Microsoft a révélé le nom du créateur présumé de Kelihos, un botnet de spam qui avait abusé de Hotmail. Avant son démantèlement en septembre dernier au terme de l' « Opération b79 », le réseau de zombies envoyait jusqu'à 4 milliards de courriers indésirables chaque jour. Il tentait aussi de voler des données financières et de monter diverses escroqueries via le service de mails de Microsoft. Dans sa plainte déposée lundi, Microsoft a identifié l'homme comme étant Andreï N. Sabelnikov. Celui-ci est domicilié à Saint-Pétersbourg, et collabore en freelance avec une société de développement de logiciels.

D'après son cursus, il apparaît qu'il a travaillé comme ingénieur en logiciel et comme responsable de projets pour un éditeur de logiciels de sécurité informatique. La dénonciation publique par Microsoft pourrait accroître davantage la pression sur la Russie et obliger les autorités judiciaires à mettre plus d'entrain à enquêter sur les cybercriminels. D'autres entreprises semblent perdre patience face à la passivité de la Russie à lutter contre l'activité des cybercriminels qui agissent depuis son territoire.

De nombreuses souches en Russie

Début janvier, un chercheur en sécurité informatique, la firme Facebook et la société de sécurité Sophos ont accusé cinq personnes également domiciliées à Saint-Pétersbourg d'être responsables de la création, en 2008, du ver Koobface, pour infester le réseau social. Le FBI mène une enquête très active à ce sujet, mais celle-ci n'a été suivie d'aucune arrestation en Russie. Dans la plainte civile initiale que Microsoft avait déposé devant un Tribunal Fédéral Américain du District de Virginie contre Kehilos, le nom de Andreï N. Sabelnikov n'apparaissait pas. Dans la plainte initiale ne figuraient que les noms de Dominique Alexandre Piatti et de son entreprise dotFREE Group SRO, plus les 22 « John Does » qui désigne les personnes non identifiées et visées par la plainte contre X déposée par les avocats de Microsoft. La société d'Alexandre Piatti gérait un service d'enregistrement de nom de domaine dans l'espace .cz.cc, qui a servi à des opérateurs du réseau de zombies à mettre en place des hôtes pour leur infrastructure de contrôle. En octobre, Microsoft a abandonné sa plainte contre Alexandre Piatti après avoir établi que son entreprise n'avait pas collaboré avec les opérateurs du botnet Kelihos.

Richard Boscovich, avocat de la Digital Crimes Unit de Microsoft, a écrit, lundi, qu'au regard de «nouvelles preuves» et de la coopération avec dotFREE, ceux-ci ont « ajouté le nom d'une nouvelle personne dans l'action civile, qui pourrait être l'opérateur du botnet Kelihos. » Le botnet n'est plus fonctionnel, mais Richard Boscovich précise que des milliers d'ordinateurs sont encore infectés par le code malveillant. Il ajoute aussi que l'affaire «n'est pas terminée. » Microsoft, qui a déposé sa plainte au civil, réclame des dommages financiers. Mais les accusations contre Andreï Sabelnikov relèvent aussi des lois américaines sur la criminalité informatique. Cependant, il n'existe aucun précédent en matière d'extradition entre les deux pays, d'autant plus que l'article 61 de la Constitution Russe interdit toute extradition d'un de ses citoyens vers un autre pays.