Plus de 50% des engagements de consommation durement négociés dans les contrats pluriannuels avec les prestataires de cloud restent inutilisés. C'est la conclusion surprenante d'une étude de la société de services indienne Infosys, qui a comparé la valeur des contrats signés par les DSI et directions des achats et les déclarations des géants du cloud au gendarme des bourses américaines, la SEC. Infosys évalue le total de ces crédits inutilisés à 321 Md$, soit pas moins de 53% de leurs engagements ! « Les entreprises qui ne respectent pas leurs contrats d'informatique dématérialisée risquent d'être confrontées à des coûts plus élevés lorsque les fournisseurs d'informatique dématérialisée renégocieront leurs contrats », prévient Infosys, qui a interrogé plus de 2 500 décideurs IT et métiers aux États-Unis, au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Australie, en Nouvelle-Zélande et dans les pays nordiques.
Un des exemples de cette sous-utilisation des contrats signés ? Celui de la société américaine Sabre, l'éditeur de logiciels spécialisés dans le voyage. En janvier 2020, elle signait un contrat de 10 ans avec Google, d'une valeur estimée à 2 Md$. 18 mois plus tard, Sabre n'avait réussi à consommer que 10 M$ de ressources cloud chez son partenaire. Depuis, la société assure avoir accéléré sa migration cloud, indiquant, au printemps 2023, que 69% de sa puissance de calcul tourne désormais sur GCP.
Une révision de tarif « blend and extend »
Si une entreprise ne parvient à tenir ses engagements de consommation au terme de son contrat, elle va renégocier en position de faiblesse. « Cela se produit si souvent qu'on lui a accolé un surnom : « blend and extend » (soit mélanger et étendre, NDLR). Le mélange fait référence à la révision tarifaire, établie sur une base mixte jusqu'à la fin du nouveau terme du contrat », écrit Infosys dans son rapport. Autrement dit, cette extension s'effectue sur des bases tarifaires moins intéressantes que le contrat initial. Or, selon l'étude, 70% des répondants indiquent que leur organisation a consommé moins de 50% de ses engagements cloud à date. Cette sous-utilisation du cloud ne semble toutefois pas remettre en cause l'appétit des entreprises pour ces environnements. Deux tiers d'entre elles ont ainsi accru leurs dépenses cloud en 2023 et 80% s'attendent à voir ces budgets de nouveau progresser l'an prochain.
Infosys relève encore qu'environ une entreprise sur deux peine à contrôler ses coûts dans le cloud. La variété grandissante des environnements mis en oeuvre explique pour partie ces difficultés : deux tiers des répondants à l'enquête indiquent que leur organisation a recours à trois ou quatre prestataires de cloud, un bond de 75% par rapport au niveau observé en 2021. Dans le même temps, la part des entreprises n'ayant recours qu'à un seul cloud est tombée de 21 à 7% en deux ans. Mais le manque de contrôle des coûts trouve aussi son origine dans des décisions silotées et dans une gouvernance erratique. 43% des répondants reconnaissent qu'au sein de leur organisation, n'importe quel dirigeant métier ou décideur IT est autorisé à déployer des ressources sur le cloud (la pratique est proscrite dans 49% des cas, tandis que 8% des répondants ignorent s'ils se situent dans un cas ou dans l'autre !).
« Notre rapport souligne la nécessité croissante pour les entreprises de faire face à la complexité grandissante du paysage cloud et d'élaborer la bonne stratégie pour mieux utiliser et gérer leurs ressources sur le cloud », résume Anant Adya, vice-président exécutif d'Infosys Cobalt, le département de la société de services spécialisée dans le cloud. Autrement dit de progresser dans leur courbe de maturité vis-à-vis de ces environnements, alors que les deux tiers des organisations ont démarré leurs usages du cloud entre 2011 et 2015.
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