Alors que les menaces informatiques ne cessent de se multiplier et de gagner en complexité, la pénurie mondiale de professionnels de la cybersécurité s’accentue. C’est ce que souligne Trellix, l’un des spécialistes du secteur dans une étude menée avec le cabinet Vanson Bourne. A cette occasion, plusieurs milliers de professionnels de la cybersécurité oeuvrant dans divers secteurs d’activité ont été interrogés en France, en Allemagne, en Australie, au Brésil, au Canada, aux États-Unis, en Inde, au Japon et au Royaume-Uni. Dans l’Hexagone, le constat est sans appel : 83 % des professionnels français interrogés estiment que cette pénurie de main-d’œuvre impacte la capacité de leurs entreprises à sécuriser leurs systèmes d’information et réseaux. A cela s’ajoute le fait que près d’un tiers (33 %) des personnes qui travaillent actuellement dans ce domaine en France prévoient de changer de métier à l’avenir. Face à ces indicateurs, le rapport note de sérieux manquements dans la formation professionnelle et la validation des qualifications, des facteurs jugés très ou extrêmement importants pour étoffer la main-d’œuvre.
Ainsi, si certains pays (comme la Russie et la Chine) investissent énormément dans l’accompagnement des talents en cybersécurité au travers de formations financées par l’État, nombre de pays sont dépourvus de tels programmes. En France, la majorité (84 %) des personnes œuvrant dans le secteur sont titulaires d’un diplôme universitaire lié aux technologies de l'information, à l'informatique et à la technologie, avec ou sans spécialisation en cybersécurité. Ils sont également plus de la moitié (56 %) à juger les diplômes inutiles à la poursuite d’une brillante carrière dans la cybersécurité. Prônant l’importance de la formation continue, la plupart des professionnels interrogés (95 %) sur le territoire estiment que le développement du mentorat, des stages de longue durée en entreprise et de l’apprentissage favoriserait l’accès de collaborateurs issus d’horizons divers à des postes en rapport avec la cybersécurité.
Travailler sur l'attractivité des professions cyber
La quasi-totalité des sondés (94%) pensent que leurs employeurs pourraient mieux faire s’agissant du recrutement de collaborateurs au bagage atypique, dépourvus d’expérience en cybersécurité. D’ailleurs, ils sont 44 % à déclarer avoir suivi antérieurement d’autres parcours professionnels. Les efforts déployés pour promouvoir les métiers de la cybersécurité (38 %), les incitations pour amener les étudiants à suivre un parcours professionnel orienté STIM (sciences, technologies, ingénierie, mathématiques) (41 %), et les financements complémentaires (39 %) pourraient être les aspects les plus susceptibles d’attirer des vocations dans le secteur de la cybersécurité. Malgré ces points noirs, la sécurité IT reste perçue comme un secteur d’avenir. L’enquête établit que la grande majorité des professionnels interrogés (92 %) jugent les fonctions exercées dans ce domaine plus intéressantes aujourd’hui qu'auparavant. Une proportion analogue (92 %) souligne l’aspect constructif et porteur de sens d’un travail qui les motive.
Plus de la moitié des répondants (51%), soit 1 Français sur 2, déclarent travailler dans le domaine de la cybersécurité parce qu'il est « progressif et évolutif » et qu'ils aiment « explorer des sujets stimulants ». 34 % précisent que la cybersécurité ne cesse de gagner en pertinence, et que des postes seront toujours disponibles pour justifier le fait qu’ils restent dans le métier. En moyenne, les personnes interrogées déclarent travailler dans le domaine de la cybersécurité depuis 9 ans, et c'est donc un parcours professionnel qui promet une certaine longévité. Pour autant, les professionnels de la cybersécurité ont soif de reconnaissance : 38 % ont le sentiment qu’aucune gratitude ne leur est témoignée pour le bien qu’ils font à la société.
La France, bonne élève en matière de parité
Enfin, la diversité des genres reste un élément essentiel pour les professionnels de la cybersécurité installés sur le marché français. Si la grande majorité sont des hommes (70%), le pourcentage de femmes déclarant travailler en cybersécurité reste le plus élevé par rapport aux voisins européens. Il s’élève à 29% des répondants en France, contre 5% pour le Royaume-Uni et 7% pour l’Allemagne. Engagés sur le sujet de la parité, les cybers spécialistes français estiment à 96% qu’il est important de prendre des mesures pour l’égalité des salaires, l’inclusivité homme-femme (98%) et la diversité des effectifs (97%).
Commentaire