Après deux ans et près de 2 milliards de pertes, les tablettes Surface ont rapporté de l'argent à Microsoft sur le dernier trimestre, clos fin septembre. La firme de Redmond a enregistré un chiffre d'affaires de 908 M$ sur cette ligne de produits, soit une augmentation de 127% par rapport à l'an dernier. Pour les Surface, c'est un trimestre record qui dépasse les ventes combinées des deux précédents trimestres. En se basant sur les informations communiquées à la SEC (Securities & Exchange Commission), et sur les données des précédents trimestres, nos confrères de Computerworld ont calculé des coûts de production et de commercialisation de 786 M$, ce qui laisse une marge brute de 122 M$. Mais le calcul du coût n'inclut pas les dépenses en marketing et R&D. Selon Microsoft, la gamme Surface présente une marge brute positive - ce qui implique que les estimations sur les pertes précédentes étaient exactes- mais ne donne aucun chiffre. D'après les estimations de Computerworld, la marge était petite, environ 13,4%. C'est davantage que la moyenne pour un ordinateur sous Windows, mais moins de la moitié ou un tiers des marges sur des tablettes comme l'iPad.

Un gouffre financier depuis son introduction

Selon les calculs de l'analyste Jan Dawson, qui s'est basé lui aussi sur le document transmis à la SEC pour évaluer le prix de revient, la marge serait même inférieure.  Il fixe ce prix de revient à 825 M$, la marge brute à 83 M$ et le taux de marge à 9,1%. « C'est une marge brute qui n'est pas fracassante et représente en fait environ la moitié de la marge brute de l'activité téléphones chez Microsoft. Mais c'est en progrès », écrit Jan Dawson dans un billet où il analyse les résultats financiers autour des tablettes Surface.

Depuis son introduction en octobre 2012, Surface a été un gouffre financier pour Microsoft, d'environ 1,73 Md$ sur les sept premiers trimestres. Avec le dernier trimestre, ces pertes ont été réduites à 1,6 Md$ environ. Sur les quatre derniers trimestres, la Surface est restée dans le rouge, avec des pertes de 325 M$ sur un chiffre d'affaires de 2,7 Md$. Dit autrement, pour chaque dollar gagné par Microsoft sur les ventes de Surface, la société a perdu 12 cents. Mais est-ce que les meilleurs résultats du trimestre reflètent vraiment ce que Microsoft a dépensé sur ces tablettes. Non, selon Jan Dawson et d'autres. « Il reste du chemin à parcourir pour atteindre le genre de marge brute qui apporterait une véritable rentabilité une fois que les coûts de marketing et les autres coûts sont pris en compte », fait remarquer J. Dawson.

Une hausse tirée par les ventes de Surface Pro 3

La campagne de publicité lancée par l'éditeur pour promouvoir les Surface a été importante, et s'est traduite par de nombreux spots télévisés et d'importantes dépenses en marketing, dont un contrat de 400 M$ passé avec  la National Football League (NFL) mettant ainsi ces tablettes sur la touche. Microsoft a par ailleurs rappelé sa Surface Pro 3,  qui a été commercialisée en juin, - ce qui a fait du trimestre de septembre le premier trimestre complet à comptabiliser les ventes de ce modèle - lors de sa conférence avec Wall Street sur ses résultats financiers afin de déclencher sa montée en puissance. « Les ventes d'unités ont effectuées selon une cadence qui a été deux fois supérieure au taux de ce que nous avions vu avec la  [Surface] Pro 2», a déclaré Amy Hood directrice financière de Microsoft, en se référant au modèle désormais abandonné qui avait été lancé à l'automne 2013.

«Le lancement de la Surface Pro 3 en juin 2014 a contribué à une augmentation de 126%du chiffre d'affaires,  ce qui s'est reflété par une hausse plus importante de l'ensemble de ces terminaux haut de gamme vendus » a indiqué la compagnie dans le 10-Q déposé auprès de la SEC. A titre de comparaison - bien que Microsoft conteste le fait que la Surface Pro 3 soit une tablette et préfère la comparer à un terminal pouvant remplacer un PC portable - Apple a écoulé 12,3 millions d'iPad dans le même trimestre, et produit  5,3 milliards de dollars de revenus. Microsoft devra faire mieux pour faire de sa Surface une affaire viable plutôt  qu'un projet  vaniteux. « La marge brute doit poursuivre sa route jusqu'à à ce stade »,  a commenté J. Dawson dans un courriel  en réponse à des questions. « La Surface arrive à un tournant de son histoire où elle doit aller au-delà de ses  premières pertes pour pouvoir devenir un une activité commerciale durable », a-t-il conclu.