C'est une étude du CAS (Conseil d'analyse stratégique, qui a succédé au Commissariat général au plan en 2006) qui sort de l'ordinaire. Un sujet quotidien pour des millions de salariés, mais peu traité, du moins à l'échelle des entreprises, ou dans les négociations professionnelles. Le sujet provoque pourtant des conflits quotidiens, récurrents, dommageables pour l'efficacité des salariés et leur bien être, mais mal identifié. L'impact des TIC sur les conditions de travail, tout le monde s'en est saisi, mais individuellement, sans synthèse et sans remède. Jusqu'à la publication du rapport du CAS.
Un rapport présenté avec un cas pratique, celui du Crédit Agricole, et sa directrice études et développement RH, Anne Bizouard : « le système d'information ressort comme un point majeur de blocage, posant des questions concrètes à nos collaborateurs, quand on les interroge sur leurs conditions de travail ». En bref, la performance du SI entrave celle des salariés du fait de leur mauvaise pratique et de leur mauvaise perception de ce SI. La banque a recherché les causes.
Pourquoi le SI n'est pas un soutien mais plutôt une contrainte pour les salariés ? Réponse, les utilisateurs ne sont pas assez associés à la conception de ce SI. Vaste sujet, mais le rapport du CA veut rapprocher RH et SI, associer les utilisateurs aux déploiements pour résoudre la question. Elle est commune à plus d'une entreprise quelque soit sa taille. Qui interroge aussi les prestataires, intégrateurs notamment, sur qui retombe des critiques.
Une transformation qui est loin d'être finie
Au delà d'un malaise au travail, le rapport montre une profonde transformation de ce travail. Et c'est loin d'être fini. Si on parle beaucoup de l'hyper connexion des salariés, et de la fin des frontières entre vie privée et vie publique, du fait des TIC, du BYOD ('Bring your own device'), donc de l'emploi des terminaux au travail, on parle moins d'autres sujets.
Par exemple, le fait que l'emploi des outils informatiques efface les contacts, avec le client ou le partenaire. Le traitement des contacts directs laisse place au traitement massif de données. Et, au lieu de libérer de contraintes, les TIC en imposent de nouvelles, la surinformation et le sur-traitement de données, sont devenues chronophage, alors que les TIC devaient faciliter le travail et libérer du temps pour des tâches autres que le traitement de données et de courriers.
Les TIC ont-elles une influence négative sur les salariés ?
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Les TIC ont longtemps gardé une image positive, leur influence sur le travail des salariés ne pouvait qu'être bénéfique en termes de productivité et de qualité de travail. Au fil du temps, et pour des raisons très différentes, elles basculent dans le négatif, sans remède apparent, handicapent la vie des salariés et remettent en cause l'efficacité des systèmes d'information. Les TIC sont elles devenues néfastes et anxiogènes pour les salariés ?
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Le grand bouleversement que fait ressortir la pression de la surinformation, par les masses de données et l'accroissement des liens d'échanges, remet en cause le modèle de pensée hiérarchique ou dit "en arbre" selon les algorithmiciens. Ce modèle arborescent, les interfaces hommes-machines d'antan, les organigrammes d'organisations, la hiérarchie militaire et le principes sous couverts d'un chef unique ne peuvent plus embrasser la complexité de notre monde d'aujourd'hui, celui des "masses media".
Signaler un abusUn nouveau modèle a du mal à s'imposer tellement il semble simple et naturel. C'est celui du modèle en réseau ou dit en graphe selon les mathématiciens. Ce modèle se retrouve dans les réseaux informatiques, l'internet, les communautés de partage du logiciel libre et le mode collaboratif dit "mode projet". On le voit bien, toutes les structures de pensées selon ce modèle en graphe (ou réseau) sont capables de répondre aux masses de données et les applications en tirant parti ont du succès : applications géographiques de positionnement spatial (GPS, SIG et consort), Web, réseaux sociaux, certains outils dit "collaboratifs" sont capables de traverser le mouvement de libération de l'ancien modèle de pensée hiérarchique. Ce modèle a du mal à trouver son universalité en tant que modèle économique reconnu par tous ; il semble être détenu que par les organisations puissantes et capables d'investir des sommes considérables. Des tentatives de représenter la complexité par des modèles hiérarchiques donnent les migraines aux acteurs subissant les pouvoirs fonctionnant selon l'ancien modèle.
L'ancien modèle est encore très fortement ancrés dans nos modes de pensées et d'organisations basés sur les systèmes hiérarchiques. Le nouveau modèle a encore du chemin à faire pour changer nos esprits tellement le modèle originel - de la racine et ses enfants - s'est installé dans nos corps depuis des millénaires. Il est normal, selon ce point de vue, que "tuer le père" donne des maux à nos enfants.
Comme toutes les technologies aujourd'hui l'informatique est utilisée et conçue par une société moderne axée sur la production centralisée de richesse, la compétition mondiale et la recherche du monopole radical, le premier défaut est qu'on ne peut y échapper, le deuxième est que loin d'ouvrir un espace de choix elle impose une uniformisation des questions comme des réponses.
Signaler un abusBien qu'elles puissent par nature amener une démarche différente, les technos de l'information subissent ces travers, tendant à donner des tautologies auxquelles rien ne doit échapper. Au lieu de permettre une harmonisation des différences grâce à leur flexibilité elles tendent à devenir des instruments de nivellement. la diversité des services et des produits, la sensation de liberté qu'elles donnent ne sont qu'apparents, en tant qu'outil de travail et de production l'informatique actuelle produit avant tout de l'uniformisation, la généralisation de procédés identiques auxquels chacun doit se plier plutôt que d'exercer son savoir faire et sa responsabilité.
Ceci ne découle pas de la technologie mais du choix d'un modèle social et productif toujours plus pesant et contraignant, qui croit à force de contraintes et en restreignant l'initiative et la responsabilité individuelle, produire plus de liberté.
De fait et particulièrement dans l'informatique d'entreprise, pour reprendre une phrase connue "c'est le logiciel qui programme l'utilisateur"... un comble s'agissant de machines programmables !
Le problème des "TICs" (tacs tocs ?) est que l'informatique en général est dans un syndrome ultra paroxystique du cordonnier le plus mal chaussé, sans doute temps d'en sortir ..
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