Face au ralentissement du déploiement des carnets de commandes, les entreprises du numérique ont été plus prudentes sur les créations d’emplois en France. C’est ce que relève le syndicat professionnel Numeum dans sa dernière enquête semestrielle sur la situation du secteur numérique en France. Selon les résultats, 7 000 emplois ont été créés l’an dernier contre les volumes record de 47 000 postes générés en 2022. Dans un contexte de croissance en baisse, la fédération des ESN et éditeurs de logiciels tempère ces données, en précisant que les emplois créés le sont généralement sur du long terme : 90% de CDI pour 80% de cadres. Malgré ce repli, l’emploi des informaticiens reste donc en tension et les besoins en compétences sont toujours importants. Les spécialités les plus recherchées incluent la sécurité, le cloud et les données pour les ESN et l’ingénierie en conseil en technologies ainsi que les professionnels de R&D pour les éditeurs de logiciels.  A l’opposé d’autres secteurs d’activité, dans l’IT les profils confirmés voire séniors sont les plus demandés.

Le turnover reste structurant, en raison d’un marché ultra concurrentiel : 45% des collaborateurs ayant quitté leur entreprise au cours des 6 premiers mois de cette année sont allés chez des clients et 43% chez des concurrents. L’enquête révèle également un fort engouement des acteurs du secteur pour les plateformes d’IA, qu’ils considèrent comme une source d’opportunités d’amélioration (70%) et de revenus (50%). Seuls 9% des répondants considèrent que c’est une forte menace pour l’emploi. De leur côté, les IA génératives sont en plein essor. Pour preuve, 85% des entreprises IT ont intégré ces plateformes dans leurs processus interne en 2023 ou vont le faire en 2024 et après. L'adoption de l'IA varie toutefois selon les métiers et les processus. Si certains domaines comme le développement logiciel, le marketing et le test logiciel sont plus enclins à utiliser des outils d’automatisation, d'autres fonctions comme les RH, le juridique et la finance explorent leur potentiel de manière plus modérée.

Des embauches à prévoir sur le numérique responsable

Autre domaine porteur d’emplois technologiques : le numérique responsable, un marché de 1,3 Md€ avec +38% de croissance prévue en 2024. Sur l’année en cours, 78% des entreprises du numérique prévoient d’intensifier leurs actions liées au numérique responsable, se concentrant principalement sur les aspects environnementaux. D’autre part, les entreprises sont de plus en plus sollicitées pour démontrer leurs actions en la matière lors des appels d'offres. En effet, 80% des entreprises du numérique de toutes tailles répondent à des appels d’offres ayant des critères RSE.

« Les investissements de nos entreprises dans le domaine de la responsabilité sociale sont judicieusement orientés, et le renforcement du développement de nos talents dans les technologies à forte valeur ajoutée et innovantes est une priorité » a commenté Véronique Torner, présidente de Numeum dans un communiqué. Celle-ci appelle cependant à une certaine vigilance « face au contexte post-dissolution, qui pourrait avoir des répercussions sur l’activité de nos entreprises, notamment en ce qui concerne les marchés publics »