Fruit d'un projet Open Source lancé en 2005 par le Belge Fabien Pinckaers, le progiciel de gestion intégré OpenERP (initialement TinyERP) vient de bénéficier d'un apport financier appréciable. Son éditeur, désormais renommé OpenERP, a décroché 3 millions d'euros auprès de trois investisseurs : d'une part, la société de capital risque Sofinnova Partners, principal contributeur, et d'autre part, le fondateur de Free Xavier Niel et Olivier Rosenfeld, administrateur de Free. Reçus sous forme d'augmentation de capital, ces fonds permettront à la jeune pousse de renforcer ses efforts de développement et la qualité de son logiciel, ses services de maintenance et la version SaaS de son offre (commercialisée en mode locatif et hébergée sous le nom d'Odoo). Ils lui serviront aussi à densifier son réseau international d'intégrateurs pour se concentrer sur son métier d'éditeur.
En quelques années d'existence, la société belge a réussi un joli parcours. Son logiciel rassemble une communauté de trois cents personnes et dispose d'intégrateurs dans 26 pays. Ce progiciel de gestion intégré (développé en Python sur base de données PostgreSQL) fournit toutes les fonctions de base pour gérer une PME, jusqu'à 500 personnes : de la comptabilité au suivi des stocks, en passant par la gestion de la relation client. Il s'adresse aussi aux toutes petites entreprises, à partir d'un salarié. Le logiciel à installer sur site se télécharge gratuitement et les services d'accompagnement (formation, support, maintenance...) sont facturés. Il rassemble maintenant quelque 500 modules et son éditeur dénombre quotidiennement un millier d'installations. Dans la foulée, Fabien Pinckaers, PDG fondateur, dit enregistrer chaque jour plus de cent demandes de renseignements pour des services d'intégration, d'où la nécessité de conforter le maillage de partenaires. Depuis l'été 2009, l'éditeur propose aussi une version en ligne, Odoo (Open ERP On Demand), facturée à partir de 39 euros par mois sur un semestre pour un utilisateur.
Une communauté dynamique de développeurs
« Nous avons vu beaucoup de dossiers dans l'Open Source en 2009 et c'était le meilleur, explique Olivier Sichel, associé de Sofinnova. OpenERP arrivait avec une offre existant à la fois sous une forme classique et en mode SaaS. La qualité du logiciel nous a convaincus. » Celui qui fut PDG de Wanadoo de 2002 à 2004 met aussi en avant « la richesse de la solution en nombre de modules fonctionnels », ainsi que « la vision de Fabien Pinckaers et sa capacité à animer une communauté extrêmement dynamique de développeurs ». Parmi les clients de l'éditeur figurent déjà des utilisateurs tels que l'ENA, La Poste ou le Canton de Vaud. Mais, au-delà des clients, ce sont surtout les partenaires intégrateurs qui ont confirmé « que l'offre se détachait du lot, par sa flexibilité, son caractère modulaire et son architecture, pointe Olivier Sichel. Nous avons vu beaucoup de partenaires, fait plusieurs entretiens avec chacun d'eux ». Il cite notamment Smile, en France, ou Akretion, au Brésil, qui ont sélectionné l'offre. « Pour eux, ce sont des choix qui sont autant d'implications que pour nous ».
Sur son blog, Fabien Pinckaers souligne l'importance d'avoir ouvert le capital de son entreprise à des actionnaires ayant une bonne connaissance des contraintes et des objectifs de l'édition de logiciels en Open Source et qui « partagent notre vision ». La société compte ouvrir prochainement un bureau aux Etats-Unis. Elle s'est déjà implantée en Inde. Sur le terrain des ERP en Open Source évoluent depuis plusieurs années déjà les offres françaises ERP 5 (de Nexedi) et Neogia, le projet américain Compiere, ADempiere (fork de Compiere), qui a pris son envol il y a un peu plus de trois ans et vient de lancer sa communauté francophone, ou encore l'Espagnol OpenBravo (lui aussi basé au départ sur Compiere).
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