« Dans une répétition de ses actions monopolistiques antérieures, Microsoft associe OneDrive, Teams et d’autres services à Windows et pousse agressivement les consommateurs à s’inscrire [sur ses services] et à confier leurs données à Microsoft. Cela limite le choix des consommateurs et crée une barrière à l'entrée pour les autres entreprises offrant des services concurrents ». C’est en ces termes qu’une coalition d’éditeurs de logiciels, d'acteurs de l’open source et du cloud européens vient de déposer une plainte auprès de l’Union européenne pour qu’elle s’oppose à cette main mise de Microsoft.
La lutte contre les pratiques anticoncurrentielles des Gafam n’est qu’un éternel recommencement pour les fournisseurs de technologies en Europe. Dès les années 2000, l’UE avait déjà exigé et obtenu que Microsoft laisse aux utilisateurs le choix du navigateur web alors que l’éditeur de Redmond installait Explorer par défaut avec Windows. Par la suite, Apple, Amazon et Google ont été tour à tour épinglés dans l’UE pour leurs pratiques antitrust. Cette fois, c’est donc l’intégration systématique à Windows de OneDrive, le service de stockage cloud et partage de fichiers de Microsoft, et de Teams, son logiciel de collaboration, qui sont pointés du doigt par l’un de ses concurrents, l’Allemand NextCloud. Fournisseur de solutions de stockage de fichiers on-premises et de collaboration, il a déposé au début de l’année 2021 une plainte auprès de la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne. Dans son combat, Nextcloud est maintenant rejoint par d’autres acteurs européens parmi lesquels on trouve notamment The Document Foundation, Digital SME, la Free Software Foundation Europe, Euclidia (l’alliance anti Gaia-X), Jamespot, Linagora, Nexedi, Netframe, OnlyOffice, Talkspirit, Wimi et Xwiki, entre autres.
Les fournisseurs locaux empêchés de rivaliser par leurs mérites
La coalition emmenée par Nextcloud ajoute que des groupes comme Google et Amazon agissent de la même façon que Microsoft en favorisant fortement leurs propres produits et services par l’auto-référencement « ou en bloquant purement et simplement les autres fournisseurs ». Ce faisant, ces groupes tirent parti de leur position dominante sur le marché pour l’étendre davantage. « Les fournisseurs locaux, plus spécialisés, sont incapables de rivaliser par leurs mérites car la clé du succès n’est pas d’avoir un bon produit mais la capacité à fausser la concurrence et à bloquer l’accès au marché », déplorent les signataires européens de la plainte. « Les consommateurs devraient avoir le libre choix et la concurrence devrait avoir une chance équitable ». La liste complète des acteurs réunis dans cette action est accessible sur antitrust.nextcloud.com
Il y a quelques jours, dans un autre contentieux impliquant Google, la justice européenne a confirmé l'amende de 2,42 Md$ infligée au groupe de Mountain View pour abus de position dominante. A cette occasion, la rédaction a fait un point sur les actions menées sur ce terrain contre Google au cours des récentes années. Apple n'échappe pas aux efforts de l'UE pour mieux réguler le marché. Le groupe de Cupertino fait lui-même régulièrement l'objet d'enquêtes, l'an dernier notamment sur ses pratiques anti-concurrentielles relatives à ses services App Store et Apple Pay. Concernant Amazon, l'UE a, entre autres, examiné ses pratiques commerciales en ligne et l'a épinglé sur son utilisation de données non publiques sur des vendeurs indépendants.
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