Pour la dernière impression datée du 31 décembre, la célèbre patronne du magazine, Tina Brown, a choisi une photo aérienne du siège de Newsweek à New York, en noir et blanc. Pour commenter cette fin d'une époque, l'ancienne directrice du New Yorker s'est empressée d'aller... sur Twitter: "Doux et amer! Souhaitez-nous bonne chance!", écrit-elle. Après avoir lutté pour sa survie, le deuxième hebdomadaire américain d'informations après Time, n'a pas surmonté la chute de ses ventes et de ses revenus publicitaires face au déplacement des lecteurs vers les contenus internet gratuits.
En février 1933, le premier numéro affichait le visage de sept personnes qui faisaient alors l'actualité, dont Adolf Hitler qui venait de déclarer: "La nation allemande doit être reconstruite en partant de zéro". Le magazine, qui a souvent opté pour des Unes audacieuses, marquantes et parfois controversées, a été vendu pour un dollar symbolique en 2010 par le groupe Washington Post à un milliardaire californien, Sidney Harman, avant d'être en partie revendu au conglomérat de l'internet IAC.
Une fuite en avant numérique pour survivre
Newsweek a ensuite fusionné en 2010 avec le site The Daily Beast, dont Tina Brown est aussi directrice de la rédaction. Celle-ci a écrit dans le dernier numéro que "parfois, le changement n'est pas seulement bon, il est nécessaire". Elle avait annoncé en octobre l'arrêt du magazine papier au profit d'une édition 100% numérique, pour appareils portables et tablettes, qui s'appellera Newsweek Global. Se basant sur des études qui montrent que 39% des Américains lisent les informations en ligne, elle a estimé à cet égard que Newsweek avait atteint "un point de bascule à partir duquel nous pouvons toucher plus efficacement nos lecteurs grâce à un format tout digital". Pour Frank Gillett, analyste du cabinet spécialisé Forrester Research interrogé mercredi par l'AFP, "Newsweek prend cette direction parce qu'il a l'expérience du Daily Beast". The Daily Beast attire ainsi quelque 15 millions de visiteurs uniques chaque mois.
L'ensemble de la presse américaine, comme dans de nombreux autres pays, souffre d'une baisse de sa diffusion et de ses revenus publicitaires, de plus en plus captés par internet notamment: selon la firme eMarketer, les publicités en ligne devraient atteindre 37,3 milliards de dollars en 2012, dépassant pour la première fois le montant dépensé dans l'édition (34,3 milliards).
Le succès numérique n'est pas garanti
Le virage en ligne n'est pas pour autant un gage de réussite, comme l'a montré l'échec de The Daily, le quotidien exclusivement pour tablettes électroniques iPad de Newscorp, qui a cessé de publier le 15 décembre. "Je ne pense pas qu'il y ait un pari sûr dans le monde changeant des médias actuellement, "la question c'est d'essayer de trouver le modèle qui marche pour votre entreprise pour attirer les lecteurs et gagner de l'argent", poursuit M. Gillett. La version numérique, qui sera baptisée Newsweek Global, consistera en une édition unique au niveau international et visera un lectorat "très mobile de leaders d'opinion". Il sera payant et disponible à la fois sur internet et dans un format adapté aux tablettes informatiques.
Reste à savoir si Time, le grand rival historique de Newsweek, continuera à résister à la vague digitale ou sera le prochain à basculer.
Newsweek fait ses adieux au papier pour une édition numérique
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Deux mois avant ses 80 ans, le magazine américain Newsweek fait ses adieux cette semaine à sa version papier avant de poursuivre un chemin entièrement sur Internet, misant sur le fait de trouver sur la toile les lecteurs qu'il a perdus sur le papier.
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