Tension, pression, angoisse permanente... Après les souffrances relevées récemment chez PSA, Renault et EDF, les maladies professionnelles dans les domaines psychiques et cardio-vasculaires ne cessent d'augmenter chez IBM France : ainsi, les rapports des médecins du travail d'IBM France ont déclaré, pour la seule année 2006, 29 dépressions, 9 cas d'épuisement mental (burns-out), un suicide reconnu en maladie professionnelle et 206 urgences. En 2007, au cours des 6 premiers mois, 19 dépressions, 2 « burns-out » et 116 urgences, ont également été comptabilisés. Le stress est devenu un élément à part entière de la vie des entreprises, un compagnon de travail même pour beaucoup. Selon un rapport de l'Organisation internationale du travail, le stress coûterait à l'industrie américaine quelques 200 Md$ chaque année en pertes de productivité, maladies, décès prématurés et mouvements de personnel. Ce qui n'empêche visiblement pas certaines grandes multinationales de pratiquer un mode de management basé sur le stress, pour faire face à une concurrence acharnée. Lettre de doléances de la direction à l'Ordre des médecins Au cours des six premiers mois de l'année en cours, les 2/3 des salariés d'IBM présentaient un niveau de stress, supérieur à 6, susceptible d'avoir des conséquences négatives sur leur santé, en progression de 34% en trois ans. « Nous constatons une augmentation régulière, depuis plusieurs années, liée à une pression dans le business toujours plus forte », déplore le docteur Olivier Galamand, médecin du travail, chez IBM France, dans un courrier adressé au ministre du Travail, des relations sociales et de la solidarité. « A ce jour, la pathologie mentale n'est pas reconnue, ni dans les 90 tableaux de maladie professionnelles, ni en accident du travail. Il s'en suit une non reconnaissance de la souffrance d'origine professionnelle, l'employeur attribuant, en outre, la survenue de ces maladies à des causes extérieures.» Préoccupé par la fréquence et la gravité de la pathologie observée au cours des consultations et urgences, et soucieux d'assurer son rôle d'alerte et de veille sanitaire, le médecin du travail décide d'informer la direction d'IBM. Contestant les déclarations du médecin, IBM France ira jusqu'à écrire une lettre de doléances au Conseil de l'ordre des médecins. Pour l'heure, il y a nécessité de prévention, au moment où le stress relationnel atteint toute la ligne de management, y compris certains exécutives. Augmentation des quotas de 40% Pour Pierry Poquet, secrétaire du syndicat IBM UNSA, plusieurs facteurs sont générateurs de souffrance au travail dans cette entreprise : surcharge de travail (près de 900 postes supprimés depuis 2005), individualisation des équipes, du fait de la banalisation du nomadisme et de l'absence de bureaux fixes, et pression générée par le Personal Business Commitment (PBC), le fameux système de notation maison, où les salariés s'engagent eux-mêmes à remplir des objectifs, et qui peut conduire à un processus de mise en garde, voire à un licenciement. Le PBC vient d'ailleurs d'être revu début 2007 par la direction d'IBM, ses objectifs deviennent semestriels et les quotas des commerciaux ont été revus à la hausse, soit 40%. Chez IBM France, le mal-être au travail ne semble pas sur le point de s'atténuer.
Les salariés d'IBM France craquent
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D'après un rapport de la médecine du travail, les 2/3 des salariés d'IBM présentent un niveau de stress supérieur à 6, susceptible d'avoir des conséquences négatives sur leur santé, en progression de 34% en trois ans.
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