En direct de Palo Alto - Les levées de fond d’une centaine de millions de dollars sont devenues courantes dans le monde des start-ups américaines, mais il s’agit le plus souvent de jeunes pousses spécialisées dans le logiciel ou les services, plus rarement dans les ressources de stockage. C’est pourtant aujourd’hui le cas avec Minio, une start-up fondée par Anand Babu Periasamy, que nous avons rencontré pour la première fois en 2015, quelques mois après sa création en 2014. Pour poursuivre le développement et la commercialisation de sa plateforme de stockage objet open source compatible S3, Minio a donc annoncé cette semaine une levée de fonds de série B d’un montant de 103 millions de dollars (avec Intel Capital en leader, Softbank, Dell Capital, General Catalyst et Nexus), ce qui valoriserait la société à plus d’un milliard de dollars et son entrée dans le club des licornes, si cher à la presse économique. La start-up est aujourd'hui profitable, ce qui mérite d'être souligné. Avec sa première levée de 23 millions de dollars, la jeune pousse arrive donc à un total de 126 millions de dollars. Avec cet argent frais, l'entreprise compte accélérer le développement de ses projets sans fondamentalement changer son modèle open source. Minio compte 45 employés aujourd'hui et recruter avec mesure des profils proches de ceux qu'elle emploie aujourd'hui. Une équipe est installée au siège à Palo Alto, une autre à Toronto et une dernière en Inde.
Lors d’une discussion au siège de la start-up, Anand Babu Periasamy nous a confié que, « au début, le marché du stockage objet, c’était surtout AWS avec S3. Les applications étaient développées pour utiliser du stockage en mode bloc, mais depuis les choses ont bien changé avec la montée en puissance du cloud ». L’intégration avec les géants du cloud se poursuit avec l'ajout de capacités de déploiement en un clic sur Azure, AWS et GCP. Conçue à l'origine pour suppléer S3, la plateforme de Minio est aujourd’hui exploitable dans n'importe quel environnement et vient relier au cloud des applications traditionnelles comme SQL Server avec son mini serveur. La force de Minio reste son focus sur le cloud avec plus de 11 millions de déploiements actifs. « Cela inclut des déploiements dans le cloud public sur Google Kubernetes Engine, Elastic Kubernetes Service d'Amazon, Azure Kubernetes Service, et des déploiements dans des clouds privés sur Red Hat OpenShift, VMware Tanzu, HPE Ezmeral, SUSE Rancher, ainsi que des millions de déploiements en colocation et en edge », nous a indiqué le dirigeant. Lors d’une démonstration, le CEO a mis en avant que sa plateforme est capable de fournir des gigaoctets par second et par nœud. « Nous nous positionnons comme une plateforme de stockage primaire reposant sur la technologie objet », souligne le CEO. « L'une des raisons pour lesquelles le stockage objet est un stockage primaire est la performance. MinIO peut assurer 325 GiB/s sur les GET et 165 GiB/s sur les PUT avec seulement 32 nœuds de SSD NVMe ». C’est un point très important assure le directeur marketing de Minio, Jonathan Symons, « ces performances en débit font de Minio, une solution de choix pour des usages comme l’IA, le ML et l’analytique, mais également les bases de données ».
Kubernetes et l'edge pour développer l'activité
Lors de sa présentation à Palo Alto, la start-up a insisté sur son support natif de Kubernetes dans un cloud public ou privé. « Comme nous sommes cloud natif depuis l’origine, nous travaillons de concert avec Kubernetes. Les API Restful ont gagné », explique le dirigeant. « Kubernetes et le cloud sont des accélérateurs naturels pour le stockage objet ». L’autre marché exploré par la jeune pousse est, comme d’autres, l’allocation de ressources aux équipements edge. L'obsession de Minio pour le minimalisme et la simplicité lui a permis d'obtenir un binaire de moins de 100 Mo, capable de s’intégrer à un relais 5G ou un module de détection dans une usine. « Nous sommes suffisamment puissants pour stocker les données et permettre leur traitement par des modèles d'IA/ML in situ - en envoyant les informations vers le haut, le cas échéant, et en optimisant le compromis matériel/bande passante », assure le CEO.
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