Oracle n'est pas considéré comme un des leaders du cloud public IaaS. Mais l'entreprise espère devenir un rival plus sérieux en combinant ses services d'infrastructure - axés sur des services de base de données - avec une suite de développement d'applications et de logiciels. Lors de son événement Cloud World qui s’est tenu hier à New York, les dirigeants de l'entreprise ont dévoilé leur stratégie pour rivaliser avec des concurrents comme Amazon Web Services, Microsoft Azure et Salesforce.com.
Dans une déclaration restée célèbre, le fondateur et désormais CTO d’Oracle, Larry Ellison, avait remis en question la notion même de cloud, estimant que la technologie n’était qu’une tendance à la mode. Depuis, l’entreprise a investi massivement dans l'ingénierie pour construire sa plate-forme cloud, et elle a commencé à livrer ce que les analystes appellent un produit viable a minima sur le marché du cloud public IaaS.
Des instances serveurs pour tous les besoins
Hier, Oracle a expliqué comment elle prévoyait de faire évoluer son offre cloud dans les domaines suivants. Le cloud IaaS d'Oracle propose trois types d’instances : des serveurs Linux et Windows physiques, c’est à dire non virtuels, qui permettent d’isoler les charges de travail des clients ; des serveurs virtuels, sur lesquels les clients partagent des ressources d'infrastructure avec d'autres clients ; et des serveurs bare-metal exécutant des conteneurs Docker. « Aucun autre acteur du cloud public n'offre cette capacité », a déclaré le président produits d'Oracle, Thomas Kurian. Selon lui, les serveurs physiques de l'entreprise permettent d’isoler à 100 % les charges de travail. À noter cependant qu’IBM propose aussi des serveurs bare metal.
Par ailleurs, sur ce marché, les offres de computing sont très différentes. On trouve aussi bien des machines bon marché (à 0,10 dollar HT de l'heure) que des machines intégrant entre 32 et 44 processeurs Intel, 1 To de DRAM, assorties d’offres de stockage en local allant de 29 à 60 To et pouvant offrir jusqu’à 1 million d’I/O par seconde (IOPS). Thomas Kurian prétend que le cloud d’Oracle revient 20 % moins cher que celui d’AWS, pour 7 à 10 fois plus de performance.
Réseau : Thomas Kurian affirme aussi que le cloud d'Oracle est construit sur un réseau virtualisé qui isole le trafic client dans des réseaux virtuels « entièrement encapsulés ». Selon lui, cette configuration permettrait une meilleure qualité de service – elle éliminerait notamment l’effet « noisy neighbor », un problème d’interférence affectant les hébergements partagés - et une meilleure sécurité.
Stockage : Le cloud d’Oracle propose des systèmes de stockage objet, bloc et fichiers.
Bases de données : Selon Thomas Kurian, les bases de données d’Oracle représentent le plus grand élément différenciateur. Le prix des bases de données d’Oracle démarre à 175 dollars HT par mois. Elles peuvent offrir jusqu’à 240 To de stockage et intégrer jusqu’à 246 cœurs physiques, sans compter les plates-formes Exadata hébergées. Elles utilisent toutes le même langage API et SQL. « Le cloud d’Oracle supporte plus de 500 projets open source », a également précisé Thomas Kurian.
PaaS et gestion des clouds : le PaaS d'Oracle a été conçu pour satisfaire deux types de développeurs : les codeurs professionnels et les utilisateurs métiers dans les entreprise. Ces derniers utilisent souvent une interface graphique par glisser-déposer pour développer des applications simples. « Sur le PaaS d'Oracle, les applications plus sophistiquées de microservice peuvent être contrôlées par Kubernetes », a encore déclaré Thomas Kurian. Par ailleurs, il est possible d’utiliser le portail de gestion du cloud du fournisseur pour contrôler des plates-formes de cloud public sur site et d'autres plateformes de cloud public. Les administrateurs peuvent configurer leurs stratégies pour sauvegarder ou patcher leurs ressources automatiquement selon un calendrier précis.
Services SaaS : à côté des fonctionnalités IaaS et PaaS, Oracle dispose d'un set d'outils SaaS puissants, qui comprend aussi bien des applications CRM, ERP, HCM que des applications verticales spécifiques à l'industrie.
Expansion géographique : Oracle a annoncé son intention d’étendre cette année son cloud à trois autres régions : Virginie, Turquie et Londres. Ce qui portera à 29 le nombre de régions couvertes par l'entreprise à travers le monde. « Oracle mérite d’être félicité pour son enthousiasme et sa stratégie proactive sur le marché du cloud », a déclaré Charles King, analyste chez Pund-IT, qui rappelle que « l'entreprise avait besoin de rattraper son retard sur ce marché ». L’approche adoptée par Oracle ressemble à celle de Microsoft et IBM, lesquels offrent également des services IaaS, PaaS et SaaS pour couvrir les trois couches du cloud. « Oracle dispose toujours d’une base massive de clients demandeurs de services cloud. La question est de savoir s'ils choisissent Oracle comme fournisseur de cloud, par opposition aux fournisseurs avec lesquels ils travaillent actuellement, ou s'ils choisissent un fournisseur plus établi et plus novateur ». Selon Charles King, le cloud d'Oracle sera sans doute plus attrayant pour les clients existants, mais il se demande comment l’entreprise réussira à attirer de nouveaux clients.
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