Réuni récemment à Davos, le World Economic Forum (WEF) n'est pas insensible à la déferlante de l'IA dans plusieurs secteurs. L'association a choisi de l'aborder sous l'angle de l'emploi à travers une étude nommée « Future of Jobs 2025 ». Elle indique notamment que d’ici 2030, près de 92 millions de postes pourraient être supprimés en raison de l’automatisation et de l’adoption massive de l’IA dans divers secteurs. En effet, 41% des entreprises ont l'intention de réduire leur main-d'œuvre au cours des cinq prochaines années, car de nombreuses tâches seront robotisées et assistées par l'IA. Dans un même temps cette vague pourrait générer 170 millions de nouveaux emplois notamment dans des domaines du numérique.

L’élargissement de l’accès numérique est considéré comme la tendance la plus transformative, avec 60% des employeurs prévoyant qu’elle bouleversera leur entreprise d’ici 2030. Les avancées technologiques, notamment en intelligence artificielle (86%), en robotique et automatisation (58%), auront également un impact majeur.

Trouver un équilibre entre automatisation et collaboration humaine

L'étude souligne l’importance pour les entreprises d’adopter une approche équilibrée, visant à outiller les employés pour collaborer avec les systèmes d’IA, plutôt que de les remplacer. Dans ce cadre, l'IA générative constitue une aide pour améliorer les compétences humaines et accompagner les employés moins qualifiés vers des tâches plus complexes. Ainsi, des postes dans des métiers tels que la comptabilité ou l'assistance pédagogique pourraient être transformés par l’adoption de l'IA.

Ces avancées dépendent de la capacité des entreprises et des gouvernements à orienter la technologie vers le renforcement des compétences humaines. Sans cadre adapté, le risque d’accroître les inégalités et le chômage demeure.

Former pour l’avenir

Pour limiter les perturbations, le WEF insiste sur l’importance de la formation continue et de la mise en place de cadres réglementaires adaptés. Les compétences liées à l’IA, en particulier la GenAI, sont de plus en plus demandées, notamment dans des pays comme l’Inde et les États-Unis.

Depuis la pandémie de Covid-19, les employeurs ont identifié des soft skills essentielles pour répondre aux défis technologiques. Parmi elles, la pensée analytique, avec 70% des entreprises qui la jugent indispensable. S’y ajoutent la résilience, la flexibilité et le leadership, des qualités essentielles pour évoluer dans un monde professionnel en constante transformation.

L'Europe craint une détérioration de la disponibilité des talents

Alors que l’IA et l’automatisation redéfinissent le paysage professionnel mondial, l’Europe n’échappe pas à cette dynamique. Les tendances majeures qui façonnent le marché de l’emploi sur le continent incluent la digitalisation, la lutte contre le changement climatique et l’augmentation du coût de la vie. Ces moteurs de transformation, bien qu’offrant des opportunités, posent également des défis considérables.

Selon le WEF, 54 % des employeurs européens anticipent une détérioration de la disponibilité des talents d’ici 2030, une préoccupation qui dépasse la moyenne mondiale. Cette pénurie pourrait s’avérer un frein majeur dans un contexte où des compétences spécifiques, notamment en IA et en big data, sont de plus en plus recherchées.