Le 15 janvier dernier, Nokia annonçait la suppression de 460 postes en France en 2019 et 2020 sur les sites de Lannion et Paris-Saclay. Quelques jours plus tard, ce chiffre était ramené à 408 licenciements. Depuis le 12 février, le constructeur finlandais discute avec les représentants syndicaux qui viennent de décrocher une première concession avec l’annulation de 30 départs supplémentaires. Six postes ont ainsi été sauvés en Bretagne, et 24 dans l’Essonne. Quatorze salariés seront par ailleurs réintégrés dans d’autres fonctions au sein de l’entreprise. Mais selon les représentants syndicaux, Nokia a encore « des marges de manœuvre » pour limiter le nombre de licenciements.
« Sur certains secteurs, un plan social de cette ampleur peut engendrer des risques pour le business », affirme Bernard Trémulot, délégué CFDT. « Nous pensons notamment aux forces de déploiement, ces salariés qui interviennent sur site pour des installations ou des mises à niveau de matériels ou de logiciels. Dix-sept emplois devaient être supprimés dans ce secteur, nous en avons sauvé deux et nous voudrions faire un peu plus car il s’agit de fonctions qui requièrent des conditions de sécurité et des compétences qui ne s’apprennent pas du jour au lendemain, et qui pâtiront forcément d’une délocalisation. » Les commerciaux sont également au cœur des débats, notamment avec l’arrivée très prochaine de la 5G. « Nous avons des clients français avec lesquels une relation particulière a été développée, que ces licenciements pourraient mettre en péril », souligne M. Trémulot.
« Aucun départ contraint », promesse intenable ?
L’autre point sur lequel les syndicats se veulent intransigeants, c’est l’accompagnement des employés sur le départ, notamment sur les « formations et les temps de congés de reclassement », précise le délégué syndical. Celui-ci rappelle que « depuis le rachat d’Alcatel-Lucent par Nokia il y a quatre ans, nous en sommes au troisième plan social » et que les départs liés au deuxième d’entre eux auront lieu en décembre prochain, « soit en même temps que les premiers départs du PSE actuel ».
Reste maintenant à savoir si Nokia respectera l’engagement exigé par Bruno Le Maire au lendemain de l’annonce du plan : « aucun départ contraint ». « Beaucoup d’entre nous ont conscience que Nokia ne veut plus de certains métiers en interne et commence à penser au départ volontaire », concède Bernard Trémulot. « Mais vu l’ampleur du plan, nous ne sommes pas convaincus que le volontariat suffira. » La fin des discussions est prévue pour le 12 juin, et les premiers départs, pour le mois de septembre.
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