Alors que Edge vit sûrement ses derniers moments sur Windows 10, dans l’année qui vient, Microsoft va le remanier. Déjà, l’éditeur va abandonner le moteur EdgeHTML propriétaire qui fait tourner le navigateur au profit de Chromium, le code utilisé par le navigateur Chrome de Google et d’autres navigateurs du marché. Ensuite, Microsoft prévoit de ne plus réserver Edge aux machines desktop tournant sous Windows 10 et livrera des versions pour les autres systèmes Windows et pour les ordinateurs Macs. « Les utilisateurs de Microsoft Edge (et éventuellement d'autres navigateurs) bénéficieront d'une meilleure compatibilité avec tous les sites Web, tout en profitant de la meilleure autonomie et de la meilleure intégration matérielle possible sur tous types de périphériques Windows », a déclaré Joe Belfiore, vice-président corporate de Windows, dans le blog annonçant ce changement. Celui-ci vante également les avantages de la compatibilité pour les développeurs Web et les administrateurs IT.
Somme toute, cette évolution est assez logique. Le choix de limiter Edge aux seuls systèmes Windows 10 a écarté un nombre important d’utilisateurs, et ce malgré la configuration par défaut de Edge sous Windows 10 (et les tentatives maladroites de Microsoft pour convaincre les utilisateurs de s'en tenir à Edge quand ils essayaient de télécharger des navigateurs concurrents). Malgré les efforts de développement entrepris par Microsoft au cours des dernières années, notamment les excellentes performances et la faible consommation d’énergie du navigateur pour préserver l’autonomie, Edge est parti du mauvais pied. En effet, au moment du lancement de Windows 10, de nombreuses fonctionnalités modernes attendues par les utilisateurs n’étaient pas au rendez-vous. Le navigateur ne s'est jamais rétabli de ce mauvais départ. Étant donné les énormes parts de marché détenues par les navigateurs Chrome et Chromium, les développeurs ont commencé à se tourner en priorité vers ces plateformes. En quelque sorte, « Chrome est devenu le nouvel Internet Explorer 6 » de Windows, comme l’ont écrit certains.
Vers une compatibilité MacOS pour Edge
Reste que, la domination d’une plateforme de navigateur pose problème. « C'est une mauvaise nouvelle pour l'écosystème des navigateurs », a écrit cette semaine Jeff Atwood, cofondateur de Stack Overflow et de Stack Exchange, sur Twitter quand les rumeurs sur le changement décidé par Microsoft se sont propagées sur le Web. « Ce n'est pas une bonne idée de faire de Chrome le moteur HTML par défaut de tous les navigateurs », a-t-il estimé. Le statut de navigateur open source de Chromium pourrait atténuer certaines de ses craintes. M. Belfiore a déclaré que Microsoft allait s’impliquer dans les contributions de code. « Nous avons l’intention de participer au code et d’intégrer le modèle open source bien établi qui fonctionne efficacement depuis des années, à savoir des contributions significatives et positives qui s'alignent sur une architecture éprouvée de longue date, bien conçue et une ingénierie collaborative », a-t-il écrit.
Ce changement va libérer Edge de ses attaches Windows 10. Le navigateur sera mis à jour à part, indépendamment des principales mises à jour semestrielles de Windows 10, et il supportera Windows 7 et 8. « Ce travail devrait également nous permettre de porter Microsoft Edge sur d'autres plates-formes, MacOS notamment », a encore écrit Joe Belfiore. L'an dernier, Microsoft avait déjà livré des versions de Edge pour iOS et Android. Et la révolution continue : Microsoft envisage désormais de rendre sont navigateur phare compatible Mac ! L'enfer a vraiment gelé ! Reste à voir si cette stratégie sera payante, si l'on considère toutes les fonctionnalités offertes par les solutions de navigation moderne. Edge n’arrive même pas dans les trois premiers meilleurs navigateurs Web dans le classement de nos confrères de PCWorld, les places étant détenues par Chrome, Opera et Firefox. Chrome et Opera tournent également sur le moteur Chromium. Attendons donc 2019, pour voir ce qui se passera quand Edge aura basculé sur le moteur open source.
Commentaire