La méthode Agile échappe-t-elle aux exigences contractuelles pour mener un projet IT ? Le tribunal de commerce de Paris, rapporte le site Legalis, a jugé qu’en l’absence d’une expression claire des besoins du client via un cahier des charges, celui-ci ne pouvait pas demander le remboursement de développements applicatifs et web utilisant l’approche agile.
Dans les faits, la start-up Oopet, spécialisée dans les animaux de compagnie, avait confié le développement d’une application de gestion de santé des animaux (Oopet Fit) et d’une application de rencontre (Oopet Love), ainsi qu’un site web à un prestataire informatique, la société Dual. Le contrat avait été signé sans la mise en place d’un cahier des charges. Devant la lenteur du prestataire, Oopet a stoppé sa collaboration avec Dual et pris une autre agence. Cette dernière a indiqué que les applications comprenaient de nombreux bugs et que la seule solution était de tout reprendre à zéro. Aussitôt, Oopet s’est retourné vers Dual pour demander le remboursement des sommes versées.
Ne jamais oublier le cahier des charges
Le tribunal a tout d’abord rappelé l’article 1134 du code civil, « les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites et doivent être exécutées de bonne foi. » En l’occurrence, « Un contrat est passé entre les parties pour le développement d’applications iOS et de site internet sans la production d’un cahier de charges ». Le juge précise que « le développement se construit au fur et à mesure » et qu’en l’espèce, « cette méthodologie de construction de site et d’applications dite méthode Agile conduit à de nombreux allers-retours entre les parties; tant dans la construction technique que dans l’architecture picturale et dans l’organisation des fonctions de recherche via la conception de maquettes fonctionnelles (« mockup »).
Le juge reconnait « de multiples échanges entre les parties, versés aux pièces, qui montrent la progression constante de la construction des fonctionnalités opérationnelles ». Oopet mettait en avant les erreurs relevées, les réponses tardives, les difficultés de s’accorder sur les prestations. Cependant le tribunal estime que ces problèmes sont inhérents à ce type de construction et surtout qu'ils « ne dérogent pas à la norme de ce type de construction en l’absence de cahier des charges et ne présentent pas de caractère anormal ».
Vive les méthodes agiles, vive le cahier des charges !
Signaler un abusL'important, c'est que les projets aboutissent, que le client / métier soit content. Le choix du tout agile vs cahier des charges à l'ancienne dépendra des organisations et des hommes qui les représentent, leur capacité à collaborer suivant la méthode retenue et surtout de leur 'bonne foi' pendant et après le projet (aussi bien côté client que prestataire) quand vient l'heure du bilan.
Très intéressant cet article et tous les commentaires qui suivent... Il ne faut pas oublier les deux objectifs principaux d'un cahier des charges :
Signaler un abus1/ c'est le support à l'expression d'un besoin
2/ c'est le support à l'établissement d'un contrat entre un client et un fournisseur
L'agile ne dispense pas de préciser les objectifs, les raisons d'un possible contrat ... donc oui, y compris en agile, la présence d'un document comme base de signature d'un contrat est fortement conseillée !
L'interprétation de la décision de justice par l'auteur de l'article est orientée.
Signaler un abusLa conclusion "un cahier des charges est nécessaire" est fausse, car la création d'un cahier des charges apporte au moins autant de problème qu'il en règle (création d'un stock de spécifications rapidement obsolète, investissement qui rend les différentes parties réfractaires au changement...).
Je recommande cette lecture pour approfondir le sujet :
Sauf erreur de ma part, Agile ou pas Agile, le remboursement des frais engagés en cas d'annulation ne doit il pas plutôt être une clause contractuelle des jalons de paiements intermédiaires ?
Signaler un abus"La collaboration plutôt que le contrat"... Mais la collaboration ne fonctionne que si la culture est commune entre les 2 parties, hors la startup ne s'en est pas assurée. Rien que le recourt juridique montre qu'elle ne comprend pas la philosophie. Le juge l'a bien compris, pourtant 'Le Monde Informatique' choisi de titrer sur l'importance du cahier des charges...
Signaler un abusOccasion ratée pour les lecteurs de comprendre pourquoi la réactivité des pratiques agiles leur apporteront plus que la possibilité d'un recours juridique...
Par definition, Agile est la pour palier au fait qu'il est difficile de prévoir le future. Si vous êtes capable de rédiger un cahier des charges décrivant exactement le besoin de vos utilisateurs et que de plus vous êtes sur que cela ne changera pas pendant le temps de development, alors les anciennes méthode type Prince, etc.. fonctionneront très bien. (Mais malheureusement, c'est rarement le cas) Agile a d'autre outils que le cahier des charge qui fonctionnent (Mais cela demande un Product Owner qui fait son travail)
Signaler un abusDe plus, qu'il y est ou pas plusieurs acteurs, Agile prône une seule et meme équipe avec des responsabilités partagée. Si un client commande a un fournisseur de produire quelque chose, peu importe la méthode employee, le fournisseur doit délivrer ce qui est demande. Mais dans la plupart des cas quand vous implementer une organisation Agile, vous aller chercher chez vos fournisseurs des personnes competences, pas des produits et donc la responsabilité est portée par l'equipe mixte elle-meme. Agile est avant tout un état d'esprit tourne vers la valeur ajoutée.
Le soucis taclé par la loi n'est pas tant sur la forme d'un cahier des charges mais bien sur le fond : Il faut une expression de besoin quelle que soit sa forme (Un backlog typiquement si on veut tant parler de "Méthode" agile (et l'utilisation du terme méthode démontre un manque total d'informations sur le sujet)).
Signaler un abusMerci de s'informer plutot que d'arroser à tout va des articles qui relève d'un jugement haté et biaisé par la méconnaissance.
Article qui ne rend pas service au journaliste puisqu’il démontre à la fois son manque de connaissance de l’agilité et son incompréhension du jugement. La conclusion de l’article n’a absolument rien à voir avec le verdict lui-même. A aucun moment, l’un des éléments de cette affaire ne va dans le sens d’un intérêt du cahier des charges. Au contraire car alors, le client ne se serait rendu compte du problème que bien plus tard et après avoir dépensé beaucoup plus d’argent...
Signaler un abusDepuis quand la méthode agile dispense de cahier des charges ?
Signaler un abusLa méthode Agile consiste à expliquer d'après un cahier des charges fourni par le client que pour aller faire ses courses une Logan suffit, alors qu'une Ferrari est demandé, et de faire tout son possible pour construire une Ferrari même si on assurera de faire une Logan. Bref qualité délai et budget contraint. Donc seul le périmètre bouge. En agile il faut un cahier des charges et il faut un mvp. Le cahier des charges ne suffit pas !