Malgré la crise sanitaire, les levées de fonds en France n’ont baissé que de 3% en valeur au 1er semestre 2020, à 2,7 milliards d’euros (contre 2,79 Md€ au 1er semestre 2019), montre le dernier baromètre EY du capital risque. Mais trois des cinq plus grosses levées se sont faites en janvier, avant l’arrivée de la crise en Europe. Il y a eu 360 opérations sur les six premiers mois de 2020 contre 387 au 1er semestre de l’an dernier, soit 7% de moins en volume. Les 5 plus grosses, supérieures à 100 M€, ont été réalisées par EcoVadis, 182 M€, ContentSquare, 173 M€, Manomano, 125 M€, BackMarket, 110 M€ et Qonto, 104 M€.
En janvier, EcoVadis, la plateforme d’évaluation des achats responsables et des performances RSE (responsabilité sociale des entreprises) a mené sa levée avec CVC Growth Partners. Tandis que celle de Manomano, la place de marché spécialisée dans le bricolage et jardinage, a été portée par le fonds singapourien Temasek, avec les investisseurs historiques dont Bpifrance. C’est également en janvier que la néobanque Qonto (65 000 comptes) a fait sa levée avec, principalement, le Chinois Tencent et le fonds de DST Global dirigé par le Russe Yuri Borisovich Milner. Les deux autres levées à plus de 100 M€ ont été annoncées en mai. Celle de Contentsquare, plateforme SaaS d’analyse des interactions des internautes pour améliorer l’expérience utilisateur, s’est faite en série D avec BlackRock Private Equity Partners et les investisseurs existants dont Bpifrance. Tandis que Back Market, un spécialiste du téléphone reconditionné qui a vu son activité progresser après le confinement (notamment aux Etats-Unis) a été accompagné par Goldman Sachs Growth, Aglaé Ventures et Eurazeo Growth,
Hausse en valeur dans les sciences de la vie et les fintechs
Sur l’ensemble des levées du 1er semestre 2020, les fournisseurs de logiciels et de services Internet ont continué à attirer plus de la moitié des fonds levés (en valeur). Mais la période a été aussi propice au secteur des sciences de la vie dont les levées ont crû de 46%, à 449 M€ contre 308 M€ au 1er semestre 2019, note Franck Sebag, associé EY, responsable du département des entreprises de croissance pour l’Europe de l’Ouest. Le secteur des fintechs a également vu ses levées progresser de 45% à 304 M€ contre 207 M€ sur la même période l’an dernier.
La répartition régionale des tours de table met toujours l’Ile-de-France largement en tête avec 73% des montants levés et 57% des opérations. Toujours suivie de la région Rhône-Alpes : 9% en valeur et 14% en nombre. Suivent l’Occitanie, les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côtes d’Azur.
Moins de levées de croissance outre-Manche et outre-Rhin
En Europe, la comparaison avec Royaume-Uni et Allemagne repositionne la France en 2ème place derrière les levées réalisées outre-Manche. Tant Royaume-Uni qu’Allemagne ont enregistré des baisses plus fortes qu’en France en valeur : -9% pour les start-ups tech britanniques et -20% outre-Rhin. L’explication vient de la baisse des opérations de Growth Capital (levées supérieures à 100 M€) au Royaume-Uni et en Allemagne alors qu’elles ont augmenté de 19% en France en valeur. En revanche, sur le segment Venture Capital (levées inférieures à 100 M€), les levées ont baissé de 9% en France, alors qu’elles ont progressé de 28% au Royaume-Uni et de 30% en Allemagne, explique Franck Sebag.
L’associé de EY constate néanmoins que « la #FrenchTech a encaissé ce premier choc d’une violence extrême » et estime qu’une « partie de la résilience de l’écosystème est liée à la qualité des fondateurs de ces entreprises qui vivent au quotidien une volatilité extrême qui leur impose une agilité de tous les instants ». Il note aussi que, pendant cette période, les fonds d’investissement et le gouvernement français ont pleinement joué leurs rôles pour soutenir cet écosystème. Franck Sebag note aussi que cette crise mondiale et l’ampleur de sa portée a rappelé à tous que les événements de cette nature, rares, sont aussi « extrêmement difficiles à prévoir ». Et de citer à ce sujet le travail du statisticien Nassim Nicholas Taleb dans son ouvrage « Le cygne noir, la puissance de l’imprévisible ».
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