« Rude temps pour les CIO », a pointé Mark Hurd, CEO d'Oracle, sur le « Digital Day » organisé hier à Paris par le fournisseur de solutions informatiques. Le temps leur est compté pour engager les projets de transformation numérique. L'intervention du dirigeant américain, déjà venu à Paris sur ce thème l'an dernier, s'inscrivait dans le cadre du Forum Oracle Digital Transformation (1 800 inscrits), ouvert par l'écrivain Jacques Attali. A deux pas des Invalides, une vingtaine d'ateliers se sont tenus à la Maison de Chimie, sur le cloud (privé, public, hybride, PaaS, SaaS), la mobilité, le big data, l'analytique et l'Internet des objets, notamment, complétés de différents témoignages, dont ceux de Club Med et d'AccorHotels.
« Vos clients veulent consommer tout, tout de suite, vos concurrents veulent prendre vos parts de marché, tout de suite, cela vous oblige à réinventer vos modèles d'affaires, créer de nouveaux business et nous voulons vous accompagner », a souligné Richard Frajnd, DG d'Oracle France, avant de laisser la parole à Mark Hurd.
Richard Frajnd, DG d'Oracle France, a mentionné l'initiative We (love) Startups de la filiale qui suit 7 jeunes pousses. (crédit : D.R.)
Le CEO, pour sa part, a enfoncé le clou de la remise en question permanente. Pour les entreprises, ébranlées par l'émergence de modèles fortement perturbateurs, les cartes sont sans cesse rebattues. Mark Hurd a de nouveau rappelé qu'il ne restait plus à ce jour au classement Fortune 500 que la moitié des entreprises qui y figuraient 15 ans plus tôt. Les unes ont été rachetées, les autres ont fait faillite, ou bien elles ont fondu et sont sorties du classement.
Déplacer des workloads entre clouds privés et publics
Sur un ton vif, direct et ponctué de dérision, le dirigeant d'Oracle s'est adressé à son auditoire de plain-pied, intervenant familièrement comme il le fait souvent, face au premier rang des participants, sans monter sur scène. Avec un propos déjà connu il est vrai. Les consommateurs investissent à tout va dans les équipements technologiques tandis que les entreprises s'échinent à maintenir leur existant qui pèse plus de 80% de leurs dépenses IT. Les clients redoublent d'exigence et passent vite à la concurrence si le service qu'on leur propose les déçoit. Et en interne, les systèmes IT subissent aussi la pression des collaborateurs. Pressés de se moderniser pour survivre, les directions informatiques automatisent les processus, mais elles peinent à faire évoluer certaines applications. Dès lors, passer au cloud et au SaaS leur permet non seulement de déporter l'infrastructure, a pointé Mark Hurd, mais aussi, sans avoir à gérer ni bases de données, ni middleware, d'accéder à trois mises à jour par an sur les solutions (avec 300 à 400 fonctionnalités nouvelles à chaque fois), d'automatiser le provisionnement, d'accéder à une nouvelle génération de capacités, etc.
A Paris, Mark Hurd a joué la proximité avec son auditoire. (crédit : LMI)
« C'est un modèle économique très différent qui vous place dans une perspective d'innovation », estime le CEO. Il a, de nouveau, rappelé que l'offre proposée par Oracle dans son cloud public était la même que celle que ses clients pouvaient déployer chez eux et que, donc, outre un fonctionnement en mode hybride, il était dès lors possible de déplacer des workloads, de façon transparente, des systèmes sur site vers le cloud public et vice-versa. Mais il s’agit évidemment de projets conséquents.
Avancer avec des budgets IT contraints
Le discours est bien rodé, depuis plusieurs années déjà, et les dirigeants d'Oracle le peaufinent à chaque intervention. Néanmoins, a reconnu Mark Hurd, les budgets IT n'augmenteront que très peu, de 1, 2 ou 3% et il faudra donc opérer ces changements tout en réduisant les dépenses et le coût total de possession des systèmes informatiques. « C'est un changement générationnel qui s'opère dans l'IT », a conclu Mark Hurd avant de prendre les questions de la salle. L'une d'elles a porté sur la sécurité du cloud. Le dirigeant a mis en avant le recours au chiffrement et les évolutions dans ce domaine. « Auparavant, on ne chiffrait pas parce que cela pénalisait fortement les performances des bases de données. Maintenant, vous pouvez chiffrer et obtenir des performances très élevées. Et c'est vous qui gardez la clé pour déchiffrer les fichiers ». Le CEO d'Oracle a insisté sur le renforcement des équipes de sécurité de l'éditeur dans les prochaines années. « Je pense que vos données seront matériellement plus en sécurité chez nous que n'importe où ailleurs », n'a-t-il pas craint d'affirmer.
Vous connaissez l’histoire de l’aveugle qui se propose de servir de guide à …d’autres aveugles? C’est exactement le cas d’Oracle et ses tentatives d’ “innovation par le cloud”. Tout d’abord, et prouvant que le ridicule ne tue pas, Oracle ose parler d’innovation quand la dernière (et unique) fois que la société a innové ce fut il y a 40 ans avec la base de données relationnelle. Depuis Oracle n’a réussi qu’à copier, et plutôt mal, ses concurrents: eBusiness Suite est connu pour sa mauvaise qualité.En perte de vitesse, Oracle s’est mis à racheter ses concurrents les uns après les autres (PeopleSoft, Siebel, Hyperion etc.) se rappelant la devise qu’un “bon concurrent est un concurrent mort.”
Signaler un abusEnsuite, et là on attaint le summum de l’absurdité, Oracle “prêche le cloud” dit LMI alors que le patron de Mark Hurd, le fondateur et maître absolu d’Oracle, Larry Ellison, ridiculisait il y a encore peu le cloud, prédisant qu’aucune entreprise ne stockerait ses données à l’extérieur ou utiliserait un logiciel ne fonctionnant pas sur ses propres serveurs à la maison. Sauf que le marché lui a donné tort lorsque les clients se sont mis à abandonner les solutions CRM d’Oracle pour Salesforce, RH por Workday etc. En pleine panique, Oracle s’est précipité pour héberger son produit Fusion (non conçu initialement pour le cloud) et l’estampiller “cloud” afin de limiter la casse. Hélas les clients ont bien compris que pour réussir dans le cloud il faut l’être en natif et Fusion trouve peu d’acquéreurs. Le numéro marketing d’Oracle ne changera rien à cette vérité fondamentale: seuls les natifs du cloud réussiront à attire les clients car ce sont les seuls à avoir compris dés le depart les vrais enjeux du cloud et bâti leurs produits en consequence.
Ahmed Limam
Consultant/expert indépendant, Systèmes d’information
Paris