La première semaine de 2022 est à peine terminée que la France compte déjà une nouvelle licorne. Payfit est en effet désormais valorisé 1,82 Md€ avec sa solution RH en SaaS. Fondée en 2015 par Firmin Zocchetto, DG, Ghislain de Fontenay, directeur de l’innovation lab et Florian Fournier, DGA, elle a réalisé cette série E auprès de trois de ses investisseurs historiques Eurazeo, Accel et BPI France et d’un nouvel entrant, l’États-Unien General Atlantic.
Destinée aux TPE et PME, la solution de la jeune pousse, automatise la création des bulletins de paie et certaines fonctions RH comme le suivi du temps de travail, des notes de frais ou des congés, la gestion des entrées et sorties de personnels, etc. L’idée de départ de ses fondateurs consistait à rendre les petites entreprises autonomes dans leur gestion de la paie. Ses clients comptent entre 2 et 500 employés environ, avec un effectif moyen de 24 personnes. Des structures la plupart du temps contraintes de faire appel à un intermédiaire, un expert-comptable.
Un langage de programmation maison pour intégrer les règles du Code du travail
L’originalité de Payfit par rapport à l’offre de progiciels plutôt réservée aux grandes entreprises a été de créer dès son démarrage son propre langage de programmation. Jetlang permet d’intégrer facilement le contenu de codes du travail français et internationaux sur le modèle du low code. Les équipes de la start-up adaptent ainsi rapidement l’outil aux besoins de ses clients, au droit du travail d’un pays, à de nouvelles réglementations permanentes ou temporaires. « Le droit du travail français est très complexe, rappelle Nicolas Woussen, DAF de Payfit. L’outil permet de le traduire facilement. En 2020, lors du premier confinement par exemple, nous avons pu intégrer les règles liées à cette pandémie comme le chômage partiel en 15 jours. Tout était prêt dès la fin mars. » Dans un contexte plus classique, il suffirait par exemple d’une demi-journée pour intégrer une nouvelle convention collective, selon la start-up. « Les États-Unis ont ce type de solutions depuis 10 à 15 ans, insiste Nicolas Woussen. Mais en Europe, à quelques exceptions près de toutes petites sociétés, nous sommes les seuls. »
Beaucoup de petites entreprises rechignent à digitaliser leur gestion de paie et leur RH par manque de budget, de temps, de ressources humaines. « Nous pouvons sortir fin janvier les premiers bulletins de salaire d’un client qui aura signé avec nous le 15 janvier, insiste le DAF de la start-up. Nous avons des équipes d’intégration des nouveaux clients qui s’occupent de récupérer les informations nécessaires auprès de leurs collaborateurs.» Par ailleurs, logiciel en SaaS, Payfit fonctionne donc par abonnement. « Les clients payent une partie fixe d’un peu plus de 100 euros mensuels, précise Nicolas Woussen. Et ils payent ensuite une part par employé. Elle est d’environ 20 euros par bulletin de salaires auxquels il faut éventuellement ajouter d’autres fonctions. » Des tarifs adaptés sont prévus pour les plus petites sociétés.
Passer de 800 à 1200 employés dès 2022
La levée de fonds va servir à faire grossir cet effectif de 400 nouveaux employés encore en 2022 principalement dans les équipes produit, du commercial et du service client.. Une forte croissance puisque Payfit compte aujourd’hui déjà plus de 800 personnes, dont l’immense majorité travaille en France. « Ce sera un mix avec beaucoup d’ingénieurs, de développeurs, de product managers, de designers, de spécialistes de la sécurité et de la conformité, égrène Nicolas Woussen. Nous pilotons des données sensibles pour nos clients et nous sommes soumis à beaucoup de normes. Nous sommes conformes ISO 2700. »
L’injection nouvelle de capital va permettre à Payfit de consolider sa croissance. Son chiffre d’affaires, qu’elle ne dévoile pas, a doublé en deux ans, et crû de 70% entre 2020 et 2021. Elle a quasiment doublé le nombre de ses clients l’an dernier pour atteindre une base de 6000 sociétés. « La levée va servir nos ambitions très fortes d’accompagner nos clients dans la durée », précise Nicolas Woussen. Pour cela, la jeune pousse a des projets de renforcement de sa présence internationale, d’amélioration de ses outils, et de la qualité de son produit et de ses services de façon générale. « Nous avons deux objectifs qualité, précise le DAF de la start-up. La qualité du service client, d’une part, avec une amélioration des SLA (accord de niveau de service), la mise en place d’un live chat avec les clients et de la possibilité d’appels rapides. D’autre part, la qualité produit avec un effort continu d’amélioration sur les expériences clients clés sur le site comme l’arrivée d’un nouveau collaborateur ou l’édition d’un bulletin de paie. »
Licorne, un label d’attractivité pour les candidats et les clients
Outre la levée de fonds proprement dite, que change le fait d’être une licorne ? Pas mal de choses, finalement, si l’on en croit Nicolas Woussel. La visibilité, bien sûr. Mais aussi la capacité à mieux recruter, sur un marché que l’on sait très tendu. « Nous avons besoin de beaucoup de personnes, et cela nous rend attractifs, estime le DAF. Cela nous permet d’offrir de bonnes conditions de travail et les outils adéquats. Cela rassure aussi nos clients qui savent que la solution sera durable, stable, et que nous pouvons investir dans son évolution. »
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