« Sun avait un objectif beaucoup plus ouvert pour Java, qui comprenait les applications middleware pour l'entreprise, mais aussi celles pour le PC, les appareils mobiles, et les systèmes embarqués. Or, Oracle est d'abord et avant tout en train d'axer le développement sur le middleware d'entreprise, parce que c'est là où la rentabilité se trouve, » peut-on lire en conclusion du rapport publié par les deux analystes. Ceux-ci mettent en garde sur le fait que, s'il devient un langage spécialisé serveur pour les clients d'Oracle et d'IBM, Java pourrait perdre une partie de son importance auprès de la communauté du développement à travers le monde.
Depuis l'annonce du rachat de Sun Microsystems, dont l'acquisition est effective depuis un an, le PDG d'Oracle Larry Ellison a souvent vanté les mérites du langage de programmation Java hérité de Sun, le qualifiant même d'un des apports les plus précieux de la transaction. Mais cette haute opinion de Java ne signifiait pas que les atouts du langage de programmation de Sun pourraient profiter à tous. A de nombreux points de vue, depuis le rachat, le positionnement d'Oracle vise à un usage plus restreint du langage de programmation. « Alors que l'essentiel de la spécification Java est Open Source, Oracle contrôle de manière stricte les variantes libres grâce à son droit intellectuel sur la marque déposée Java, » soutiennent les analystes.
Des risques de migration vers d'autres langages
Oracle jouit également d'une forte position auprès de la JCP (Java Community Process), l'organe indépendant chargé de superviser le développement du langage Java. Mais, au mois de décembre dernier, l'Apache Software Foundation (ASF) a décidé de ne plus participer au JCP pour protester contre certaines décisions d'octroi de licence prises par Oracle à propos de Java. Oracle a bien demandé à l'ASF de reconsidérer ce départ, mais en vain. « La perte du soutien de l'Apache Software Foundation mine la crédibilité d'Oracle en tant que partenaire auprès des geeks alpha Java auxquels on doit tant d'innovations indépendantes en faveur du langage » écrivent les deux analystes sur un blog. Ils ajoutent « au lieu de soutenir l'ASF, Oracle semble courtiser IBM, mettant tout son poids dans la version libre du langage de programmation Java OpenJDK soutenue par Big Blue. » Dans un autre rapport récent, John Rymer constate que WebSphere 7 d'IBM est le plus robuste serveur d'application Java, tout en soulignant qu'Oracle évite ainsi de s'atteler à l'une des faiblesses actuelles du langage de programmation, à savoir sa complexité. « Cette dernière pourrait conduire les développeurs à envisager plus facilement d'autres solutions comme Microsoft. NET ou Ruby on Rails pour un usage interne ou pour le cloud. Elle pourrait également stimuler le développement de frameworks externes, comme Spring, et détournerait les développeurs en les éloignant du travail essentiel à mener sur Java. »
Pour réaliser ce rapport, les analystes de Forrester ont interrogé 12 entreprises et organisations directement concernées par le développement du langage Java, dont Oracle, IBM, Red Hat, Microsoft et l'ASF. Ils ont aussi réalisé des sondages auprès d'utilisateurs Java soit via le blog du site de Forrester, soit lors d'événements comme JavaOne. Jusque-là, Oracle a refusé de réagir à ce rapport.
Oracle orienterait Java principalement vers un usage entreprise
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Jeffrey Hammond et John Rymer, deux analystes de Forrester Research, soupçonnent Oracle de vouloir limiter l'évolution de Java en focalisant le développement du langage à une utilisation entreprise, au détriment des objectifs de la communauté Java, plus larges et plus diversifiés.
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