En début de semaine, Microsoft a dévoilé Windows 10X, une version optimisée du fameux OS pour les terminaux à double écran comme les Surface Neo. Ces nouveaux formats commencent à se développer et l’éditeur se doit de répondre présent. Lors de son dernier événement, Microsoft a mis à disposition des développeurs un émulateur Windows 10X nécessitant un PC puissant et une inscription au programme Windows Insider. Nos confrères de PCWorld ont eu l’occasion d’analyser les différents apports de ce prochain système d’exploitation.
Un shell Windows simplifié et plus joli
Windows 10X présente une interface utilisateur remodelée. Les fonctionnalités traditionnelles sous Windows fonctionnent toujours : différentes entrées, glisser-déposer, presse-papier, etc. Mais dans Windows 10X, il existe un petit dock qui intègre les éléments de la classique barre des tâches de Windows et un « app drawer » (portefeuille d’applications) des smartphones. Le bouton démarrer de Windows est placé sur l’écran de gauche en bas au centre. La façon dont les icônes des apps sont positionnées sur l’écran reprend les codes des terminaux mobiles (smartphones et tablettes) plus que l’OS pour PC.
Une adaptation aux différents formats
Sur les terminaux à double écran, Microsoft considère qu’il y aura une variété de formats et que c'est donc à l'OS de s’y adapter. La firme américaine envisage ainsi 5 modèles de matériels différents (cf schéma ci-dessous) : ordinateur portable, livre numérique, tablette (simple et double écran) et format tente.
Les différents formats de terminaux capables d’accueillir Windows 10X. (Crédit Photo : Microsoft)
Windows 10X propose par exemple sur les formats double écran dont l’un se tourne, une fonction pour éteindre l’écran à la fois pour réaliser des économies d’énergie et éviter des erreurs de saisies. Par ailleurs, sur la Surface Neo, il est possible d’intégrer un clavier qui laisse un espace pour une Wonder Bar, équivalent de la Touch Bar sur les MacBook Pro. Par rapport à son homologue Apple, elle est plus grande (cf image ci-dessous) et plus intuitive, notamment dans la suggestion de texte dans la recherche. Windows 10X se sert dans ce cas-là de la saisie automatique issue des smartphones pour l’adapter à l’environnement Windows.
La Wonder Bar en mode émulation (Crédit Photo : Microsoft)
Des espaces de travail étendus
Quiconque a déjà travaillé sur plusieurs écrans en comprend les bénéfices en matière d’informations. Windows 10X apporte une triple réponse à ces avantages. En premier lieu, les applications s’ouvrent sur des « espaces de travail étendus » en répartissant le programme sur les deux écrans. Seconde possibilité, des « écrans focalisés » placent les applications séparément sur chaque écran. Enfin une dernière option permet à des applications de fonctionner ensemble indépendamment du type d'écrans sur lequel elles tournent (connected apps).
Plusieurs options de lecture sont possibles. (Crédit Photo : Microsoft)
Il semble déjà y avoir des avantages mais aussi des inconvénients à cette approche. Le fait d’ouvrir une page web sur les deux écrans - avec un espace au milieu – peut être gênant quand la page se présente verticalement. Selon Kevin Gallo, vice-président de la plateforme développeurs Windows, « les applications s’ouvriront par défaut sur un seul écran. La recherche d’un restaurant dans Edge, par exemple ouvrira le navigateur dans un seul volet. En touchant la carte dans la page web, l’application Maps s’ouvrira sur le deuxième écran tout en laissant le premier ouvert. C’est logique ».
Une interaction entre les écrans et les applications. (Crédit Photo : Microsoft)
Les applications en mode « Read Only »
Le cœur de Windows 10X est conçu en mode verrouillé, de sorte que seules les applications de confiance fonctionnent sur l’OS, comme dans Windows 10 S. A la différence de son homologue pour ARM, Windows 10X peut exécuter des applications Win32, mais aussi du code et des programmes ayant « une bonne réputation » notamment celles publiées dans le conteneur MSIX. Cela élargit le catalogue au-delà des simples apps UWP traditionnelles comme Mail et Calendar.
Des apps comme Photos seront plus facilement utilisables. (Crédit Photo : Microsoft)
L’éditeur indique qu’il ne sera pas nécessaire de télécharger les apps uniquement depuis le Microsoft Store. Si l’application est fiable, elle peut-être téléchargée depuis un site web ou une clé USB.
Se passer d’un anti-malware
Comme pour Windows S, Microsoft pense que le fait de s’appuyer sur des applications signées et fiables supprimera le besoin d’application anti-malware, y compris Windows Defender. Avec cette voie, l’éditeur juge que les performances requises par les anti-malwares peuvent être réaffectées à d’autres domaines du système d’exploitation.
