sommes pas capables de proposer un premier emploi aux étudiants d'origine étrangère dans le pays qui les a formé, ces derniers risquent fort de partir ailleurs. Enfin, il n'est pas pensable de valider un recrutement en fonction du passeport d'un collaborateur qui est en situation régulière.»
Philippe Tavernier rappelle également que dans l'informatique, 40 000 recrutements ont été réalisés en 2011, que les universités forment, en parallèle, trop peu d'ingénieurs, et que si l'on exclut les étudiants d'origine étrangère, la situation deviendra compliquée.
Plusieurs refus de visa chez Additeam
En attendant la mise en application des nouvelles dispositions, certaines SSII en quête de compétences IT sont toujours confrontées à une hausse des refus de permis de travail.
Eric Decalf, PDG d'Additeam, une SSII qui compte 145 collaborateurs, explique avoir essuyé trois refus de visas et perdu des marchés ce qui a généré une perte du chiffre d'affaires moyen correspondant à 70 000 € annuel. « La révision de la circulaire Guéant ressemble fort à une opération de communication», estime le dirigeant. « J'ai pris connaissance du refus du troisième dossier chez Additeam le jour même de cette annonce », ajoute-t-il. « Actuellement, nous peinons à trouver des jeunes développeurs possédant des expertises en nouvelles technologies ou sur de gros systèmes de type mainframes », poursuit le PDG. « Ce déficit de compétences nous conduit à nous tourner vers des étudiants d'origine étrangère. La circulaire Guéant pourrait avoir un sens, si le gouvernement avait mis au point des filières de formation IT suffisamment dimensionnées. »
Pour Syntec Numérique, la révision de la circulaire Guéant va dans le bon sens
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Philippe Tavernier, président de la Commission sociale, emploi et formation de Syntec Numérique et de Sogeti France se réjouit de l'assouplissement de la circulaire Guéant qui a pénalisé des milliers de jeunes ingénieurs dans la filière informatique et généré de longues procédures administratives dans les entreprises de la branche IT.
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