Oracle avait-il prémédité de s’en prendre à Google lorsqu’il a décidé de mettre la main sur Sun Microsystems en 2009 ? Non, a assuré ce lundi Safra Catz, co-CEO d’Oracle, devant les jurés de la cour fédérale de San Francisco. Audience après audience, les arguments continuent à s’échanger dans ce procès entamé il y a 6 ans contre Google par Oracle. La firme de Larry Ellison reproche à Google d’avoir abusivement utilisé le langage Java, créé par Sun, pour concevoir son OS mobile Android.
Elle voudrait lui faire payer des droits de licence. Depuis le début du différend, le préjudice qu’Oracle dit avoir subi s’est alourdi. La firme de Larry Ellison réclame maintenant 9,3 milliards de dollars à Google pour l’utilisation de 37 API Java dans Android. Google de son côté voudrait que l’on considère qu’il fait de ces API un usage loyal (« fair use ») qui ne tombe pas sous la loi du copyright.
Des discussions non abouties avec Google dans les mobiles
Devant les jurés californiens hier, Safra Catz a indiqué que Sun avait été racheté parce que l’importance de Java était stratégique pour Oracle et qu’il ne voulait pas risquer de voir le langage de développement acquis par l'un de ses concurrents. Il lui fallait donc protéger les produits qui s’appuyaient sur les technologies de Sun. La semaine dernière, c’est Jonathan Schwartz, CEO de Sun au moment du rachat par Oracle, qui est venu témoigner, appelé par Google. Répondant aux questions posées par les avocats, il a confirmé que Java était libre d’utilisation dans les années 90, la stratégie de Sun étant de créer une large communauté de développeurs.
Jonathan Schwartz a également reconnu qu’il avait eu des discussions avec Eric Schmidt, alors CEO de Google, sur un éventuel partenariat dans le domaine des mobiles, mais que cela ne s’était pas fait. La semaine précédente, Eric Schmidt avait lui-même été entendu.
Ce n'était pas l'objectif principal, mais un des objectfs poursuivis par Oracle. Hélas, le premier objectif (vendre du hardware avec du software) s'est révélé être un fiasco complet car les machines de Sun, face à un marché qui évolue vers le cloud, ne valent plus grand chose (comme l'a reconnu un des propres pontes de chez Oracle, Keith Block). Avoir si Oracle pourra au moins rentabiliser Java via la procédure judiciaire.
Signaler un abusDe la même façon, quand Oracle a racheté PeopleSoft et Siebel c'était dans l'objectif de détruire des concurrents qu'il ne pouvait pas émuler, et ensuite arrêter la maintenance pour obliger les clients à migrer sur les propres produits Oracle (EBS, Fusion). Hélas, cela s'est retourné contre Oracle car la majorité des clients Siebel ont préféré migré vers Salesforces et ceux de PeopleSoft vers Workday.
Ahmed Limam
Ancien directeur Oracle
paris