Simple toux ou début de grippe ? A l'entrée de l'hiver, le syndicat français Numeum représentant les entreprises du secteur du numérique rend compte d'une frilosité ambiante à l'occasion des résultats de l'édition semestrielle sur les tendances et perspectives du marché du numérique 2024-2025. Sur le semestre écoulé, un net repli de la croissance a été observé impactant particulièrement les activités de services. Sur un an, elle a reculé de 3 points à 3,5 % contre 6,5 % un an plus tôt. "Il y a eu un changement de dynamique assez brutal lié à l'instabilité politique et économique", a expliqué Benoit Darde, administrateur en charge des contenus de Numeum lors d'un point presse ce 10 décembre. "Nos entreprises s'adaptent et l'ensemble des secteurs réduisent leurs investissements." Le chiffre d'affaires du secteur numérique sur ce semestre a représenté 69,4 Md€.
Dans le détail, les éditeurs de logiciels et de plateformes cloud ont mieux résisté que d'autres acteurs, en parvenant à maintenir un niveau de croissance de 8,2 % (26,8 Md€). En revanche les ESN et les entreprises de conseil en technologies ont quasiment été en cale sèche avec des croissances respectives de seulement 0,7 % (34,5 Md€) et de 1 % (7,9 Md€). Plus inquiétant encore, la moitié des répondants à l'enquête de Numeum prévoient une croissance nulle ou négative sur 2024 et le manque de visibilité sur les projets d'investissement n'est pas non plus très rassurant. "Les grandes entreprises souffrent le plus, les petites sont stables et les ETI tirent leur épingle du jeu", précise Benoit Darde.
Les indicateurs book to bill et taux d'occupation ont grimpé en flèche au deuxième semestre 2024 par rapport au premier, signes d'une activité qui s'est fragilisée en quelques mois. (crédit : D.F.)
De timides hausses pour 2025
Pour l'an prochain, la morosité ambiante actuelle va-t-elle persister ? En 2025, la tendance d'une croissance du chiffre d'affaires du secteur numérique français de 4,1 % à 72,2 Md€ est envisagé. Avec à la clé des progressions pour les éditeurs et plateformes cloud de 9 % (29,3 Md€), de 1,3 % pour le conseil en technologies (8,1 Md€) et d'un (très) timide +0,9 % à 34,8 Md€ pour les ESN. "La dynamique sera un petit peu supérieure en fait car il va y avoir un jour de plus à facturer ce qui n'est pas neutre dans nos activités de service", a fait savoir Charles Mauclair, administrateur et président du Collège ESN et ICT de Numeum.
"Au-delà des chiffres, il y a un climat d'incertitude et nos clients sont dans une phase d'attentisme et ne sont pas enclins à investir", a lancé Véronique Torner, présidente de Numeum en clôture du point presse. "Le message que l'on veut porter est qu'il faut soutenir les investissements et continuer à investir malgré un climat qui est inquiétant et incertain [...] L'Europe est en décrochage en termes de productivité par rapport aux Etats-Unis et à la Chine. Pour le rattraper et revenir dans la course il faut que les entreprises investissent dans les technologies et dans l'innovation."
Les plans de recrutement ont également été revus à la baisse compte tenu des circonstances actuelles. (crédit : D.F.)
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