À défaut d’annoncer une version on premise de Database 23ai, Oracle a fait savoir aux clients de sa Database 19c sur site que son support Premier sera étendu au 31 décembre 2029, et celui d’Extended au 31 décembre 2032. Par rapport au calendrier 2024-2027 annoncé en 2022, la prolongation du support étendu augmente la durée de vie du produit de cinq années supplémentaires. Oracle adopte les approches d’entreprises comme SAP, qui a accordé des sursis à ses clients S/4HANA on-prem. Cependant, comme SAP, Oracle appliquera des restrictions. Ainsi, au cours de la période allant du 1er mai 2027 au 31 décembre 2032, big red exclura la prise en charge des bibliothèques cryptographiques BSAFE, Java ou tout produit lié à Java, Transport Layer Security (TLS), Native Network Encryption, Transparent Data Encryption, DBMS_CRYPTO programmatic encryption, les utilitaires C et Java, et la conformité FIPS.

Les versions 19c et 23ai de Database sont actuellement les deux versions à long terme du fournisseur. Livrée en septembre 2023, la 23c a été renommée 23ai en mai 2024, et elle est désormais disponible dans les offres Cloud Infrastructure (OCI), Exadata et Database Appliance. L’an dernier, le fournisseur avait justifié ce changement de nom par « l'importance de la technologie d'IA ajoutée ». Le support Premier de la version s'étend jusqu'au 31 décembre 2031, la date de fin du support étendu n'ayant pas encore été annoncée. Dans son guide de mise à jour, Oracle indique que « pour la longévité du produit et l'application de correctifs, Oracle recommande fortement de passer à la version 19c, c'est-à-dire la version Long Term sur site actuelle, avec une date de fin de support fixée au 31 décembre 2032, ou au 31 décembre 2029, si le client choisit de ne pas payer les frais de support étendu ou d’opter pour contrat de licence illimité ULA (Unlimited license agreement de licence illimitée). À noter que la prochaine version LTS à venir sera la version 23ai et qu’il faudra utiliser la version 19c ou une version ultérieure pour passer à la version 23ai.

Un travail de migration à ne pas prendre à la légère

Selon les analystes, Oracle essaie probablement de pousser ses clients vers le cloud en ne proposant pas de version sur site de 23ai. « D'un point de vue commercial et technologique, on peut se demander pourquoi la version 23ai n'est pas encore disponible pour les environnements sur site », a déclaré Scott Bickley, conseiller à l'Info-Tech Research Group. « Oracle a peut-être besoin de continuer à tester les performances de la version 23ai sur un ensemble de configurations de serveurs typiques que l'on trouve sur site afin d'assurer la parité des performances avec les capacités de Database 23ai sur OCI et Exadata. Mais il est aussi possible qu’Oracle cherche à mettre l'accent sur ses offres cloud et à conserver les fonctionnalités les plus pointues liées aux migrations cloud. Cette dernière hypothèse me semble la plus probable, mais c’est une spéculation car Oracle n'a pas officiellement répondu à cette question ». M. Bickley fait remarquer que ce choix s'aligne sur les concurrents d'Oracle, en particulier SAP, qui n'innove plus sur son produit et sa base de données S/4HANA sur site, et réserve ses efforts au cloud. « Pour certains, c’est un petit coup de pouce d'Oracle pour inciter les entreprises à déplacer leurs environnements Oracle vers le cloud », a déclaré Matt Kimball, vice-président et analyste principal, data center compute and storage, Moor Insights & Strategy. « Le fait de ne pas prendre en charge la 23ai sur site peut sans doute être considéré comme un léger coup de pouce. Par contre, ne pas prendre en charge toutes les fonctionnalités d'IA de la version 19c comme AI Vector Search, RAG et AI Assistant, ça l’est moins », a-t-il estimé.

« La plupart des entreprises qui utilisent des charges de base de données Oracle le font parce qu'elles ont besoin de performances et de temps de latence de niveau professionnel, ainsi que de caractéristiques et de fonctionnalités avancées. La mise à niveau des bases de données n’est pas une tâche banale. Elle nécessite une planification, des tests et une exécution méticuleuse, car ces bases de données exécutent souvent des charges de travail internes critiques ou génératrices de revenus. Le passage de la version 19c à la 23ai représente un écart important que de nombreuses entreprises classiques sur site n'ont peut-être pas envie de franchir dans l'immédiat, par prudence ou tout simplement parce qu’elles n’ont pas le budget nécessaire pour cela », a-t-il ajouté. De plus, M. Bickley note que les nouvelles capacités d'IA n'ont pas encore démontré un retour sur investissement positif. « Oracle utilise peut-être une approche push/pull : d’un côté, elle fournit une piste pour que les charges de travail existantes puissent être exécutées sans entrave, mais elle exige une migration plus complète vers OCI ou son Exadata/Oracle Database Appliance. »

Database 23ai on premise pour l'instant aux abonnés absents

Matt Kimball de Moor Insights & Strategy est du même avis. « Contrairement à ce que d'autres peuvent dire, je ne serais pas surpris qu'Oracle ne propose pas sa base de données 23ai en version traditionnelle sur site », a-t-il abondé. « Je pense que la version 19c ne vise pas à étendre les environnements sur site existants jusqu'à ce que la version 23ai soit prête, mais que c’est plutôt une reconnaissance du fait que cette distribution très populaire a encore une empreinte client importante et qu'elle doit être entretenue, en particulier parmi les très gros clients qui n'ont pas l'intention de migrer, indépendamment de l'absence de fonctions d'intelligence artificielle », a-t-il expliqué. « La version 23ai (et au-delà) s'adresse donc aux centres de données modernes qui créent et stockent des données dans de multiples formats, mais qui doivent les utiliser toutes à mesure qu'elle rend l'IA opérationnelle dans l'ensemble de l’entreprise », a conclu M. Kimball. « Oracle Database 19c suit une voie parallèle pour ceux qui veulent simplement un environnement de base de données SQL super performant, résilient et sécurisé. »