En 2024, la dynamique du marché a profondément changé. Dans un contexte macroéconomique dégradé, marqué par une inflation persistante, des tensions géopolitiques et une raréfaction des liquidités, de nombreuses startups ont peiné à sécuriser de nouveaux financements. Un environnement propice aux défaillances qui selon une étude menée par ScaleX Invest (inscription requise pour y accéder) ont bondi en 2024. Malgré des levées de fonds totalisant 3,3 milliards d’euros, 10,4 % de ces entreprises ont rencontré des difficultés financières, dont 94 faillites, 41 en procédure collective et 20 sociétés ont été rachetées pendant la procédure). ScaleX a interrogé près de 1 500 jeunes entreprises ayant levé au moins 5 millions d'euros.
Un retournement brutal du financement
2024 a été marqué par un bouleversement du marché du capital-risque. Les financements se sont faits plus rares, les valorisations baissent et il devient plus difficile pour les startups de lever des fonds. Symbole de cette difficulté, l'étude montre que l'année dernière, un retournement brutal a eu lieu, avec plus de défaillances que de financements en série A. Après une forte croissance des tours de table entre 2015 et 2022, passant de 1,81 Md€ en 2015 à 14,5 Md€ entre mi-2021 et mi-2022, la tendance s’est inversée.
Les jeunes entreprises à croissance rapide (scale-up), de 6 à 8 ans, sont particulièrement touchées, prouvant que la phase d’hyper-croissance ne garantit pas une stabilité à long terme. Même les entreprises plus anciennes, entre 9 et 12 ans, peuvent se retrouver fragiles. Il devient également évident que lever des fonds ne suffit plus à garantir la pérennité d’une entreprise. En effet, les défaillances surviennent souvent trois ans après un tour de table, mettant en lumière des problèmes de rentabilité et d’adaptation au marché. La rentabilité et le passage à l'échelle sont d'ailleurs devenus des indicateurs clés. Les start-ups affichant un faible chiffre d’affaires par employé et des marges négatives sont particulièrement vulnérables. Une croissance rapide doit être accompagnée d’une solide trajectoire financière pour éviter les risques de faillite.
Profil des entreprises en difficulté
Le chiffre d’affaires par ETP (équivalent temps plein) reste un élément important pour différencier les entreprises résilientes de celles en difficulté. En moyenne, les entreprises en activité génèrent 213 k€ par ETP, contre 86 k€ pour celles en procédure collective et 33 k€ pour celles en faillite. Les start-ups affichant des marges durablement faibles et une absence de trajectoire claire vers la rentabilité peinent à convaincre les investisseurs. Les sociétés en difficulté enregistrent des marges nettes particulièrement dégradées (entre -293 % et -595 %), rendant leur accès aux financements quasi impossible, d’autant plus dans un contexte où la rentabilité est devenue un critère essentiel pour les investisseurs.
Par ailleurs, les faillites concernent désormais davantage d’entreprises matures. En moyenne, les entreprises placées en procédure collective avaient levé 32,5 M€, soit le double du montant observé l’année précédente. Ce phénomène illustre le durcissement des conditions de financement et la baisse des valorisations, qui compliquent l’accès au capital.
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