Des mises à jour en 90 secondes
Selon Andrew Clinick, responsable du programme partenaires chez Microsoft, Windows 10X ne nécessitera pas plus de 90 secondes pour mettre à jour le terminal. Comment ? le dirigeant explique que l’OS fonctionnera un peu différemment de Windows 10. Les processus d’installation de l’OS, des pilotes ou des applications ont été séparés. Au lieu de télécharger la mise à jour, puis redémarrer le PC pour l’installer, l’update s’installera rapidement en arrière-plan et sera effective après le reboot.
Les développeurs peuvent tester l’OS via un émulateur. (Crédit Photo : Microsoft)
Les mises à jour des applications seront incrémentales
Microsoft a également amélioré les mises à jour des applications, grâce au packaging en mode conteneur. Il y en aura trois types : les conteneurs natifs pour les applications UWP qui offriront de meilleures performances et une durée de vie prolongée des batteries ; les conteneurs MSIX offrant une grande compatibilité avec les applications existantes, ainsi qu’une procédure d’installation/désinstallation robuste. Sans oublier le conteneur Win 32 que nous évoquerons un peu plus tard.
Quand une application sera téléchargée, les hachages de chacun des composants seront comparés à la mise à jour. Si un élément (par exemple l’icône de l’application) est inchangé, la mise à jour ne sera pas téléchargée, économisant ainsi de la bande passante. Même si un composant est téléchargé, il sera divisé en blocs et seuls ceux modifiés seront téléchargés. Mieux : les blocs peuvent être récupérés puis fusionnés avec l’application par la suite, en arrière-plan. Cette approche de modification incrémentale devrait aussi être utilisée pour patcher Windows 10X.
Adieu, nettoyeur de registre
Les applications UWP sous Windows 10X ne pourront accéder qu’à certains bibliothèques, comme celle pour les photos qui ne pourront avoir accès qu'à votre photothèque, par exemple comme les apps UWP sous Windows 10. « Les applications peuvent interagir avec le système d’exploitation, mais uniquement par le biais d’un ensemble clair d’API », souligne Andrew Clinick. Il ajoute, « plus besoin de manipulation du registre pour optimiser l’OS et donc plus besoin de nettoyeurs de registre ».
Au revoir, à la corruption des données
Microsoft l’avait promis avec Windows 10 S et récidive avec Windows 10X. Le code original et les mises à jour ultérieures du système d’exploitation et des applications seront propres et bien rangés. Il ne devrait donc pas y avoir de « données pourries », entraînant une baisse de performance des terminaux au fil du temps. « Nous allons avoir des performances soutenues, en nous assurant que celles du premier jour demeurent intactes pendant toute la durée de vie de la machine ».
Le conteneur Win32, une innovation au service des applications legacy
La façon dont Windows 10X traite les anciennes applications Win32 est l’une des grandes innovations du nouvel OS. Pour réaliser cela, Microsoft fait appel à la virtualisation. Chaque application de Windows 10X fonctionne dans son propre conteneur, destiné à protéger l’OS contre les logiciels malveillants potentiels. Mais le conteneur Win32 existe distinctement, comme une sorte de chambre forte pour le code Win32 hérité. Le conteneur contient toutes les applications Win32 que l’on souhaite conserver (utilitaires système, anciens jeux, etc.). Il y a même une arborescence des répertoires Windows traditionnels, avec son propre noyau, ses pilotes et son registre.
Explication du fonctionnement du conteneur Win32. (Crédit Photo : Microsoft)
Le conteneur Win32 est essentiellement une machine virtuelle, mais avec une plus grande intégration, une latence beaucoup plus faible et un accès à plus de ressources sur l’hôte Windows 10X qu’une VM. L’application Win32 dans Windows 10X ne se lance pas directement. Au lieu de cela, l’OS crée des applications « proxy » dans le système d'exploitation hôte Windows 10X, essentiellement en utilisant une interface de type RDP pour accéder à l'application Win32 sécurisée dans le conteneur Win32. Microsoft promet des performances presque équivalentes aux applications natives, mais il est probable que des ralentissements soient prévisibles. Par ailleurs, il faudra être vigilant sur la compatibilité avec certains périphériques comme le clavier, les souris, les stylets. Windows 10X pourra restreindre certains de ces matériels en estimant qu’ils ne sont pas standardisés ou qu’ils sont jugés sensibles sur la vie privée, comme les caméras et le microphone. Sur ces derniers cas, une autorisation sera nécessaire dans l’application Win32 pour les utiliser.
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