Qualcomm a annoncé que le premier PC cellulaire (4G/LTE) avec Windows 10 reposant sa puce Snapdragon 835 (basée sur l’architecture ARM) sera livré avant la fin de l'année. « Nous avons adapté notre processeur Snapdragon 835 aux designs des PC portables exécutant Windows 10 », a déclaré Steve Mollenkopf, CEO de Qualcomm en précisant que le lancement de ce PC était prévu pour le quatrième trimestre de cette année. Ces informations publiées sur Seeking Alpha reprennent des propos tenus par le CEO lors de la communication des résultats financiers de l’entreprise, mercredi. Jusqu'à présent, Windows 10 ne pouvait tourner que sur des puces x86, si l’on excepte Windows 10 IoT pour Raspberry. Mais Qualcomm et Microsoft ont développé ensemble des ordinateurs Windows 10 basés sur ARM.
Le futur périphérique fin et léger pourra être utilisé aussi bien comme tablette que comme ordinateur portable. Parce que le nouveau facteur de forme emprunte des éléments de designs aux smartphones, Qualcomm et Microsoft qualifient le futur portable de PC cellulaire. En effet, à l’instar d’un smartphone, le terminal sera toujours connecté à un réseau cellulaire via un modem haut débit. Mais le PC sera également équipé d’autres technologies de connectivité sans fil, notamment le Bluetooth 5 et peut-être le Wi-Gig, toutes deux intégrées à la puce Snapdragon 835. Parce que la puce de Qualcomm a été conçue pour les smartphones, la batterie du PC cellulaire pourrait aussi afficher une autonomie importante. Enfin, ces ordinateurs cellulaires super légers seront très certainement compatibles avec la vidéo 4K compte tenu du puissant GPU Adreno 540 associé à la puce Snapdragon 835.
Les apps x86 émulées
Aucun gros fabricant de PC n'a encore annoncé de PC Windows basé sur ARM. Une entreprise a bien lancé une campagne Kick Starter pour développer un périphérique de 8,2 pouces, mais il ne faut pas s’attendre à une arrivée massive de ce type de PC sur le marché. Pas dans l’immédiat tout du moins. Par le passé, les tentatives de marier des ordinateurs Windows avec l’architecture ARM n’avaient pas donné de bons résultats. Ce fut le cas notamment de la tablette Windows RT lancée par Microsoft, largement boudée par les utilisateurs faute d’applications. Avant de se lancer plus largement sur ce marché, Qualcomm joue la prudence et préfère tester le marché. Des fabricants de PC comme Dell et HP ont également exprimé leur intérêt pour ces PC cellulaires, mais ils ont encore besoin de temps pour réaliser leurs tests. HP veut aussi s’assurer que la demande sera suffisante avant de prendre une décision.
Une autre question concerne les applications x86, car il est difficile de dire lesquelles seront compatibles avec les PC ARM. Ce fut un des problèmes majeurs posés par la tablette Windows RT. Qualcomm promet que toutes les applications x86 tourneront sur les PC sous ARM, et Microsoft a montré que Photoshop pouvait tourner avec la puce Snapdragon 835. En réalité, le PC ARM Windows 10 émule les fonctions x86, ce qui pourrait considérablement ralentir les applications. Il ne pourra pas, non plus, exécuter des applications gourmandes en ressources et cible plutôt les applications bureautiques.
Des ambitions sur le marché des serveurs
Qualcomm réussit bien sur le marché des smartphones et sa puce Snapdragon 835 est assez puissante pour faire tourner des PC. De plus, la société ambitionne de devenir un fabricant de puces multicartes et de rivaliser avec Intel sur le marché des PC et des serveurs. La puce serveur 48 coeurs de Qualcomm, dénommée Centriq 2400, dont la livraison est programmée plus tard cette année, sera bientôt en concurrence avec la Xeon d'Intel, qui domine le marché des serveurs. Dans le domaine des smartphones, la collaboration entre Microsoft et Qualcomm s’est renforcée, et le système d'exploitation mobile Windows 10 de Microsoft tourne avec les puces Snapdragon de Qualcomm. Les deux entreprises ont aussi renforcé leurs liens dans d’autres domaines. Par exemple, les deux partenaires ont présenté une version du système d'exploitation Windows Server de Microsoft tournant sur la puce Centriq 2400 de Qualcomm. Mais, rien n’indique avec certitude que le système d'exploitation sera commercialisé pour ARM.
Les puces x86 et l'OS dominent le marché des serveurs. Mais, à mesure que Qualcomm se rapproche de Microsoft, ses relations avec Apple se dégradent. Le constructeur californien a engagé plusieurs procès et déposé plusieurs plaintes contre son partenaire en Chine, aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Japon. Apple affirme notamment que Qualcomm profite de sa position dominante sur le marché pour exiger des frais de licence élevés pour ses puces. Lors de la communication de ses résultats trimestriels, Qualcomm a déclaré que les fournisseurs d’Apple - lesquels achètent les licences pour le compte du constructeur californien - lui devaient 1 milliard de dollars environ en droits de licence. Mais, Apple étant le principal client de Qualcomm, cette incertitude autour des frais de licence empêche le fabricant de puces de faire des prévisions de recettes.
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