Ce lundi, Emmanuel Macron doit réunir l'ensemble des acteurs de l'écosystème French Tech et féliciter les lauréats aux classements Next40/FT120. L’objectif est double pour celui qui tient les rênes de la start-up nation : faire le bilan des 10 ans de cet écosystème et énoncer la feuille de route des 5 à 10 prochaines années dans le domaine de l’IT, « avec l'ambition de faire de la France le pays le plus innovant et un pays qui se réindustrialise » précise un porte-parole du gouvernement. Souvent qualifié de CAC40 des start-ups, cet indice vise à élever les jeunes pousses françaises les plus performantes au rang de leaders technologiques d’envergure mondiale... Le programme d’accompagnement Next40/FT120, lancé il y a trois ans, accueille donc aujourd’hui sa 4e promotion avec des entreprises plus ou moins orientées vers le secteur des nouvelles technologiques. 120 start-ups font partie de la promotion 2023 avec 27 entrants dont 11 directement dans le grand bain du Next40. Sélectionnées sur des critères de performance économique (levée de fonds ou hypercroissance des revenus), elles intègrent également des engagements sociaux et environnementaux, une première pour l’écosystème.
« La promotion 2023 du French Tech Next40/120 est à l’image du projet de transformation que porte le Gouvernement avec France 2030 ». Dans le détail, on trouve pourtant peu d’entreprises technologiques ou avec des objectifs d’innovation, dites « de rupture ». Huit entreprises dédiées au secteur des transports rejoignent ainsi le programme, dont cinq dédiées à la production d'équipements pour les véhicules électriques en France (Verkor, Iten, Electra, NW Storm et Zeplug), une dédiée à la décarbonation de l’aviation (Flying Whales) et deux dans le spatial (Kineis et Loft Orbital). Le secteur de la santé gagne en notoriété, notamment en matière de production de biomédicaments et dispositifs médicaux : TreeFrog Therapeutics, Inotrem, DNA Script, Prophesee, Tissium, Lifen, Sparing Vision, Withings, Mnemo Therapeutics, ImChecks Therapeutics, Dental Monitoring, CorWave et BioSerenity intègrent la 4e promotion. Enfin, trois entreprises sélectionnées travaillent au développement d’une alimentation plus durable – Innovafeed, Ynsect et Myditek (cette dernière faisant partie des nouvelles recrues pour 2023).
France 2030, levier formidable pour la French Tech
Le secteur de la GreenTech qui a connu une croissance importante en France (près de 15 % des 13,5 milliards levés en 2022) s'impose de plus en plus, représenté par 10 entreprises, dont 7 fraîchement élues. Trois d'entre elles - NW Storm (300 M€), ZePlug (240 M€) et Electra (160 M€) - ont d'ailleurs réalisé des levées de fonds record sur l'année écoulée leur permettant d’accéder directement au Next40. A noter que cet indice compte 26 licornes réparties de la façon suivante : 10 start-ups de la transition écologiques, 7 start-ups industrielles, 8 start-ups deeptech. Le FT120, quant à lui, agrandit également son cercle des start-ups green et deeptech avec les entrées de Deepki, ITEN, Qair, Sweep et de Prophesee sur ces deux volets.
Pour le gouvernement, cette 4e promotion « atteste par ailleurs de la pertinence et la qualité de l’accompagnement apporté par France 2030 ». En effet, l’intégralité des start-ups industrielles et deeptech du Next40 ont bénéficié de ce plan avec plus de 1 500 projets financés depuis octobre 2021 (date de lancement de France 2030), pour un total de 11,3 milliards d’euros. En ce sens, les start-ups françaises ont profité de l’optimisme économique pour lever 13,5 milliards d’euros levés en 2022, contre 11,6 milliards d’euros en 2021 - soit une croissance de 16 % - établissant ainsi un nouveau record avec un net relèvement des seuils d’entrée. Pour rappel, le contexte particulièrement dynamique du premier trimestre 2022 a permis aux start-ups de concrétiser des levées de grande ampleur comme Contentsquare (600 M€), Doctolib (500 M€), Qonto (486 M€), EcoVadis (477 M€) ou encore Exotec (293 M€). Au total, les entreprises du French Tech Next40/120 ont ainsi réalisé des levées de fonds atteignant un montant global de 5,8 milliards d’euros dont 4,3 milliards pour le Next40.
Des entreprises qui créent des emplois dans l’Hexagone
2022 a été une année fructueuse en termes d’emploi pour les jeunes pousses technologiques françaises avec une croissance moyenne de 48 % de leurs effectifs en 2022. Dans son palmarès Tech 500, le cabinet Data Recrutement qui classe les start-ups françaises se distinguant par leur dynamique de recrutements indique que ces sociétés ont contribué à la création de près de 21 500 emplois sur l’année passée (passant à une masse salariale de 81 000 collaborateurs). Parmi ces entreprises, on trouve notamment Doctolib, avec 568 embauches, Contentsquare avec 459 recrutements, ainsi que Onepoint, une jeune pousse du conseil et des services IT (436 contrats signés) ou encore la fintech Qonto (370 embauches).
Les prévisions pour 2023 s’avèrent tout aussi radieuses. La 4e promotion du Nexto40/FT120 représente 47 800 emplois directs en France et dans le monde, dont 31 400 dans l’Hexagone, en légère hausse par rapport à 2022 (45 200 dans le monde dont 30 100 en France). Exotec, dans les Hauts-de-France, prévoit de doubler ses effectifs en embauchant 580 personnes tandis qu’Innovafeed, basée dans la même région prévoit de créer 50 emplois notamment des électromécaniciens, des opérateurs de production, des ingénieurs process industriel et des ingénieurs R&D. De son côté, Verkor, implanté en Auvergne-Rhône-Alpes prévoit de créer 200 emplois en 2023. Elle s’implante également dans d’autres régions du territoire avec la construction de sa gigafactory à Dunkerque qui devrait créer plus de 1 200 emplois directs à terme. Enfin, en Bourgogne-Franche-Comté, c’est la deeptech Iten qui a lancé une campagne de recrutement ambitieuse pour atteindre 100 employés d'ici début 2024. Cette campagne se poursuivra pour assurer le développement du site industriel de Chalon-sur-Saône, qui regroupera à terme 1 000 personnes. Fin novembre 2022, l’entreprise conceptrice de micro-batteries lithium-ion céramique a levé 80 millions d’euros et contracté des emprunts bancaires d'un montant de 60 millions d’euros pour atteindre les 140 M€ nécessaires à son développement.
Un bilan à prendre avec des pincettes
Lors du bilan de l’activité 2022 de Bpifrance, Nicolas Dufourcq, son directeur général n’a pas hésité à sonner l’alarme concernant les investissements à venir pour l’écosystème French Tech. « Les fonds vont être confrontés à une réduction des allocations des assureurs, conséquence du choc obligataire qu'ils ont vécu et vivent encore sur les marchés de taux » indique-t-il. « C'est une année où il va falloir être performant. C'est une année qui va être lente mais ce n'est pas une année de crise ». Interrogé sur ce ralentissement, le gouvernement répond : « Nous sommes confiants sur les perspectives de l'écosystème français. On a un écosystème qui est solide avec des fondateurs qui maintenant ont passé le cap de leur développement. Alors évidemment, les entreprises ralentissent un peu et sont moins dans la dynamique d'accélération. Mais on pense avoir les solutions et la vision pour traverser la période ».
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