A la dérive depuis plusieurs mois, SFR est aujourd'hui repris en mains par son fondateur, Patrick Drahi. Il faut dire que depuis l'annonce début novembre des mauvais résultats financiers du 3e trimestre 2017, le grand patron voit rouge, et pour cause, le chiffre d'affaires de l'opérateur télécoms (2,76 milliards d'euros) a reculé d'1,3% tandis que son Ebitda ajusté (1 milliard) a baissé de plus de 3%. Une contre-performance qui a d'ailleurs glacé les actionnaires, ces derniers ayant sanctionné violemment l'action du groupe qui a perdu en quelques jours près de 40% de sa valeur, en passant de plus de 16 euros à près de 10 euros aujourd'hui.
Pour remettre de l'ordre dans la maison SFR, Patrick Drahi n'y va pas par quatre chemins et place ses hommes de mains aux plus hauts échelons. Quitte à faire grincer des dents et claquer des portes. Début septembre, c'est Michel Paulin, directeur général de l'opérateur télécoms, qui en a fait les frais en annonçant sa démission pour les fameuses « raisons personnelles ». Cette place n'a pas été laissée vacante bien longtemps, puisque reprise par Armando Pereira qui n'est autre que l'associé historique de Patrick Drahi et également actionnaire d'Altice. Une nomination qui n'a pas dû être vraiment appréciée par Michel Combes, à la tête de SFR depuis septembre 2015, qui quitte à son tour le navire.
Du cost killing à tous les étages
Dans le détail de la réorganisation, Patrick Drahi reprend pleinement les commandes en tant que président du conseil d'administration d'Altice NV afin d'établir et exécuter « l'agenda stratégique, opérationnel, commercial et technologique du groupe, incluant en particulier SFR ». Armando Pereira est quant à lui nommé directeur des opérations d'Altice Télécom avec également la prise en charge de l'ensemble des fonctions opérationnelles des activités télécoms du groupe. D'autres membres de la garde rapprochée de Patrick Drahi prennent aussi du galon : c'est le cas pour Dexter Goei qui, après avoir conduit avec succès les activités américaines du groupe en tant que CEO et président d'Altice USA a été nommé CEO d'Altice NV. Mais aussi d'Alain Weill, jusqu'alors CEO de SFR Media qui devient Group Chairman et CEO de SFR et aussi COO d'Altice Media.
« Le nouveau management et la structure de gouvernance sont conçus pour mieux implémenter la stratégie d'Altice, créer une responsabilité plus claire parmi la direction et améliorer la performance opérationnelle et financière de l'entreprise », peut-on lire dans un communiqué. La nouvelle garde rapprochée de Patrick Drahi - Armando Pereira et Alain Weill en tête - semble bien être dotée de toutes les qualités pour réussir ce nouvel objectif, trainant derrière eux une réputation de cost killer qui n'est plus à faire. Reste à voir dans quelle mesure, après avoir été durement touché en 2016 par un vaste plan de réduction d'effectifs, le groupe compte s'y prendre et si un autre plan de coupe n'est pas déjà dans les tuyaux.
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