Ce moment particulier où vous réalisez que vous échangez des emails avec un robot… C’est l’expérience vécue par Katherine Noyes, notre consœur d’IDG NS à San Francisco, qui, pour caler une interview avec le CEO de x.ai, a échangé des mails avec un dénommé Andrew. Après un premier contact avec le service de presse, celle-ci a été mise entre les mains de ce fameux Andrew pour bloquer la date du rendez-vous. Ce dernier lui a proposé une date et une heure, a remercié notre consœur quand elle confirmé que l’horaire lui convenait et lui a envoyé une invitation d’agenda. Et, si elle n’avait pas prêté attention à quelques indices, elle n’aurait jamais réalisé qu’Andrew n’était pas humain.
C’est justement là où se trouve la proposition de valeur de la startup x.ai. Fondée en 2014, l’entreprise a choisi de se consacrer à une seule chose : la planification des réunions. Aujourd’hui, la prise de rendez-vous peut facilement devenir un casse-tête, à cause des inévitables aléas, des reports, des annulations et tout ce qui en découle. Mais x.ai pense que son assistant personnel doté d’intelligence artificielle peut toujours arranger les choses. Il vous suffit d’envoyer un message en carbon copy (cc) à l'un d'eux, et « il » ou « elle » prendra les choses en main. L’intelligence artificielle des robots de x.ai est très différente de celle de Cortana ou de Siri, dans le sens où elle est exclusivement concentrée sur une tâche spécifique.
Comprendre et répondre aux questions
La technologie utilise deux fonctionnalités clés. D’abord, la compréhension du texte : le robot doit comprendre non seulement des mots clés, mais le texte intégral et le contexte des courriels. « Il ne peut y avoir aucune ambiguïté », a déclaré le CEO de x.ai, Dennis Mortensen. « Si l’interlocuteur écrit : « nous allons en faire une ». Qu'est-ce que cela veut dire ? Est-ce une heure ? Est-ce l’après-midi ? Est-ce une référence au fuseau horaire ? Amy doit comprendre l'intention ainsi que la date, l'heure, le lieu, les personnes impliquées et les contraintes ». Cette compréhension est au moins aussi compliquée que la seconde fonction : répondre par écrit comme le ferait un être humain. « Andrew doit savoir utiliser des mots en totale cohérence avec l’objet et le dialogue », a expliqué le CEO. « Il doit aussi s’assurer que la conversation ne tourne pas en rond ».
Cela signifie qu’il doit éviter toutes les tournures de phrase potentiellement ambigües au cours de la conversation. « L’interlocuteur ne doit pas douter des informations qui lui sont transmises, et si quelqu'un a besoin de reporter ou d'annuler un rendez-vous, Andrew doit comprendre que c’est un évènement regrettable », a ajouté Dennis Mortensen. « Il a besoin d'avoir de l'empathie, mais il doit aussi faire ce qu’il faut pour proposer une solution ». Une combinaison de l'apprentissage en profondeur, de l'apprentissage machine, des réseaux neuronaux et d'autres techniques d'intelligence artificielle, des domaines toujours en évolution, rend l'offre de x.ai possible. « Nous avons besoin d'une telle précision que nous essayons de trouver la meilleure technique pour chaque type de problème », a encore expliqué le CEO de x.ai.
Un lancement dans les starting-blocks
Les fonctions sont encore en version bêta, mais la start-up confie de plus en plus de réunions à planifier à ses robots. « En février, le nombre de réunions prises en charge par Andrew et Amy a augmenté de 27 % par rapport au mois de janvier, et il encore augmenté de 28 % en mars », a déclaré l’entreprise. Hier, x.ai a levé de nouveaux financements de série B à hauteur 23 millions de dollars, en plus des 12 millions de dollars levés précédemment. Ce qui montre que la startup a déjà une certaine assise et que son activité intéresse des investisseurs privés de plus haut rang. X.ai prévoit d'utiliser ces nouveaux fonds pour recruter un plus grand nombre de data scientists et pour financer le déploiement de ses éditions pro et business plus tard cette année.
Denis Mortensen n'exclut pas d’élargir la portée de son système à d’autres domaines, mais pour l'instant, il veut continuer à améliorer les capacités de x.ai sur la planification des réunions. « Aux États-Unis, chaque année, les entreprises planifient plus de 10 milliards de réunions », a-t-il déclaré. « Voilà quel est notre terrain de chasse. Et nous voulons nous y consacrer pleinement sans nous disperser. Nous voulons être les premiers mondiaux dans cette activité ». Et à ceux qui s’inquiètent de la montée en puissance d'une génération de robots dominants, Denis Mortensen répond : « En 2012, j’ai moi-même organisé 1019 réunions », dit-il. « Certains soirs, j’en aurai pleuré ».
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