Le Monde Informatique. Pourquoi lancer une 2e édition de Bpifrance Inno Génération et quelles nouveautés prévoyez-vous par rapport à l'année dernière ?
Paul-François Fournier. L'idée originelle que nous avons eu en lançant Inno Génération venait du fait que Bpifrance déployait beaucoup d'actions et d'énergie en régions. Nous nous sommes alors demandé : pourquoi ne pas faire un grand rassemblement et permettre à tous les entrepreneurs de France de parler entre eux, d'échanger, de se rencontrer. Et cela a été un succès avec plus de 15 000 inscrits et plus de 12 000 présents. Vous savez, les gens se battent au quotidien pour faire avancer leur entreprise et nous pensons qu'il est de notre rôle de montrer la puissance de tout cet écosystème entrepreneurial qui se développe et que l'on rende grâce à toute cette énergie déployée.
Bpifrance Inno Génération 2 [qui se déroule sur 24h du 25 mai 12h au 26 mai 12h, une partie de la nuit comprise, NDLR], est constitué de plusieurs temps forts. L'événement le plus visible est ce que l'on appelle la scène du bang où interviendront une grande diversité de patrons du CAC40 dont Carlos Tavares (PDG de PSA Peugeot-Citroën), Geoffroy Roux de Bézieux (entrepreneur) ou encore Xavier Niel (PDG de Free) qui revient. Mais aussi Jacques-Antoine Granjon (PDG de Vente-privee.com), Gilles Pélisson (PDG de TF1)... Des patrons de start-ups seront là comme Jean-Baptise Rudelle (PDG de Criteo), Frédéric Mazzella (PDG de BlaBlaCar), des étrangers aussi. Tous ces patrons vont intervenir 9mn autour du thème Changer le monde pour partager les moyens pour faire évoluer positivement le monde.
Il y aura également une centaine d'ateliers thématiques, sur un format d'1h30, abordant des sujets aussi variés que le design, la gastronomie connectée, les bâtiments autonomes, les voitures sans chauffeurs...Les meilleurs spécialistes s'exprimeront devant 200 à 250 personnes. Il va y avoir aussi de très nombreuses occasions de se rencontrer avec des espaces où toutes les régions seront représentées mais aussi des sessions de pitch, 50 pays connectés, un concert... Bpifrance Inno Génération 2 va être un chaudron de l’écosystème de l’entreprenariat de la mode, du luxe, de l’industrie, de l’agroalimentaire, de l’industrie 4.0… A ce jour plus de 28 000 personnes sont inscrites pour cette deuxième édition qui va se tenir à l'AccorHotels Arena de Paris. Nous avons par ailleurs fait évoluer l'appli mobile pour encourager et faciliter les rencontres entre les participants. Nous comptons sur cette app réalisée par la start-up nantaise Goomeo pour dynamiser les échanges et les rencontres.
Quelles différences percevez-vous entre l'innovation des entreprises d'hier et celles d'aujourd'hui ?
Le regard porté par les entreprises sur l'innovation est aujourd'hui de plus en plus positif même si cela n’a pas toujours été le cas. Cela ne veut pas dire que l'on ne voit pas les problèmes mais notre première conviction c'est que l'innovation n'est plus une option. Ce qui a changé depuis 10 ou 15 ans, c'est qu'elle pouvait soit être le coeur d'activité, soit une opportunité dans un contexte de mondialisation, mais est désormais aujourd'hui ancrée dans la culture technologique de la France. Et ce qui est nouveau, c’est qu'elle est aussi vue comme un levier important pour se développer à l’international.
De plus en plus de start-ups s'installent à l'étranger pour créer une filiale de leur entreprise française, tant mieux. Nous ne voyons pas de mouvement massif de start-ups qui partent définitivement s'installer à l'international mais il est normal que les start-ups françaises créent leur filiale par exemple aux Etats-Unis pour adresser un marché aux perspectives commerciales très importantes. Ce que je perçois c'est cependant que la France manque encore d'ETI innovantes et internationales. Pour accompagner le développement de toutes ces entreprises et leur permettre d'être plus efficaces, Bpifrance a d'ailleurs créer des produits spécifiques tels que les prêts innovation et mis en place des programmes d'accélération au travers de coaching rapproché notamment, mais aussi d'outils comme le diagnostic conseil dans différents domaines comme le digital, le big data.
Pensez-vous que l'innovation est avant tout une question de taille et de ressources ?
Il y a eu un changement profond. Avant, il y avait une culture très technologique de l'innovation mais aujourd'hui e n’est plus que cela. Elle est liée aussi bien à des usages, de l'organisation, un modèle d'affaires et parfois même à un enjeu social. Pour dire que l'on est une PME innovante, on n'a pas besoin de dire que l'on a 10 personnes en R&D qui travaillent sur des innovations. Dans certains cas, prenez l'exemple de BlaBlaCar, la technologie est importante mais pas autant que le coeur du produit orienté usage et modèle d'affaires. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des compétences derrière mais que la technologie ne fait pas tout.
Vous avez choisi d'accompagner France Entreprise Digital, le Grand Prix de l'Entreprise Numérique [lancé par Le Monde Informatique, NDLR ] en étant partenaire. Pour quelle raison ?
Le sujet du digital est un marqueur de l'innovation et aujourd'hui la transformation digitale est une clé de la constitution de tout cet écosystème. On aime bien la culture de France Entreprise Digital portée par les valeurs de l'entreprenariat, du partage, de l'échange. La dimension régionale de ce prix correspond aussi à la nôtre et des personnes que l'on côtoie au quotidien. Il s'agit là d'une différence forte par rapport aux écosystèmes Tech allemand ou anglais où tout est centralisé.
Paul-François Fournier est directeur exécutif en charge de l'innovation de Bpifrance. Ancien élève de polytechnique et diplômé de Telecom ParisTech, Paul-François Fournier rejoint le groupe France Telecom Orange en 1994 en tant qu’ingénieur d’affaires et travaille pendant sept ans dans le développement des services en entreprise. En 2001, Paul-François Fournier est nommé directeur du Business haut débit de Wanadoo où il assure le décollage en France des offres ADSL. Il participe également à l’activité du groupe sur le plan international en tant que membre du Comité Exécutif du Groupe Wanadoo. Il mène ainsi des projets stratégiques comme le lancement de la Livebox et de la voix sur IP en partenariat avec Inventel et Netcentrex, des start-up françaises. Paul-François Fournier prend la direction de l’exécutif du Technocentre d’Orange dès 2011 où il est en charge de l’innovation produits. Il a favorisé des méthodes d’organisation plus régionales et décentralisées comme le montre la création des Technocentres d’Amman et d’Abidjan. Depuis avril 2013, Paul-François Fournier est le directeur exécutif de la direction Innovation de Bpifrance.
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