Cette semaine, la National Spectrum Management Association (NSMA) a alerté la Federal Communications Commission (FCC) sur des interférences potentiellement dangereuses que pourrait causer le WiFi 6E dans les réseaux utilisés par les premiers secours, les services publics et autres aux Etats-Unis, si la FCC ne réalisait pas de « tests en conditions réelles sur ses systèmes de contrôle automatique des fréquences ». Dans une lettre ouverte à la FCC, la NSMA a fait valoir que des bancs d'essai du spectre étaient déjà disponibles, notamment à l’Idaho National Labs, et que ces tests devaient être transparents et supervisés par des pairs. « Un examen par les pairs permettra de valider les conceptions proposées, de recueillir des preuves empiriques et de ne pas se servir de l'infrastructure nationale comme base d'expérimentation », a déclaré le groupe dans sa lettre. « Divers scénarios, des plus optimaux aux plus catastrophiques, tels que définis par l'opérateur historique et les parties ne bénéficiant pas de licence, sont recommandés pour garantir que les tests reflètent toutes les conditions qui préoccupent particulièrement les parties intéressées ».
La lettre rappelle aussi la controverse survenue plus tôt cette année entre les compagnies aériennes et les opérateurs de télécommunications à propos des interférences entre les services 5G et les anciens équipements avioniques utilisés pour les atterrissages aux instruments, un casse-tête qui pourrait être évité grâce à des tests plus complets, selon l’association. La question, qui concernait l'utilisation de ce que l'on appelle les fréquences de la bande C, a été résolue par un accord entre la FCC et l'Administration fédérale de l'aviation (Federal Aviation Administration, FAA). La discussion actuelle porte quant à elle sur la bande de fréquences à 6 GHz du WiFi, utilisée actuellement pour « la gestion des services publics, les réseaux de la police nationale, les réseaux mobiles nationaux, le transport médical, la connectivité des installations médicales, les réseaux de backbone sans fil et filaires », comme l’indique la National Spectrum Management Association.
Des analyses à peaufiner
Selon l'analyste Bill Menezes, directeur de Gartner Research, les préoccupations de l'association ne sont pas sans fondement. Les équipementiers ayant un intérêt commercial majeur dans le WiFi n'auraient pas mis au point le service AFC (Automated Frequency Coordination ou coordination de fréquence automatisée) si elles avaient exclu toute possibilité réelle d'interférences. Néanmoins, l’analyste estime que la rareté des dispositifs WiFi à haute puissance compatibles avec la bande à 6 GHz actuellement disponibles sur le marché et le savoir-faire technologique de l'industrie sur ce type de question, écarte pour l’instant l’impact de ces interférences sur les communications d'urgence et autres. « Si l’AFC fonctionne aussi bien que les systèmes déjà présents dans les spécifications techniques du WiFi, ce n'est pas un problème », a déclaré M. Menezes. « La NSMA parle d'environnements extérieurs alors que la norme WiFi 6E commence tout juste à être utilisée à l'intérieur », a-t-il précisé.
Néanmoins, la crainte d'une autre controverse comme celle qui a déjà opposé la FAA et la FCC pourrait inciter l'industrie du WiFi, et par extension, la FCC, à prendre des mesures sur les tests, même si ce n'est pas précisément ce que la National Spectrum Management Association réclame dans sa lettre. « Si la pression est suffisante, je ne serais pas surpris qu’un scénario similaire à celui de la bande C se reproduise », a déclaré Bill Menezes. « Les fournisseurs voudront sans doute montrer qu'ils se préoccupent de la situation et qu’ils veulent faire quelque chose pour y remédier », a ajouté l’analyste.
Commentaire